TOUT COMPRENDRE – Généraliser le pistolet à impulsion électrique à tous les policiers, une bonne idée? – BFMTV.COM

“Qu’est-ce qu’on nous met à la place?”, s’interrogeait sur notre antenne Yvan Assioma, secrétaire régional Île-de-France du syndicat Alliance Police nationale, après l’annonce de Christophe Castaner lundi de supprimer la technique d’interpellation dite de “l’étranglement”.

Le ministre de l’Intérieur semble avoir entendu les inquiétudes des syndicats, puisqu’il devrait leur annoncer, mercredi ou jeudi, selon des informations du Parisien, la généralisation à tous les policiers d’un pistolet à impulsion électrique (PIE), parfois présenté sous le nom de Taser. BFMTV.com fait le point sur cette arme, utilisée en France depuis 2006 et qui n’a, depuis, jamais cessé de faire polémique.

  • A quoi sert un pistolet à impulsion électrique?

Un pistolet à impulsion électrique, dont la société Taser – renommée Axon en 2017 – en commercialise partout dans le monde, appartient à la catégorie des armes de catégorie dite de force intermédiaire, au même titre que les grenades de désencerclement pointées du doigt lors des manifestations du mouvement des gilets jaunes. L’arme dispose d’une puissance électrique, allant parfois jusqu’à 500.000 volts, par exemple sur ce site d’armurier, et peut donc permettre, selon son utilisation, de neutraliser un individu. Dans un rapport publié en 2013, le Défenseur des Droits expliquait les différentes fonctions de l’arme: 

un mode dissuasif, “qui consiste à faire en sorte que l’individu visé puisse visualiser le point rouge du désignateur laser sur lui”,

un mode tir, qui “entraîne la projection de deux électrodes à 50 mètres par seconde, grâce à une cartouche d’air comprimé (azote)”,

un mode contact, “permettant la propulsion des ardillons, par une application de l’arme sur le membre à paralyser.”

  • Qui en porte aujourd’hui?

Les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie en sont dotés depuis 2006. Certains agents de l’administration pénitentiaire, qui dépendent du ministère de la Justice, en sont également armés. Enfin, certaines municipalités, comme Nice, ou plus récemment Nantes et Toulouse, ont choisi d’armer leurs policiers municipaux de pistolets à impulsion électrique.

  • Pourquoi cette arme est sous le feu des critiques?

Officiellement, le pistolet à impulsion électrique a été rangé dans la catégorie des armes non-létales. Pourtant, depuis 2008, l’ONG Amnesty international ne cesse de dénoncer les personnes mortes après avoir subi une décharge de l’arme, avançant le nombre de 331 victimes entre 2001 et 2008 aux Etats-Unis. Deux ans plus tard, le Comité contre la torture des Nations Unies soulignait que le pistolet à impulsion électrique pouvait être à l’origine “d’une douleur aigüe, constituant une forme de torture”.

En France, le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative, a également affirmé dans une décision rendue en 2009 que cette arme “comportait des dangers spécifiques”. Le Défenseur des droits, saisi à de nombreuses reprises sur des blessures résultants de l’usage d’un pistolet à impulsion électrique, a également fait part de ses inquiétudes quant à la dangerosité d’un tel outil, citant notamment “les risques de blessures liées à la chute de la personne suite à un tir”

Lundi, une vidéo d’un Afro-américain interpellé en Virginie à l’aide d’une arme à impulsions électriques a de nouveau fait scandale face à la brutalité des déchargées infligées.

  • Qu’en pensent les syndicats de police?

Après les annonces du ministre de l’Intérieur, le syndicat de police Alliance a réagi sur Twitter en postant une affiche dans laquelle il donne un carton rouge à Christophe Castaner, affirmant que “la ligne a été franchie” et demandant “en compensation la dotation du pistolet à impulsion électrique pour tous les policiers”. La décision devrait donc ravir le syndicat majoritaire dans la police nationale.

Toutefois, le manque de formation des agents avec cette arme est pointé du doigt.

“Le pistolet à impulsion électrique n’est pas encore enseigné à l’école et il va falloir des dizaines d’heures de formations pour habiliter tous les collègues”, s’inquiète dans les colonnes du Parisien Matthieu Valet, secrétaire national adjoint du syndicat indépendant des commissaires (SICP).

En 2009 déjà, le Conseil d’Etat estimait que les fonctionnaires devaient “suivre une formation spécifique afin d’obtenir une habilitation personnelle pour le port spécifique de l’arme”. Mais difficile d’envisager une formation généralisée à tous les agents pour cette institution, qui ne cesse de dénoncer son manque de moyens.

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