Test des écouteurs Sony WF-1000XM3 et Libratone Track Air+

Il n’y a pas que les AirPods dans la vie ! Si Apple a incontestablement démocratisé les écouteurs complètement sans fil, la concurrence se fait toujours plus nombreuse, et elle ne manque pas d’arguments.

Car les AirPods ont beau avoir un aspect magique, ils ne sont pas parfaits pour autant. On peut leur reprocher une qualité sonore seulement passable et une isolation inexistante. Sans oublier les malheureux dont les oreilles ne sont pas adaptées aux AirPods, à moins que ce ne soit l’inverse.

Libratone Track Air+ et Sony WF-1000XM3

Deux adversaires récents comblent ces lacunes, du moins sur le papier. Ce sont les Libratone Track Air+ et les Sony WF-1000XM3, des écouteurs intra-auriculaires Bluetooth 5.0 qui bénéficient d’une fonction de réduction de bruit active. Les premiers coûtent 199 € et les seconds 249 €. Que valent-ils vraiment ? Réponse dans ce double test faisant également office de comparatif.

Design et confort

Libratone Track Air+

Les Track Air+ sont les premiers écouteurs entièrement sans fil de Libratone, la marque danoise avant tout connue pour ses (très bonnes) enceintes portables. À l’opposé d’un Huawei qui copie sans vergogne le design des AirPods, Libratone propose quelque chose d’original.

Libratone Track Air+

Les Track Air+ sont composés en deux parties : le « corps », qui contient notamment la batterie, et une tige triangulaire, au bout de laquelle se situe un micro. Cette conception rend les écouteurs très discrets quand ils sont portés.

Le corps est situé dans la conque et seule la tige triangulaire dépasse de l’oreille, en direction du visage. De face, les Track Air+ sont quasiment invisibles. Il est d’ailleurs arrivé à plusieurs reprises qu’un de mes collègues m’adresse la parole sans voir que j’avais les écouteurs dans les oreilles.

Libratone Track Air+

Bien que légers (5,6 g chacun, contre 4 g pour les AirPods), j’ai trouvé les écouteurs légèrement inconfortables au début, leur corps appuyant sur le cartilage de mon oreille, mais je m’y suis fait assez rapidement et cela ne me gêne plus maintenant. Caractéristique appréciable, les Track Air+ résistent à la transpiration et aux éclaboussures (certification IPX4).

Sony WF-1000XM3

De leur côté, les Sony WF-1000XM3 ne sont pas immunisés contre l’eau et ont un design plus traditionnel, pour ne pas dire ancien. Ils rappellent les vieilles oreillettes Bluetooth avec leur corps entier qui sort de l’oreille et leur poids de 8,4 g chacun.

Sony WF-1000XM3

Sony a tout de même fait de gros progrès, les WF-1000XM3 sont plus compacts que leurs prédécesseurs, les WF-1000X, qui dépassaient encore plus des oreilles. Comparé aux autres écouteurs 100 % sans fil, ils se situent plutôt dans la moyenne en matière de discrétion. Enfin, sauf quand ils décident de clignoter en continu.

Sony WF-1000XM3 et Libratone Track Air+

Les LED présentes aux extrémités des WF-1000XM3 sont censées ne pas clignoter quand on les porte, mais pour une raison ou une autre, ce n’est pas le cas pour moi. Elles s’allument toutes les cinq secondes dans mes oreilles, ce qui est très vite agaçant quand je porte des lunettes, car la lumière se reflète dedans. Ce n’est pas le comportement attendu, les loupiotes doivent normalement rester éteintes, mais je ne suis pas le seul à m’en plaindre (voir ici, ou encore ici) et je n’ai pas trouvé comment arrêter cela.

Sony WF-1000XM3 et Libratone Track Air+

Mis à part ce souci, les WF-1000XM3 sont agréables à porter, pour peu que vous supportiez les écouteurs intra-auriculaires, évidemment. À ce sujet, ils pénètrent un peu plus dans le conduit auditif que les Libratone, ce qui leur confère une meilleure isolation passive. Autrement, je trouve que les deux tiennent aussi bien dans les oreilles — l’important, c’est de choisir l’embout le plus adapté.

Accessoires

Les Libratone Track Air+ sont livrés avec quatre paires d’embouts en caoutchouc de tailles différentes. Les WF-1000XM3 jouissent quant à eux de sept paires d’embouts, quatre en caoutchouc et trois en mousse. Avantage aux Sony, donc, plus adaptables.

De gauche à droite : boîtier des Libratone Track Air+ et boîtier des Sony WF-1000XM3

Les boîtiers des deux fabricants se rechargent en USB-C (un petit câble USB-A vers UBS-C est fourni par les deux). Le boîtier de Libratone peut en plus se recharger par induction (jusqu’à 5 W), une possibilité toujours bienvenue. Il n’a par contre pas de LED externe pour s’assurer qu’il est en charge, il faut donc vérifier cela avec la LED de son chargeur, s’il en a une.

Le boîtier des Track Air+ est quasiment deux fois plus petit et plus léger que celui des Sony. Cela comptera surtout si vous voulez le glisser dans la poche de votre pantalon. En revanche, il n’est pas aussi bien fini. Il ne fait pas « clic » comme le boîtier des WF-1000XM3 ou des AirPods quand on ferme le capot. Ce capot paraît même assez fragile, mieux vaut ne pas le brusquer.

Application et fonctionnalités

Libratone Track Air+

Comme tous les écouteurs sans fil modernes, sauf les AirPods qui ont la chance de pouvoir s’intégrer à iOS, les produits de Libratone et Sony sont accompagnés d’une application mobile. Ces applications ne sont pas indispensables stricto sensu, mais si on veut tirer parti des différentes fonctionnalités des écouteurs, il faut en passer par elles.

L’application Libratone requiert de se créer un compte Libratone si on n’en a pas déjà un. Un compte qui servira à quoi ? Le fabricant ne prend même pas la peine de l’expliquer et on n’est plus avancé une fois le compte créé.

Application Libratone

À part ce mauvais départ, l’app est simple d’utilisation. Elle comporte trois égaliseurs : neutre, « basse renforcée » (sic) et « amélioré » (aigües renforcés). On peut personnaliser les actions qui s’activent en tapotant sur chacun des écouteurs : lecture/pause ; passage de l’isolation active au son ambiant ; piste suivante ; et activation de Siri. Toutes ces commandes répondent bien.

Les écouteurs de Libratone sont normalement capables de mettre automatiquement la musique en pause quand on en enlève un de ses oreilles (et de la reprendre quand on le remet), mais depuis une mise à jour sortie fin septembre, cela ne fonctionne plus pour moi. Dommage.

Application Libratone

Concernant la réduction de bruit active, Libratone propose trois modes. En manuel, on choisit le niveau d’isolation sur 30 niveaux, 30 étant le plus élevé.

En « intelligent », la réduction de bruit active se module automatiquement en fonction de ses mouvements. Typiquement, quand on marche, les écouteurs ne poussent pas trop la réduction de bruit, afin que l’on entende toujours les voitures, vélos, trottinettes, gyropodes, hoverboards, etc. Quand on est immobile, par exemple assis dans le bus, l’isolation active est plus forte. Ce mode intelligent est plutôt bien géré, mais on peut préférer régler soi-même le niveau de l’isolation — d’où la présence du mode manuel.

Le troisième mode appelé « ambient monitoring » baisse la musique et exploite les micros intégrés pour mieux faire entendre les bruits environnants. Cette fonction marche correctement, mais je préfère encore retirer un écouteur quand j’ai besoin d’écouter quelque chose d’externe ou de parler à quelqu’un.

Sony WF-1000XM3

Les Sony WF-1000XM3 offrent une palette de fonctionnalités similaires via leur application Heaphones Connect. Cette app ne nécessite pas de compte, elle, mais je la trouve moins pratique. Le fabricant japonais a eu la drôle d’idée de placer toutes les options dans une grande liste verticale.

Comme attendu, la musique se met automatiquement en pause quand on enlève un écouteur, et elle reprend quand on le remet. Une quinzaine d’égaliseurs différents sont inclus et on peut en créer un entièrement personnalisé.

Application Sony

On dispose d’un peu moins de choix que sur les Libratone pour les actions liées aux tapotements sur chacun des écouteurs : lecture/pause ; passage de l’isolation active au son ambiant ; et activation de Google Assistant, qui ne fonctionne pas sur iOS 13.1 pour le moment. Sony liste d’ailleurs d’autres problèmes avec iOS 13.1 : impossible de changer la langue du guidage vocal lors de l’utilisation de l’app, la fonction Jumelage ne fonctionne pas, et le firmware des écouteurs ne peut pas être mis à jour. Quant à Siri, on n’a pas le choix, il s’active forcément en appuyant longuement sur l’écouteur droit. C’est moins rapide qu’un simple tapotement sur un Track Air+.

De plus, la zone circulaire qui sert aux commandes tactiles n’est pas facile à trouver à l’aveugle. Même après plusieurs jours d’utilisation, je tapote encore régulièrement à côté. A contrario, il arrive aussi souvent que je touche sans le vouloir la zone tactile quand j’enlève les écouteurs, déclenchant au passage l’action liée. Je n’ai pas ces problèmes avec les Libratone, dont les commandes fonctionnent par double tap et sur toute la tige.

Les WF–1000XM3 disposent eux aussi de trois modes liés à l’isolation active, même si l’application de Sony ne les présente pas aussi clairement que Libratone. Il y a un mode manuel, gradué de 0 à 20 (0 étant l’isolation la plus efficace) et permettant de mettre en avant les voix si on le souhaite.

Le contrôle adaptatif du son est l’équivalent du mode intelligent des Track Air+, mais Sony offre plus de latitude. On peut régler manuellement pour chaque scénario (assis, marche, course et transport) le niveau de la réduction de bruit. C’est honorable, d’autant que la détection des différents scénarios fonctionne assez bien.

Enfin, le mode bruit ambiant s’active forcément en l’assignant à la zone tactile d’un des écouteurs et il faut laisser son doigt sur cette zone pour en tirer parti. Autant retirer l’écouteur, c’est plus rapide.

Que ce soit les écouteurs danois ou japonais, aucun ne permet de contrôler le son grâce à un geste, il faut demander à Siri.

Réduction de bruit active et qualité sonore

La réduction de bruit active, c’est l’argument phare de ces deux produits. Les Libratone comme les Sony exploitent deux micros pour cette fonction, mais ils ne sont pas équipés de la même puce ni des mêmes algorithmes.

Les Track Air+ renferment le dernier système sur puce QCC5121 de Qualcomm, qui prend en charge nativement l’isolation active. Quant aux WF–1000XM3, ils font appel à la puce maison QN1e, dérivée de la QN1 qui équipe le réputé casque WH-1000XM3.

Les meilleurs pour réduire les bruits environnants sont clairement les Sony. Que ce soit pour filtrer le vacarme des voitures, le souffle d’un aspirateur ou simplement une ambiance de bureau, ils sont un cran au-dessus des Libratone.

Ils n’effacent pas complètement les bruits, les voix « passent » notamment un peu plus que le reste, mais ils les réduisent assez significativement. Mettez votre musique par-dessus, sans avoir besoin de pousser le volume fort, et vous êtes dans une bulle. On n’atteint pas encore l’efficacité d’un gros casque, mais l’encombrement n’est pas le même non plus… La performance est remarquable pour des écouteurs sans fil.

Quant aux Libratone, bien que leur isolation active ne soit pas aussi bonne, elle n’est pas anecdotique. Même inférieur, son effet se sentir : le brouhaha alentour est diminué et on profite ainsi mieux de sa musique. Si l’on compare aux AirPods, qui sont ouverts à tout vent, c’est déjà le jour et la nuit.

Même tableau pour la qualité sonore. Les WF–1000XM3 se situent un cran au-dessus des Track Air+ : ils sont à la fois plus équilibrés, plus précis et délivrent plus de basses (sans pour autant les exagérer). Ces prestations sont également excellentes dans l’absolu pour des écouteurs. Les Libratone ne déméritent pas complètement, leur qualité sonore est satisfaisante (et supérieure aux AirPods, même s’il ne s’agit pas véritablement du même type d’écouteurs).

Quant à l’utilisation pour les appels en mode mains libres, les micros des deux produits sont corrects en environnement calme, mais ne font pas de miracle quand il y a beaucoup de bruit autour.

Connexion et autonomie

Faute de puce W1/H1, les produits de Sony et Libratone ne se connectent pas aussi facilement sur les appareils Apple que les AirPods ou les derniers écouteurs et casques Beats. Si vous utilisez les Track Air+ ou les WF–1000XM3 avec un seul appareil, il n’y a pas de souci, la connexion est toujours opérante.

Les Libratone sont capricieux quand on veut les utiliser avec plusieurs terminaux. Si vous êtes en train de les utiliser sur votre iPhone et que vous voulez les basculer sur votre Mac, il faudra déjà les déconnecter de votre iPhone (en passant par les réglages du Bluetooth ou bien en coupant carrément le Bluetooth) pour ensuite pouvoir les sélectionner sur Mac. L’autre méthode, c’est de les poser dans leur boîtier et d’appuyer sur le bouton de jumelage une poignée de secondes, ce qui est tout aussi contraignant.

Les Sony s’en sortent mieux, puisqu’il n’est pas nécessaire de les déconnecter d’un appareil pour les connecter à un autre. Mais ce n’est pas encore aussi simple que les écouteurs Apple/Beats qui sont automatiquement connectés à tous les appareils liés à son compte iCloud. Autrement, la qualité de la connexion Bluetooth des Sony est bonne. Il m’est arrivé juste une fois que le son soit désynchronisé entre les deux écouteurs (le gauche était en retard sur le droit).

Les écouteurs japonais prennent en charge le codec AAC privilégié par Apple, mais pas les écouteurs danois. Ces derniers doivent donc se connecter au Mac et aux terminaux iOS avec le codec SBC de base qui est de moins bonne qualité. Concrètement, cela donne une latence un peu plus élevée sur les Track Air+, qui se sent en particulier dans les jeux rapides. Cela pose moins de problèmes sur Android, où c’est l’aptX, plus évolué et géré par les deux produits, qui est favorisé.

Concernant l’autonomie, les deux fabricants communiquent sur six heures avec réduction de bruit active, une promesse à peu près respectée. J’ai mesuré en moyenne plutôt 5 h 30 d’autonomie avec les Libratone comme les Sony, ce qui est bien. Leur boîtier de charge les remplume trois fois complètement.

Pour conclure

Les Sony WF-1000XM3 excellent là où on les attend : leur réduction de bruit active est très efficace et leur qualité sonore de premier plan. Dommage que des bugs dégradent un petit peu l’utilisation, il faut espérer qu’ils soient corrigés rapidement. Le design mastoc pourra aussi en rebuter certains.

Les Libratone Track Air+ sont en retrait sur l’isolation et la qualité sonore, mais il ne faut pas perdre de vue qu’ils sont moins chers. Bien que leur tarif reste un peu élevé en regard des prestations globales, ils présentent l’intérêt d’être très discrets et d’avoir un boîtier de charge compatible avec l’induction.

Que ce soit l’un ou l’autre, ils ne font pas complètement oublier le rêve d’AirPods à isolation active, la faute à leur connexion compliquée entre plusieurs appareils, notamment. Apple aurait justement ce type d’écouteurs en préparation, et à en juger par plusieurs indices, ils ne devraient plus trop tarder. Cela vaut peut-être le coup d’attendre si vous n’êtes pas pressé.

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