[Test] Huawei MatePad Pro : la tablette qui voulait la peau de l’iPad Pro – Journal du geek

Avec son MatePad Pro, Huawei monte en gamme et souhaite déloger l’iPad Pro et la Samsung Galaxy Tab S6, qui règnent sans partage sur le secteur des tablettes haut de gamme. Débarquant sans les services de Google, la tablette de Huawei parvient-elle à s’imposer dans ce milieu très fermé ? Voici notre test du Huawei MatePad Pro.

Longtemps cantonné au secteur des tablettes de milieu de gamme – comme la plupart des constructeurs Android – Huawei a décidé de frapper un grand coup cette année avec son MatePad Pro, une tablette résolument haut de gamme bien destinée à venir chercher des poux à l’indétrônable iPad Pro d’Apple, et à la très réussie Galaxy Tab S6 de Samsung. Malgré tout, l’absence des services de Google reste, encore et toujours, l’un des talons d’Achille de la marque sur ses smartphones, mais aussi sur cette tablette. La qualité du matériel offert par le Huawei MatePad Pro est-elle capable de faire passer la pilule ?

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Design, Écran et Ergonomie

Une tablette, c’est avant tout un écran, et celui du Huawei MatePad Pro se situe clairement dans le haut du panier. Si on pourra déplorer l’absence de l’OLED sur une tablette qui se réclame du segment haut de gamme, la dalle LCD utilisée sur le Huawei MatePad Pro n’a pas à rougir, d’autant qu’Apple utilise lui aussi cette technologie sur ses iPad Pro, pourtant vendus bien plus chers. La tablette embarque donc un écran de 10,8 pouces au format 16:10 et à la définition de 2 560 x 1 600 pixels, ce qui correspond peu ou prou à du 2K. Le ratio taille/définition s’avère parfaitement cohérent, avec une excellente prise en main sur ce format de tablette – ni trop grand ni trop petit – et une résolution permettant de profiter d’un affichage lisse, sans pixel apparent. La luminosité de cet écran est également très bonne, lisible en plein jour, et pouvant descendre suffisamment bas pour ne pas agresser les yeux le soir venu, même plongé dans le noir. Cet écran est entouré de bords plutôt fins – plus fins que sur l’iPad Pro – et Huawei a choisi d’adopter le poinçon sur sa tablette en perçant la dalle dans son coin supérieur droit de manière plutôt discrète.

En ce qui concerne son design, le Huawei MatePad Pro fait dans la sobriété, sans négliger l’aspect premium du produit. Ainsi, on se retrouve avec un châssis particulièrement bien fini, en aluminium brossé du plus bel effet et aux bords arrondis. Sur le dos, on retrouve simplement un petit bloc photo comprenant un objectif, un flash et un micro en haut à gauche. Le tout respire la solidité tout en se révélant particulièrement fin. Deux grilles de haut-parleur et le bouton d’accueil se situent sur la tranche supérieure de l’appareil, et les quatre microphones ainsi que les boutons volume + et – sur la tranche droite. On a néanmoins trouvé ces derniers placés un peu trop hauts pour que les atteindre de façon naturelle, mais c’est un détail. Enfin, on retrouvera sur la tranche gauche l’emplacement carte SIM / carte NM (les cartes mémoires propriétaires de Huawei), et sur la tranche basse deux grilles de haut-parleur ainsi que le port de recharge USB-C.

Surtout, la tablette de Huawei se dote d’un attirail similaire à celui qu’Apple propose avec son iPad Pro, à savoir un stylet et une coque/clavier particulièrement fine. Si ce clavier est dépourvu de trackpad, il vient prouver qu’il était tout à fait possible d’opter pour de « vraies » touches sur ce type d’accessoire, comparé aux affreuses touches recouvertes de nylon du Smart Keyboard d’Apple, et cela dans une épaisseur similaire. Ce clavier s’avère plutôt convaincant, avec une course convenable et une bonne stabilité, malgré des touches plutôt petites. Du côté du stylet, le constat s’avère moins bon. Celui-ci semble loin de la qualité de fabrication qu’on peut retrouver sur la tablette elle-même, avec des finitions assez cheap. Côté fonctionnement, cela reste correct, mais pas transcendant, d’autant que la connexion s’avère un brin capricieuse, malgré le système d’aimant emprunté, lui aussi, à l’iPad Pro d’Apple.

Apple Smart Keyboard à gauche, clavier Huawei à droite

Performances et Autonomie

Le Huawei MatePad Pro embarque la puce maison la plus puissante de la firme à ce jour : le Kirin 990. Il s’agit du même SoC qu’on retrouve notamment dans les derniers appareils premium de la firme, comme le Huawei Mate 30 Pro et le Huawei P40 Pro. Dans les faits, cette puce s’avère largement suffisante pour la plupart des usages actuels, en plus d’offrir une bonne longévité au produit. Côté performances brutes, on se situe à peu près au niveau du Snapdragon 855+ de Qualcomm, soit légèrement en deçà du dernier Snapdragon 865, ou encore de l’impressionnant A13 d’Apple – ou de l’A12Z contenu dans l’iPad Pro 2020. Néanmoins, si la puissance brute s’avère légèrement moins haute que celle offerte par les concurrents, il sera bien difficile de les départager puisque, comme nous le disions, les usages permettant de tirer parti d’une telle puissance ne sont pas encore disponibles. Exception faite peut-être de la capture vidéo en 8K, ce qui n’est absolument pas le terrain de prédilection d’une tablette, de toute manière. Avec ce Kirin 990, le Huawei MatePad Pro s’avère être légèrement plus puissante qu’une Samsung Galaxy Tab S6, quant à elle équipée d’un Snapdragon 855. Il s’agit donc certainement de la tablette Android la plus performante du marché, à notre connaissance.

Surtout, ce Kirin 990, au-delà de ses performances, s’avère être particulièrement bon dans certaines tâches, et confèrent notamment aux appareils qu’il équipe une autonomie généralement monstrueuse. C’est déjà le cas sur les smartphones de la firme, et d’autant plus sur une tablette qui propose naturellement une autonomie supérieure. Le Huawei MatePad Pro ne déroge pas à la réputation de la firme chinoise dans ce domaine, et s’avère particulièrement impressionnant avec sa batterie embarquée de 7 250 mAh. Si on ne s’avancera pas si une durée exacte, puisqu’une tablette s’utilise de façon sporadique, à la différence d’un smartphone qu’on emporte avec soi toute la journée, sachez que la batterie du Huawei MatePad Pro pourra assurément vous durer une journée complète voire bien plus éloigné d’une prise secteur. Par ailleurs, on note que la tablette est compatible avec la charge rapide 40W, ce qui permettra de la remplumer extrêmement rapidement en cas de besoin.

Photo et Vidéo

Certes, une tablette n’est pas particulièrement adaptée à la prise de photo et vidéo. Néanmoins, cela ne veut pas dire que ce type de produit devrait être dénué de cette possibilité. Ainsi, le Huawei MatePad Pro dispose de deux capteurs, un grand-angle de 13 MP à l’arrière (équivalent 26mm, f/1,8), et un capteur frontal de 8 MP contenu dans le poinçon à l’avant (f/2.0). Autant vous le dire tout de suite : non, le Huawei MatePad Pro n’est pas un foudre de guerre en photo. Les clichés sont potables, mais loin d’être au niveau de ce que peut proposer un smartphone actuel. Le lissage s’avère bien agressif, notamment en basse luminosité. Aussi, les options sont limitées : pas de stabilisation en vidéo, pas de mode portrait…

Si Apple a fait le choix de doter son dernier iPad Pro d’une excellente configuration photo, Huawei semble donc avoir décidé de ne pas donner à son Huawei MatePad pro ses dernières technologies. Il s’agit là, bien sûr, d’un parti pris, puisqu’on sait bien que Huawei sait y faire dans ce domaine, et a accouché, avec son P40 Pro, d’un des meilleurs photophones du marché, si ce n’est le meilleur. Par ailleurs, on trouve cela plutôt cohérent puisque, effectivement, une tablette n’est vraiment pas adaptée à la prise de photo. Mis à part pour faire office de scanner, peu de gens exploiteront vraiment le bloc photo arrière d’un tel appareil. Néanmoins, on aurait bien aimé avoir une meilleure caméra frontale, puisqu’une tablette se prête plutôt bien à la visioconférence. Si ce capteur frontal est très loin d’être exceptionnel, il n’est pas non plus affreux, et devrait toutefois pouvoir assurer cette tâche sans trop de soucis.

La vie sans Google sur le Huawei MatePad Pro, c’est possible ?

Maintenant, les choses qui fâchent : le logiciel. Oui, EMUI 10.1 offre une bonne expérience logicielle, complète, ergonomique, et plutôt simple à appréhender. Néanmoins, comme on commence à en avoir l’habitude avec la marque, cette tablette débarque dépourvue des services de Google, tout comme le Huawei Mate 30 Pro ou encore l’excellent Huawei P40 Pro de ce début d’année. On ne vous refait pas l’histoire, mais Huawei reste pris sous le feu de la guerre commerciale qui oppose les États-Unis et la Chine, et n’a toujours plus le droit de collaborer avec des entreprises américaines. La firme a ainsi dû renoncer aux services de Google, et ce Huawei MatePad Pro doit donc se contenter des HMS (Huawei Mobile Services) en lieu et place des GMS (Google Mobile Services).

Concrètement, l’absence des services de Google nécessite d’utiliser différemment cette tablette, à commencer par le magasin d’application par défaut, l’App Gallery. Ce store maison vient remplacer le traditionnel Play Store qu’on retrouve sur toutes les autres tablettes Android. S’il était encore bien pauvre il y a quelques mois, le catalogue de l’App Gallery concentre dorénavant un grand nombre d’applications populaires, comme Twitter, Snapchat, TikTok, Amazon, ou encore de nombreux jeux mobiles. D’autres applications devraient également suivre d’ici peu, comme Facebook et ses filiales, dont Instagram et Whatsapp, mais aussi une pléthore d’app en tout genre, puisque Huawei mise gros pour attirer les développeurs sur sa plateforme. C’est donc un pari sur l’avenir, et les choses évoluent, heureusement, plutôt rapidement, même s’il y a encore d’importants manques.

Si, sur un smartphone, on est parvenu à se débrouiller sans la suite logicielle de Google – à quelques exceptions près – son absence se fait d’autant plus ressentir sur une tablette, laquelle est principalement orientée vers la consommation de contenu. Ainsi, il faudra faire sans l’application YouTube ou encore Netflix. Ces usages restent possibles, en passant via le navigateur maison de Huawei. Néanmoins, on reste loin de l’expérience proposée par les applications dédiées. Par ailleurs, Huawei met régulièrement en avant la « web app » d’une application dans son App Gallery, afin de compenser certains manques, mais il ne s’agit là que d’une béquille. Les solutions commencent toutefois à s’implanter peu à peu. TrouvApp ou encore APKPure, présents sur l’App Gallery, permettent de se procurer aisément certains APK d’applications populaires. Aussi, une nouvelle solution proposée par Huawei sous le nom de Petal Search, qui semble être passée un brin inaperçue, rend l’utilisation d’un appareil de la marque bien plus aisé. Petal Search peut être utilisé à la manière d’un widget sur l’écran d’accueil, et s’avère être un trois-en-un qui compile les résultats de recherche de Qwant, APK Pure et Microsoft. Avec cette solution, il devient particulièrement aisé d’installer toutes ses applications. On a même réussi à installer Google Chrome et Google Maps, c’est pour dire… Elles s’avèrent par ailleurs totalement fonctionnelles, même s’il reste impossible de s’y connecter avec son compte Google.

Au fil des tests, on voit donc une nette amélioration du côté de Huawei, et situation est aujourd’hui « vivable », loin de celle qu’on avait pu rencontrer avec le Huawei Mate 30 Pro en fin d’année dernière. Évidemment, si les geeks auront tôt fait de se pencher sur ces solutions alternatives pour installer leurs applications, comment expliquer cela au consommateur lambda, qui cherche simplement une tablette pour de la bureautique simple et la consommation de contenus ? C’est sans doute là le principal challenge de Huawei avec ses smartphones et ses tablettes. C’est d’autant plus dommage puisque, comme nous l’avons vu, le Huawei MatePad Pro dispose d’innombrables arguments pour s’imposer comme l’une des meilleures tablettes du marché.

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