Tour de France 2020 : le directeur du Tour, Christian Prudhomme, testé positif au Covid-19, aucun cas chez les coureurs – Le Monde

Le Slovène Primoz Roglic dans la montée du col de Marie Blanque, au milieu des spectateurs, dimanche 6 septembre

La « caravane » du Tour de France est repartie, mardi 8 septembre, de l’Ile d’Oléron, destination l’Ile de Ré, quelque peu « allégée ». Elle a perdu six de ses membres. Et non des moindres. Le directeur de la course, Christian Prudhomme, a subi un test au Covid-19 qui s’est révélé positif, a annoncé l’Agence France-presse, un peu avant la mi-journée et avant le départ de l’étape. L’information n’a été officiellement confirmée par Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur de l’épreuve, qu’en tout début d’après-midi. Le patron de la Grande Boucle, asymptomatique, doit ainsi s’écarter de l’épreuve pendant une semaine (il est remplacé par François Lemarchand, l’un des responsables du service sportif d’ASO).

Par ailleurs, quatre membres de l’encadrement des équipes Cofidis, AG2R La Mondiale, Inéos Grenadiers et Mitchelton Scott ont également été testés positifs, ont annoncé les organisateurs du Tour, mardi. Ils n’ont pas repris la route mardi. Tout comme un prestataire technique faisant partie de la « bulle course » a également dû quitter l’épreuve.

Chez les coureurs, en revanche, aucun cas de contamination au Covid-19 n’a été enregistrée. Les 166 cyclistes encore en lice ont donc pris le départ de la 10e étape.

650 tests en deux jours

La veille, La Rochelle était devenue le temps d’une escale, un vrai laboratoire à ciel ouvert. Dans la matinée, l’essentiel des 22 équipes a défilé dans l’officine mobile affrétée par ASO – les autres y avaient eu droit dimanche soir à Pau.

Quelque 650 tests effectués en deux jours. « Le test a été très bien organisé, c’était très rapide, et puis ça commence à devenir une routine », relate Pierre Rolland (B&B Hôtels-Vital Concept).

L’écouvillon dans le nez comme on resserre ses cale-pieds ? Depuis leur entrée dans la « bulle » sanitaire qu’est le Tour de France, tous les coureurs et leurs équipes – 30 personnes à chaque fois – s’y sont soumis à trois reprises. Avec une hantise : à deux cas positifs, toute l’équipe plie bagages.

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« C’est drôle comme on apprend à vivre avec cette situation, cette bulle devient la norme, détaille Sam Bennett, sprinteur irlandais de la Deceuninck-Quick Step. Je m’habitue à être testé, et même à rejeter les gens qui viennent me demander des selfies. Je me trouve violent, mais c’est la seule solution pour que tout le monde reste en sécurité. »

Aussi drastique soit-il, le dispositif ne traumatise pas les coureurs. « Dans chaque hôtel, il y a un sens de circulation à respecter, mais ce serait mentir que de dire que c’est extrêmement perturbant », raconte Guillaume Martin, leader de la Cofidis, 3e au classement général.

Certains s’y feraient presque. « Bien sûr, il y a le côté stressant du coronavirus, mais on a aussi un paddock bien moins étouffant, confie Pierre Rolland. Il y a moins de monde, moins de sollicitations, c’est moins oppressant qu’un Tour “normal”, un des aspects que je redoute le plus. »

«Je reste conscient de la situation, mais la course m’emporte »

L’enfer des suiveurs, condamnés à parler aux acteurs du Tour à travers des écrans, peut devenir un paradis pour certains. Même avec un masque sur le visage, « on respire davantage ». Et quand ils l’ôtent, à trois minutes du départ, ce contexte tendu s’évapore. « Sur le vélo, je suis dans ma bulle, poursuit Guillaume Martin. Je reste conscient de la situation et du protocole sanitaire, mais la course m’emporte. Je n’ai pas fait attention aux gens au bord des routes, pour voir s’ils portaient le masque. »

Comme le Français, Adam Yates (Mitchelton-Scott), ex-maillot jaune, ne prête pas attention au public. « Je n’ai regardé que les roues devant moi », indiquait le Britannique, samedi 5 septembre, au sortir des redoutables cols de Balès et de Peyresoudre.

S’il avait eu le loisir de lever les yeux, outre les paysages saillants des Pyrénées, le Britannique aurait contemplé quelques entorses aux mesures de sécurité sanitaire. Dès que la route s’élève, les spectateurs se multiplient. Avec parfois un respect inégal de la distanciation physique et du port du masque.

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Cela pousse certains à s’éloigner des cimes pour voir passer la caravane. Habitués du Tour depuis 1995, Uwe et Sylke Kodalsky, un couple de retraités allemands, ont choisi les trois étapes qu’ils suivent dans « cette année Corona » en fonction de la carte des départements les moins touchés. Assis à l’ombre de leur camping-car au bord d’une rivière cévenole, ils restent dans leur bulle.

Des spectateurs durant l’étape Pau-Laruns, Sunday, dimanche 6 septembre.

Tous n’ont pas cette prudence. Si les spectateurs sont moins nombreux – et moins démonstratifs – que lors des éditions précédentes, impossible d’affirmer qu’aucune gouttelette de salive n’a atteint un coureur. « Ce serait injuste qu’un coureur soit exclu du Tour parce qu’il a été encouragé par des fans pas assez attentifs », estime Cédric Vasseur, le manager de Cofidis.

Distribution de masques et de gel hydroalcoolique

« Le sport cycliste, c’est une transhumance qui va de ville en ville, d’hôtels en hôtels, considère Vincent Lavenu, patron de l’équipe AG2R-La Mondiale. Et tout le monde, équipes, organisation ou hôteliers, a vraiment conscience de l’importance de respecter les règles pour que le Tour aille au bout. »

Chaque jour, une ruche de travailleurs monte et démonte les infrastructures nécessaires au départ et à l’arrivée en ajoutant des précautions sanitaires à la sécurité coutumière. Une branche « spéciale Covid », créée pour l’occasion, distribue masques et gel hydroalcoolique dans ces zones clés.

« Je préférerais que ça soit de la bière ! » Sous le soleil d’Orcières-Merlette, au quatrième jour de course, un spectateur tout de pois vêtu taquine le membre de l’organisation arrêté devant lui sur « son harnachement de space cowboy » : bidon sur le dos, masque et pistolet distributeur en main.

Aux premières loges pour voir arriver les coureurs, l’irrévérencieux cède et tend ses mains par-dessus la barrière métallique pour les désinfecter. « On a approvisionné 700 000 masques et deux tonnes de gel hydroalcoolique », rappelle Pierre-Yves Thouault, bras droit de Christian Prudhomme.

Avant que les résultats des tests ne tombent, les organisateurs de la 107e Grande Boucle dressaient un bilan satisfaisant de la première semaine de course. « On a parfois besoin de rappeler ici et là quelques consignes, aux équipes comme au public, mais c’est pour que personne ne se relâche après une bonne première semaine », insiste le numéro 2 du Tour.

« Le simple fait d’être parvenus jusqu’en Charente-Maritime est une victoire », souligne Michel Cerfontaine, plus optimiste qu’avant la course. Par sécurité, le médecin de Cofidis avait pris les devants en organisant un test complémentaire, salivaire celui-là pour son équipe, vendredi 4 septembre.

Cette année, des tests médicaux ont supplanté – au moins médiatiquement – les tests antidopage. Dans les deux cas, si l’on est positif, la sentence est la même : l’exclusion immédiate.

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