Turquie : six morts et 81 blessés après une explosion au cœur d’Istanbul, «une femme» aurait «déclenché la bombe» – Le Figaro

Une forte explosion a retenti dimanche après-midi dans l’artère commerçante et très fréquentée d’Istiqlal au cœur de la grande ville.

Correspondante à Istanbul

L’avenue Istiklal est de nouveau endeuillée. Une explosion mortelle a secoué ce dimanche 13 novembre, à une heure de grande affluence, cette célèbre artère piétonne d’Istanbul, ravivant le sinistre souvenir des attentats de 2016. « Les auteurs de ce vil attentat seront démasqués. Que notre population soit sûre que les auteurs seront punis », a prévenu Recep Tayyip Erdogan, lors d’une allocution télévisée. Les premières observations laissent subodorer un attentat terroriste », a complété le président turc.

Un peu plus tard dans la journée, le vice-président Fuat Oktay confirmait cette attaque délibérée, imputée à une femme kamikaze, en coupant court aux rumeurs sur un colis abandonné. Selon un bilan provisoire, rapporté par la presse turque, l’explosion aurait fait au moins 6 morts et plus de quatre-vingt blessés.

Sur une vidéo amateur, aussitôt publiée sur Twitter, on distingue au loin une boule de feu, accompagnée d’une puissante détonation avant que les passants ne prennent la fuite dans un mouvement de panique. D’autres images circulant sur les réseaux sociaux témoignent de personnes blessées, de bris de verre jonchant le sol. Plusieurs ambulances et camions de pompiers ont aussitôt été dépêchés sur les lieux tandis que les forces de police s’affairaient à quadriller les alentours. « Nos équipes de pompiers sont mobilisées sur l’avenue Istiklal. Ils travaillent dans la zone en coordination avec la police », a pour sa part twitté le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, en présentant ses condoléances aux familles de victimes.

J’ai entendu un grand boum. Autour de moi, il y avait des familles avec des enfants paniqués. J’ai vu deux personnes à terre, une poussette renversée, et j’ai aussitôt couru pour me réfugier dans une rue adjacente

Une touriste italienne

« J’ai entendu un grand boum. Autour de moi, il y avait des familles avec des enfants paniqués. J’ai vu deux personnes à terre, une poussette renversée, et j’ai aussitôt couru pour me réfugier dans une rue adjacente », raconte une touriste italienne encore essoufflée. En visite en Turquie pour le week-end, elle sortait d’un restaurant au moment de la déflagration, survenue, selon le gouverneur d’Istanbul à 16 h 20, heure locale, à côté du magasin Mango, entre la place Taksim et le lycée Galatasaray.

Selon d’autres témoins, de nombreuses boutiques se sont empressées de fermer leurs rideaux de fer, y compris dans le quartier adjacent de la tour Galata. En fin d’après-midi, des hélicoptères survolaient la zone.

Une avenue prisée des touristes

Située en plein cœur d’Istanbul, capitale culturelle et économique du pays, l’avenue Istiklal est particulièrement prisée des touristes pour ses nombreux commerces, ses glaces traditionnelles, ses cafés, ses musiciens de rue et ses vendeurs ambulants. Animée de jour comme de nuit, elle est toujours bondée le week-end. Elle héberge également plusieurs consulats : français, russe, suédois et hollandais. « Les ressortissants français et leurs proches doivent à tout prix éviter ce secteur de la ville et tout espace public ou extérieur et regagner sans délai leurs lieux de résidence ou d’hébergement. Dans la mesure du possible, tout usage des transports en commun est à éviter », a aussitôt fait savoir le consulat de France dans un courriel adressé à la communauté française.

Après l’attentat-suicide du 19 mars 2016, qui avait fait quatre morts et de nombreux blessés sur la même avenue Istiklal, les chancelleries avaient fortement renforcé leur dispositif de sécurité. Une époque gravée dans la mémoire des Stambouliotes : cette année-là, Istanbul avait été touchée par une vague d’attentats imputés, pour certains d’entre eux, au groupe État islamique, accusé de vouloir faire payer à la Turquie sa participation à la ­coalition internationale contre Daech en Syrie.

Début janvier, 12 touristes allemands avaient ainsi perdu la vie dans une attaque survenue dans le quartier historique de Sultanahmet. En juin, un triple attentat suicide avait tué 47 personnes à l’aéroport international Atatürk. Le soir de la Saint-Sylvestre, une boîte de nuit située sur les bords du Bosphore avait, à son tour, été visée. L’année 2016 fut également marquée par d’autres attaques, attribuées cette fois-ci à la guérilla kurde du PKK, classée terroriste par Ankara. Les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical proche du PKK avait pour leur part revendiqué un double attentat près du stade de football de Besiktas, qui avait fait 44 victimes en décembre 2016.

Après avoir longtemps pâti de ces attaques, puis de la pandémie du Covid, le tourisme était de nouveau en plein boom, notamment depuis cet été, en Turquie. L’attentat de ce dimanche, à quelques mois d’un nouveau scrutin législatif et présidentiel et dans un contexte de tension politique renforcée, risque, à nouveau, de refroidir les voyageurs étrangers.

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