TRIBUNE. Grève à BFM et RMC : “Pourquoi nous ne vous informerons pas ce dimanche” – Le Journal du dimanche

Dans un texte publié par le JDD, les Sociétés des journalistes de BFMTV, RMC, RMC Sports, BFM Paris, BFM Business et les rédactions web de NextRadioTV expliquent à leurs auditeurs, téléspectateurs et lecteurs pourquoi ils ne couvriront pas les élections municipales ce dimanche. Le plan d’économies du groupe NextRadioTV, filiale du groupe Altice, prévoit la suppression de 330 à 380 postes et la réduction de 50 % du nombre de pigistes et d’intermittents, soit environ un tiers des effectifs. Opposés à ce projet, les rédactions de BFMTV, de RMC et des autres médias du groupe NextRadio TV ont reconduit la grève jusqu’à lundi.

Ils réclament notamment que la direction renonce à tout départ contraint et rejettent la suppression de la moitié des postes de pigistes et intermittents. Ce dimanche, les antennes et sites de BFMTV, RMC, RMC Sports, BFM Paris, BFM Business, seront donc fortement perturbées. Dans la tribune ci-dessous, les sociétés des journalistes expliquent les raisons de leur combat et expriment leur colère. 

Voici leur tribune : “Ce dimanche a lieu le second tour des élections municipales. Nous, journalistes, nous devrions être présents dans des dizaines de villes, devant les QG de campagne, sur les plateaux, dans les rédactions, pour vous raconter, décrypter, vivre avec vous ce temps fort de la démocratie. C’est notre mission. Pourtant nous ne la remplirons pas. Un crève-coeur en tant que journalistes et citoyens. C’est la première fois de l’histoire de notre groupe de médias créé il y a 20 ans, que nous ne traitons pas une actualité aussi forte, parce que nous sommes en grève. Et sachez-le : cela nous coûte. Parce que nous aimons profondément notre métier et nos rédactions radio-tv-web, bien plus, semble-t-il, que nos actionnaires. 

Ce plan social est d’une violence inouïe, présenté le 19 mai dernier à 17h36 par mail aux salariés

Pourquoi nous faisons grève pour la première fois : parce que ce plan social est injuste, incompréhensible et donc inacceptable à nos yeux. Parce que ce plan social est d’une violence inouïe, présenté le 19 mai dernier à 17h36 par mail aux salariés, quelques jours à peine après le début du déconfinement, après des semaines d’intense mobilisation afin de vous informer au quotidien, au coeur de cette crise sanitaire inédite. Parce que ce plan social est méprisant pour notre métier et ne respecte pas votre droit à une information fiable et pluraliste. 

Pourquoi ce plan est injuste : ce plan social prévoit de supprimer plus de 500 postes, journalistes rémunérés à la pige, intermittents, CDD et CDI. Un salarié sur trois est menacé. Dans un groupe qui a réalisé 73 millions d’euros de bénéfices nets en 2019. 

Nous aimons plus nos médias que ceux qui les détruisent

Pourquoi ce plan social aura de lourdes conséquences sur l’information et le débat démocratique : notre mission est de vous informer. Pour cela, nous travaillons chaque jour, 24 heures sur 24, du 1er janvier au 31 décembre avec : techniciens, producteurs, infographistes, réalisateurs, régie pub, informaticiens, personnel administratif, maquilleurs-coiffeurs, standard… Tous ces corps de métiers qui permettent à nos médias d’exister. Nous sommes des femmes, des hommes, toutes et tous artisans de l’information. 

Or, aujourd’hui, nous sommes toutes et tous menacés. Et à travers nous, l’exigence éditoriale de nos rédactions sur les mois et années à venir. Si nous nous mobilisons ce dimanche, c’est parce que nous aimons plus nos médias que ceux qui les détruisent. C’est pour toujours mieux vous informer demain. Ce combat, il est aussi pour vous, citoyennes et citoyens. Demain, avec ce plan social, c’est 20 millions de téléspectateurs, auditeurs, lecteurs quotidiens à qui nous ne pourrons plus offrir la même qualité d’information.”

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