Tests Covid : délais, fiabilité… ce qu’il faut savoir pour prendre ses précautions avant Noël – Le Parisien

« Il faut que les Français puissent se faire tester massivement avant les fêtes de fin d’année ». Voilà le message lancé jeudi 16 décembre par Olivier Véran, lors de son déplacement dans le Vaucluse. L’une des décisions émanant du Conseil de défense de ce vendredi doit d’ailleurs consister à fournir deux autotests gratuits (un pour Noël, un pour le Nouvel An) à chaque personne en faisant la demande en pharmacie.

« Pour les réunions familiales, il est recommandé (…) de pratiquer un autotest le jour même, ou un test antigénique la veille ou le jour même de l’événement. » Telle est d’ailleurs la position officielle du conseil scientifique avant de passer à table pour le réveillon, la semaine prochaine. Une stratégie qui vise à limiter les risques mais ne dispense pas d’autres mesures listées par l’équipe du Pr Delfraissy dans le même avis (vaccination, gestes barrière, aération).

« Faire un test le matin du 24 si on réveillonne, voire le soir, reste une bonne idée, en particulier si on rencontre des personnes fragiles, explique Christian Rabaud, infectiologue et président de la commission médicale d’établissements du CHRU de Nancy. C’est vrai aussi chez les vaccinés, car la vaccination protège des formes graves mais n’empêche pas complètement d’être répliquant et contagieux. Au-delà de ce test, il faut conserver les mesures barrière, car aucun test n’est fiable à 100 %. Il faut penser à tout cela si on veut éviter d’avoir des regrets en voyant la santé d’un des proches se dégrader une semaine après s’être retrouvés. »

« Aucun test n’est infaillible, surtout en phase d’incubation »

La fiabilité des tests est bien la première question cruciale. Par ordre de précision, ils vont du test RT-PCR, réalisé en laboratoire, à l’autotest, en passant par le test antigénique. « La sensibilité est comprise en 90 et 95 %, alors qu’elle n’est que de 65 %, pour les tests antigéniques, explique Lionel Barrand, président du syndicat national Les Biologistes Médicaux. La différence c’est que l’autotest se fait dans la narine, alors que l’antigénique se réalise dans la zone nasopharyngée où il y a plus de virus. »

La dernière étude de référence sur le sujet, réalisée par une équipe de chercheurs de l’université de Berne (Suisse) établit à 65,3 % le taux de sensibilité des tests antigéniques, le plus souvent réalisés en pharmacie. Elle fait aussi une distinction entre les 69,8 % de « réussite » chez les personnes symptomatiques, contre seulement 44 % pour les cas asymptomatiques. Les autotests, pour lesquels aucune étude d’ampleur n’existe, pourraient être encore moins précis.

Autrement dit, si vous êtes contaminé mais ne présentez aucun signe de la maladie, vous avez plus d’une chance sur deux d’obtenir un faux test antigénique négatif. Prudence, donc, comme le fait remarquer le biologiste : « Aucun test n’est infaillible, surtout en phase d’incubation, donc pas d’interprétation à la va-vite. Cela n’existe pas, et encore moins avec la technique antigénique. Un mésusage du test est pire que l’absence de dépistage. »

Tout le monde ne pourra pas être servi

La seconde limite à la stratégie de dépistage sera la capacité à absorber le surplus de demande de tests, comme l’a indiqué jeudi Olivier Véran en rappelant que « les pharmaciens et les laboratoires ne testeront pas 60 millions de Français en une journée ». La semaine dernière, près de 850 000 tests ont été réalisés en moyenne chaque jour en laboratoire ou en pharmacie. Dans les deux circuits, le message est le même : tout le monde ne pourra pas être servi.

« On est déjà blindés. Notre angoisse, c’est le 23 et le 24, parce qu’on a déjà connu un 24 décembre noir l’an dernier, explique François Blanchecotte, le président national du Syndicat des biologistes. Je pense que ça va être pire cette année. Les 12 000 personnes embauchées l’an dernier sont reparties vers d’autres fonctions. C’est pour ça qu’on a demandé de pouvoir recourir à des étudiants. On commence à avoir des tensions sur le matériel, surtout dans le public. Les délais de rendu s’allongent. Pour l’instant, la plupart des groupes respectent celui de 12 à 24 heures et ceux qui viendront le 23 devraient avoir dans la majorité des cas un résultat avant 15 heures le samedi. Mais le 24, il faudra faire des tests antigéniques. Jean-François Delfraissy voulait qu’on dépiste la terre entière avant le réveillon, c’est impossible. Il faudra entendre un principe de réalité. »

Son de cloche quasi-identique du côté des pharmacies, par la voix de Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France : « On ne peut plus augmenter le nombre de tests antigéniques (presque 500 000 sont effectués chaque jour). On en a déjà réalisé davantage en août, mais à zéro degré, il est impossible d’installer des barnums. Si on ne trouve pas de place, il faudra faire un autotest. Là-dessus aussi, c’est tendu, mais pour le moment, on a des stocks. »

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