Traque dans les Cévennes : paranoïaque, passionné d’armes… quel est le profil du fugitif ? – LCI

FAIT DIVERS – L’employé d’une scierie du village des Plantiers (Gard) qui a abattu, mardi 11 mai, son patron et un de ses collègues, est toujours recherché. LCI revient sur le profil du suspect.

Des hélicoptères, près de 300 gendarmes, des brigades cynophiles. Mercredi 12 mai, c’est tout un escadron de forces de l’ordre qui étaient toujours mobilisés pour partir à la recherche de Valentin M., 29 ans. La veille au matin, le jeune homme s’est présenté sur son lieu de travail dans le village des Plantiers dans les Cévennes et a abattu son employeur, Luc Teissonnière, 55 ans, patron de la scierie du même nom, et un de ses collègues, prénommé Martial, âgé de 32 ans. 

Le tireur a ensuite pris la fuite. LCI revient sur le profil du suspect, toujours recherché.

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Employé depuis un an dans la scierie

Valentin M. travaillait depuis un an environ dans cette entreprise située dans la commune de 30,83 km² pour 259 habitants.  Il habitait depuis une dizaine d’années aux Plantiers.

“Vers 8h, l’employé n’a pas salué son patron qui le lui a fait remarquer, mais gentiment. À ce moment-là, le mis en cause a sorti une arme de poing et a immédiatement ouvert le feu, le tuant de plusieurs balles dans la tête” a détaillé mardi en fin d’après-midi le procureur de la République d’Alès, François Schneider, avant que l’enquête ne parte ce mercredi au parquet de Nîmes qui dispose d’un pôle criminel. “Un des employés a tenté de s’interposer, sidéré par la situation”, et il lui a aussi tiré dans la tête le tuant sur le coup. Le témoin a donné l’alerte peu après. Le mis en cause, qui habite dans le village des Plantiers, “est rentré chez lui, aurait récupéré une arme, des effets et serait reparti dans les bois”. Le suspect serait reparti “avec aux moins deux armes”, selon le procureur de la Répubique de Nîmes, “une arme de poing, probablement celle utilisée au cours du double assassinat et une arme longue dont les caractéristiques laissent envisager une dangerosité toute particulière de cet homme à partir de sa fuite.” 

La  femme du suspect, qui travaille sur la commune des Plantiers et avec qui il a eu une petite fille, a été interrogée par les enquêteurs.

Un tireur sportif à l’arsenal démesuré

Licencié dans un club de tir, le meurtrier présumé dispose d’un permis de port d’armes. L’arme des crimes n’a pas été retrouvée sur place. On ignorait par ailleurs combien d’armes Valentin M. a pu récupérer à son domicile peu après le drame et avant de prendre la fuite. “Il utilise ses armes en tant que tireur sportif depuis un certain temps. Il sait s’en servir”, a expliqué le colonel Haas ce mercredi en fin de journée.  

“Les perquisitions qui ont été faites au domicile du suspect ont permis de retrouver un très grand nombre d’armes. Une douzaine d’armes ont été retrouvées ainsi qu’un certain nombre d’éléments d’arme extrêmement sophistiqués et une quantité estimée pour l’instant à 3300 munitions de tout calibre”, a précisé le procureur de la République de Nîmes, Eric Maurel en fin d’après-midi ce mercredi.

“Il semble acquis que pour le double assassinat, le suspect a fait usage d’une arme de poing qui pourrait être un Sig Sauer”, s’avance le magistrat, qui dépeint une hypothèse inquiétante. “En étant extrêmement prudent, il pourrait avoir pris la fuite en étant muni de cette arme de poing et peut-être aussi d’une arme longue. Si c’est celle à laquelle on pense, une arme d’une particulière dangerosité qui a une portée de tir d’environ 300 mètres, particulièrement dévastatrice et qui peut être particulièrement précise si elle est munie des appareils de visées qui lui correspondent”, prévient le magistrat.

Il aurait voulu rentrer dans l’armée

Selon le procureur de la République de Nîmes, Valentin M., qui avait récemment partagé son avis sur les tribunes de militaires publiées dans Valeurs actuelles, semble “avoir voulu rentrer dans l’armée”. “Il aurait souhaité être tireur d”élite et n’a pas pu rentrer dans l’armée en raison de problème de vision”, a-t-il expliqué. Une ambition transformée en passion pour les armes : “Il a toujours néanmoins gardé cette appétence […]. Il était donc inscrit dans un club de tir et avait obtenu des autorisations sur la détention d’armes en lien avec cet usage du tir sportif”.

Très procédurier et devenu paranoïaque

Ce mardi, le procureur de la République d’Alès, qui a ouvert une enquête pour “assassinats” avait indiqué que  le suspect avait une “personnalité très particulière, très procédurière”. Le magistrat a évoqué notamment “un comportement assez inquiétant de type paranoïaque” depuis quelque temps. Il avait connu notamment des conflits avec l’ancien maire du village. Il avait ainsi déposé à son encontre “une série de plaintes qui n’ont pas abouti”. Valentin M. “était également en conflit avec son employeur pour des problèmes d’horaires de travail”, a ajouté François Schneider.

“Je sais qu’il avait une relation tendue, pas très paisible avec son employeur”, a confirmé l’actuel maire de la ville Bernard Mounier face aux journalistes au lendemain du drame. L’édile a précisé avoir croisé le tueur présumé le matin du drame, vers 7h, alors qu’il allait à la mairie. Valentin M., qui circulait en voiture lui aurait fait un signe de la main. 

Sous le choc, le maire a également déclaré au sujet de ses habitants : “Aujourd’hui je suis confronté à des gens qui ont peur, je suis là pour les rassurer, pour leur dire : ‘N’ayez pas peur’“. 

Connaisseur du terrain

Selon le colonel Haas du groupement de gendarmerie du Gard interrogé ce mercredi par TF1, le suspect connaît très bien le secteur, que le militaire décrit comme “vaste”, “escarpé” et “boisé”, avec beaucoup de “cavités”.  “Les recherches sont extrêmement difficiles, dans un environnement montagnard”, a expliqué le colonel avant de rappeler que l’individu était “armé “et d’assurer qu’il était “déterminé”. A-t-il trouvé ou rejoint une planque qu’il connaissait ou est-il parvenu à quitter la forêt ? Rien ne permet de le dire pour le moment.“Nous n’avons pas d’indices qui permettent de dire qu’il a quitté la zone de recherche”, a estimé le colonel de gendarmerie au cours d’un point presse  à 17h30 mercredi.

En vidéo

Traque dans les Cévennes : le village des Plantiers perturbé

Le village était toujours bouclé ce mercredi. Chaque personne souhaitant y pénétrer devait présenter un justificatif de domicile et, le cas échéant, ouvrir le coffre de son véhicule. 

Pas de casier judiciaire

Le procureur de la République de Nîmes a expliqué que le suspect, né en 1992, “n’a pas de casier judiciaire, aucune mention”. Effectivement, quelques démêlés ont pu survenir dans la vie de la commune en lien avec cet individu qui a pu porter des plaintes qui ont été classées sans suite, qui a fait lui-même l’objet de plaintes. L’une de ses plaintes est en cours de traitement au parquet d’Alès puisqu’il faisait l’objet de ce que l’on appelle une composition pénale qui avait partiellement échoué et donc le parquet d’Alès avait décidé de le renvoyer devant le tribunal correctionnel”.

Nulle menace ni fait de violence, tient à préciser Eric Maurel, pour qui rien “ne laissait présumer […] à qui que ce soit un tel déchaînement de violences [], a-t-il assuré. En l’état, on ne retrouve trace d’aucune préparation du passage à l’acte, d’aucun projet construit. Simplement l’expression de grief, de récrimination”. Un passage à l’acte qu’aucun profil psychologique n’a pu déterminer pour l’instant.

Exploitation du profil Facebook

Le procureur a indiqué ce mercredi soir que le profil Facebook du suspect était en cours d’exploitation. Là encore, trop tôt pour se faire une idée précise du suspect, mais Eric Maurel avance des faisceaux d’indices. “Ce compte révèle des éléments de personnalités qui laissent place à interrogation, mais n’étant pas psychiatre, je ne me prononcerai pas. Mais les photographies, les éléments que l’on retrouve sur ce compte tendent à confirmer ce que disait le colonel Haas, à savoir potentiellement la dangerosité criminologique de cet individu”.

Certains posts, que LCI a pu consulter, font référence aux plaintes déposées par le suspect. D’autres confirment son appétence pour les armes. 

Une “reddition pacifique”

Eric Maurel achève son point presse en adressant un message au suspect “dans la mesure où il serait encore dans la capacité de nous entendre parce que bien entendu nous craignons tout, toutes les hypothèses, mais je tiens à considérer qu’il est peut-être en mesure de m’entendre. Le seul message que je peux lui adresser, c’est de revenir à la raison, de déposer les armes parce qu’il le doit à sa famille, il le doit aux familles des victimes, il le doit à sa communauté, de venir s’expliquer sur son passage à l’acte dans le cadre d’une reddition pacifique. C’est en tout cas l’espoir que je formule”.

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