Tim Berners-Lee s’inquiète du code de conduite australien en faveur de la presse

Tim Berners-Lee s'inquiète du code de conduite australien en faveur de la presse

L’inventeur du World Wide Web, Tim Berners-Lee, s’est penché sur le “code de conduite contraignant” en faveur des médias d’information que l’Australie veut légiférer, partageant les inquiétudes que ce nouveau texte risque de violer un principe fondamental du web.

Ce projet, vivement critiqué par les GAFA, est nécessaire, selon le gouvernement, pour remédier aux déséquilibres fondamentaux entre les entreprises de médias d’information australiennes et les principales plateformes numériques.

Prévu à l’origine pour s’appliquer sur la base du consentement, il était clair, selon le trésorier Josh Frydenberg, que le code devait être rendu obligatoire, car « il était impossible de conclure des accords qui feraient payer les plateformes numériques pour des contenus journalistiques originaux ». Aussi, « ces plateformes numériques étaient des partenaires commerciaux incontournables pour les entreprises de médias traditionnelles », a défendu Josh Frydenberg lors d’une conférence de presse annonçant l’entrée du code au Parlement fin décembre.

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Exiger un paiement pour les liens contredit un principe du web

Le projet de “code de conduite contraignant” introduit un cadre qui vise à permettre la conclusion d’accords commerciaux entre les médias d’information traditionnels avec Google et Facebook. Le code révisé contient l’idée d’un « échange de valeurs à double sens », alors que Josh Frydenberg affirme que « l’argent ne circulera que dans un seul sens » et qu’il est entre les mains des organes de presse. Il a annoncé qu’il établirait une série de normes minimales auxquelles les plateformes numériques devraient se conformer.

« Je suis préoccupé par le fait que le code risque de violer un principe fondamental du web en exigeant un paiement pour les liens entre certains contenus en ligne », avertit Tim Berners-Lee dans un document écrit à l’attention de la commission économique du Sénat australien, qui examine le projet de loi.

Il y rappelle que, sur le web, le partage de contenu repose sur la capacité des utilisateurs à faire deux choses : créer du contenu (généralement du texte) et créer des liens dans ce contenu vers d’autres parties du web. « Ceci est cohérent avec le discours humain de manière générale, dans lequel il y a un droit, et souvent un devoir, de faire des références », a-t-il dit, prenant exemple sur des articles académiques, des journalistes faisant référence à des sources, et des blogueurs incluant des liens pour d’autres blogs.

« Avant que les moteurs de recherche ne soient efficaces sur le web, suivre les liens d’une page à l’autre était le seul moyen de trouver du matériel. »

« Les liens sont fondamentaux pour le web »

Tim Berners-Lee souligne que les moteurs de recherche rendent ce processus beaucoup plus efficace, mais qu’ils ne peuvent le faire qu’en utilisant la structure de liens du web comme principale entrée. « Les liens sont fondamentaux pour le web », écrit-t-il. « Si je comprends bien, le code proposé vise à exiger que certaines plateformes numériques sélectionnées doivent négocier et éventuellement payer pour établir des liens vers des contenus d’actualité provenant d’un groupe particulier de fournisseurs d’informations. Exiger une redevance pour un lien sur le web bloque un aspect important de la valeur du contenu du web. »

Il indique que la capacité à se connecter librement et sans échange monétaire est « fondamentale pour le fonctionnement du web, son essor jusqu’à présent et sa croissance dans les décennies à venir ».

Tim Berners-Lee prévient que si un tel précédent était suivi ailleurs, il pourrait rendre le web inutilisable dans le monde entier. « Je demande donc respectueusement à la commission de retirer ce mécanisme du code », conclut-il.

Source : ZDNet.com

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