Trump “cherche à la fois à adoucir son image et à noircir le tableau général” dans une campagne “totalement… – franceinfo

Des slogans mais toujours pas de programme. “On se demande quand sa campagne va réellement commencer parce qu’on est bientôt sur la ligne d’arrivée”, note Jean-Éric Branaa, maître de conférence à Assas.

Donald Trump a formellement accepté, dans la nuit de jeudi à vendredi, la nomination du Parti républicain pour un second mandat, en présentant son rival démocrate Joe Biden comme une menace pour la “grandeur de l’Amérique”. Le président américain “cherche à la fois à adoucir son image et à noircir le tableau général” dans une campagne “totalement schizophrénique”, analyse le chercheur Jean-Éric Branaa, maître de conférence à l’université Assas-Paris II, vendredi 28 août sur franceinfo.

franceinfo : Donald Trump a tenu un discours très offensif à l’égard de Joe Biden. Mais on a quand même l’impression qu’il a du mal à trouver un vrai angle d’attaque ?

Jean-Éric Branaa : Oui, c’est même le vrai problème de Donald Trump. Il ne sait pas comment attaquer Biden, alors il lui tourne autour, il n’arrête pas, il ne trouve pas la faille, il déplace le problème. D’abord, il a attaqué Obama pendant quelques mois en expliquant que c’était le couple Obama-Biden. Aujourd’hui, c’est le couple Sanders-Biden qui est assimilé à un communisme dangereux, le couteau entre les dents. On nous ramène aux années 1950, à la guerre froide. C’est la très grosse difficulté de Donald Trump : en réalité, Biden occupe le centre que Trump cherche maintenant à séduire. Pendant cette convention, il a essayé d’adoucir son personnage et tous les orateurs ont essayé de l’adoucir pour lui, pour justement tendre la main à ces indépendants qui lui manquent cruellement, puisque les sondages sont vraiment défavorables à 67 jours de l’élection.

Il lui manque un cap, tout simplement, un vrai programme ?

Il n’a aucun programme. Donald Trump nous a sorti en début de convention des slogans : “10 millions d’emplois en 10 mois”, “un million d’emplois repris aux Chinois”, ou encore “Nous irons sur Mars”. Et puis aujourd’hui, il en rajoute encore avec ce discours : “Ce sera une femme sur la Lune !” Des slogans qui s’empilent les uns derrière les autres pour essayer de faire croire à un programme.

Cherche-t-il par ailleurs à noircir le tableau, en jouant notamment sur ce qui se passe à Kenosha, dans le Wisconsin, en ce moment ?

Il cherche à la fois à adoucir son image et à noircir le tableau général sur l’Amérique, à montrer que Biden est responsable de tout. Kenosha est effectivement un symbole, le symbole de cette Amérique qui veut tout renverser, piller, casser, alors qu’en face, il y a une Amérique plus calme qui demande à plus de protection. Et donc, il se met résolument du côté de la police, la loi et l’ordre. C’est désormais le slogan numéro un de Donald Trump, bien plus que “rendre la grandeur à l’Amérique” que nous avions eu il a quatre ans. Mais c’est un slogan beaucoup moins porteur, beaucoup plus noir, beaucoup plus inquiétant. Je doute que ça puisse remuer les foules en sa faveur.

Son message, finalement, c’est : il y a deux camps, à vous de choisir quelle Amérique vous voulez ?

On a toujours un peu l’habitude dans les élections, c’est toujours : après moi, le déluge. D’un côté, tout est mal. De l’autre, tout est bien. Mais c’est vrai que Donald Trump, pendant quatre ans, a travaillé cette division en s’adressant à un seul camp, celui du bien, selon ses propres mots.

Le but pour lui est de réécrire la réalité. Jean-Éric Branaa, maître de conférence à l’université Assas-Paris IIà franceinfo

La réalité, c’est quoi ? C’est aujourd’hui une pandémie qui a fait 180 000 morts officiellement aux États-Unis, c’est une chute de l’économie. Tout ça, il faut le faire oublier en essayant d’amener le regard sur un autre plan de la vie américaine. D’ailleurs, lors de son discours, il nous a fait une histoire des États-Unis qui était à peu près celle d’un enfant de CE2. Tout cela ne grandit pas la fonction présidentielle et cela montre surtout que Donald Trump semble perdu dans cette campagne totalement schizophrénique. Il a, cette nuit, encore tenté un nouveau “reset” dans sa campagne, c’est au moins le quinzième depuis le départ et on se demande quand sa campagne va réellement commencer parce qu’on est bientôt sur la ligne d’arrivée.

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