Trump envoie à Chicago la police fédérale, déjà très critiquée, en renfort – Le Monde

Des policiers fédéraux dans les rues de Portland, mardi 21 juillet.

Face aux critiques et aux actions en justice, Donald Trump poursuit son chemin. Le président américain a annoncé, mercredi 22 juillet, renforcer les effectifs des agents fédéraux à Chicago, après une résurgence de la violence dans la troisième ville des Etats-Unis et malgré l’opposition de la maire démocrate de la métropole.

« J’annonce une forte hausse des forces de l’ordre fédérales dans les populations affectées par la criminalité violente », a dit Donald Trump depuis la Maison Blanche. Le ministère américain de la justice va « immédiatement augmenter le nombre d’agents de la police fédérale dans la ville de Chicago », a-t-il ajouté.

Présent aux côtés du président, William Barr, le ministre de la justice, a précisé que l’opération concernerait Chicago, Kansas City et Albuquerque. Environ 200 agents seront envoyés à Chicago, 30 à Albuquerque (Nouveau-Mexique), et 200 se trouvent déjà à Kansas City (Missouri), a-t-il dit. Selon M. Barr, ils travailleront « main dans la main » avec la police et ne doivent pas être confondus avec les agents fédéraux impliqués dans la réponse antiémeutes.

« Déploiement unilatéral »

Le président avait menacé lundi d’envoyer des agents fédéraux à New York et Chicago comme dans d’autres bastions démocrates, pour protéger les bâtiments fédéraux et, plus globalement, « rétablir l’ordre ».

Une quinzaine de personnes ont encore été blessées mardi dans une fusillade lors de funérailles à Chicago, selon la police.

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Les maires démocrates de Portland, Seattle, Chicago, Atlanta, Kansas City et la capitale fédérale Washington ont envoyé une lettre au ministre américain de la justice pour s’opposer au « déploiement unilatéral » de forces fédérales chez elles. « En aucun cas, je ne laisserai les soldats de Donald Trump venir à Chicago et terroriser nos habitants », a tweeté la maire de la ville, Lori Lightfoot.

Mercredi, M. Trump a dit vouloir « rendre la police plus forte, pas plus faible », et estimé que davantage de policiers devraient être embauchés, pas voir leur budget réduit. Il faisait allusion aux appels à « couper les fonds à la police » qui ont émergé avec les manifestations antiracistes ayant suivi la mort de George Floyd fin mai.

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A Portland, la tension n’est pas retombée

A Portland, ces forces de police fédérales ont conduit à une poursuite des manifestations quotidiennes, sans que la tension retombe ces derniers jours. La colère de la rue était pourtant en voie d’apaisement au début de juillet dans la plus grande ville de l’Oregon, où, comme dans de nombreuses autres aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre le racisme et les violences policières avait été déclenché par la mort à la fin de mai à Minneapolis de George Floyd, lors de son interpellation par un policier blanc.

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Tout a changé quand ont débarqué les policiers fédéraux, surnommés les « soldats de Trump » par Kate Brown, la gouverneure démocrate de l’Oregon. Cet Etat poursuit ainsi les autorités fédérales devant la justice afin de demander à ces forces de police fédérales de ne plus arrêter et détenir des manifestants sans raison, de s’identifier clairement avant de procéder à une arrestation et d’en expliquer les raisons. Pour l’avocat de l’Etat, ces pratiques observées à Portland sont « anticonstitutionnelles », ce que les autorités fédérales rejettent.

« Les sbires fédéraux, hors de Portland », peut-on lire sur cette pancarte tenue par des manifestants, le 20 juillet dans la plus grande ville de l’Oregon.

Dans de nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on voit ces agents, en tenue paramilitaire et sans badge visible d’identification, utiliser des véhicules banalisés pour interpeller des manifestants. Dans une autre vidéo qui a choqué, une femme complètement nue et pacifique est cible de gaz lacrymogène.

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Ces actions musclées ont de nouveau attisé les braises de l’ire populaire. Des milliers de manifestants se rassemblent chaque soir à Portland et les échauffourées éclatent systématiquement avec les agents fédéraux. Ces hommes, déployés par le ministère de la sécurité intérieure – un organe qui avait été créé à la suite des attentats du 11 septembre 2001 –, ont recours à du gaz lacrymogène, des balles en caoutchouc ou des grenades assourdissantes pour disperser les foules.

Le Monde avec AFP et AP

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