Test Asus Zenbook Duo : deux écrans, c’est mieux ?
Le Zenbook Duo est la nouvelle expérimentation d’Asus. Il s’agit d’un ultra-portable qui a la particularité de ne pas embarquer un, mais deux écrans OLED. Un format curieux qui veut bousculer nos habitudes, mais est-ce que cela apporte réellement quelque chose à l’expérience ? Notre test complet.
Asus fait partie de ces marques qui n’hésitent jamais à sortir des produits hors du commun afin d’expérimenter de nouveaux usages. Nous l’avons récemment vu avec le Zenbook 17 Fold ou encore avec le ROG Flow Z13. Sa dernière folie en date, c’est le Zenbook Duo, présenté en grandes pompes au CES de Las Vegas. Nous le testons aujourd’hui.
Il s’agit d’un ultra-portable qui dispose de deux écrans, un principal et un autre situé sur la partie clavier. Un format que nous avions déjà vu par le passé, notamment chez Lenovo avec le Yoga Book 9i, et qui ne nous avait pas vraiment convaincu. La différence ici, c’est qu’Asus inclut totalement le clavier physique dans les usages et dans le design. De quoi séduire ceux qui ont constamment besoin de deux affichages, même en déplacement ?
Ce Zenbook Duo change-t-il vraiment notre manière d’utiliser un PC ? Est-il seulement un bon ultra-portable ? C’est ce que nous allons voir tout de suite dans ce test complet.
Prix et disponibilité
Le Zenbook Duo est d’ores et déjà disponible sur le site du constructeur et chez les revendeurs partenaires. Il est vendu en trois versions :
- Intel Core Ultra 7-155H, dalle OLED 1200p 60 Hz, 16 Go de RAM, 512 Go de stockage : 1999 euros
- Intel Core Ultra 7-155H, dalle OLED 1200p 60 Hz, 16 Go de RAM, 1 To de stockage : 2099 euros
- Intel Core Ultra 9-185H, dalle OLED 1800p 120 Hz, 32 Go de RAM, 1 To de stockage : 2499 euros
Des tarifs élevés pour un ultra-portable, mais cohérents compte tenu d’un produit expérimental et avec deux dalles OLED. Signalons que pour notre test, Asus nous a prêté le modèle à 2099 euros.
Une fiche technique séduisante
L’Asus Zenbook Duo est un ultra-portable premium, de fait, il dispose d’une fiche technique de haute volée. Notre modèle de test embarque un processeur Intel Core i7 155H épaulé par 16 Go de RAM, ainsi que deux dalles OLED de 14 pouces d’une définition de 1920 x 1200 pixels avec un taux de rafraîchissement de 60 Hz. Les deux écrans sont strictement identiques.
Asus Zenbook Duo 2024 | |
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Ecran | OLED tactile de 14 pouces 2880 x 1800 pixels 120 Hz X2 OLED tactile de 14 pouces |
Dimensions | 31,35 x 21,79 x 2 cm |
Poids | 1,65 kg avec le clavier, 1,35 kg sans |
CPU | * Intel Core Ultra 7 155H * Intel Core Ultra 9 185H |
GPU | Intel Arc Graphics |
RAM | 16 ou 32 Go |
Stockage | 512 Go ou 1 To |
Connectique | – 1 x USB-A 3.2 – 2 x Thunderbolt 4 – 1 x HDMI 2.1 – 1 x port Jack 3.5 mm |
Prix | A partir de 1999 euros |
La version la plus haut de gamme, pour sa part, est équipée d’un processeur Intel Core Ultra 9 185H ainsi que de deux dalles 3K en 120 Hz.
Un design qui sort des sentiers battus
Quand on le regarde alors qu’il est fermé, le Zenbook Duo ressemble à n’importe quel ordinateur premium d’Asus. Le capot en aluminium bleu nuit reprend le design de la gamme, épuré avec seulement le logo premium de la marque taïwanaise, ce A aux faux airs d’emblème de Starfleet. Mais il ne faut pas s’y tromper : le Duo n’est pas un Zenbook comme les autres.
Bien évidemment, sa particularité réside dans la présence de deux écrans. Deux dalles OLED de 14 pouces. La première est placée à l’endroit habituel, tandis que la seconde vient se loger sous le clavier physique modulable. Concrètement, elles se referment l’une sur l’autre, un format que nous avions déjà vu sur le Lenovo Yoga Book 9i. A la différence de son concurrent, Asus a choisi d’intégrer le clavier dans son design.
Le Duo dispose en effet d’un clavier physique détachable. Par défaut, il est connecté au PC via un port propriétaire. En le retirant, il le reste en Bluetooth et cela permet de profiter des deux écrans. De fait, plusieurs utilisations s’offrent à nous : laptop classique, deux écrans en mode portrait ou en mode paysage selon la manière dont on incline le Zenbook Duo. L’idée n’est pas d’offrir un grand affichage, comme c’était le cas sur le Zenbook Fold (dont il reprend le format), mais bien du dual screen. Exemple type : vous écrivez sur la dalle gauche tout en laissant une vidéo sur la droite. Pratique !
Pour utiliser le mode portrait (les deux dalles l’une par-dessus l’autre), Asus a pensé à inclure un pied pivotant à 90 degrés sous le châssis. Une excellente idée !
Et concernant le transport ? L’un des gros défauts du PC de Lenovo était que le clavier physique ne trouvait pas sa place dans le design, obligeant l’utilisateur a le trimballer à part. Sur le Zenbook Duo, les choses sont différentes, puisqu’il se glisse entre les deux dalles quand le PC est fermé. Certes, cela augmente l’épaisseur du produit (deux centimètres, c’est énorme pour un ultra portable), mais c’est un sacrifice nécessaire pour un transport aisé. Une idée simple, mais bonne.
Cependant, le « corps » du PC n’est pas très épais (moins d’un centimètre) et limite donc sa connectique au strict minimum. Nous avons deux ports Thunderbolt 4, un port USB 3.2 Type-A ainsi qu’un port HDMI 2.1 en plus du traditionnel port Jack. Soit une connectique suffisante pour le travail nomade ou au bureau.
Parlons du point faible du Duo : son clavier. Dans sa conception, il rappelle furieusement celui des Surface Pro avec son corps extrêmement fin. Ici, on regrette une course trop longue ainsi qu’une résistance quasi-absente, ce qui ne rend pas la frappe très agréable. Si écrire en position classique (sur l’écran du bas, donc légèrement surélevé) passe encore, l’utiliser à plat n’est pas vraiment appréciable. Pour corriger ce problème, on aurait aimé des petits pieds rétractables pour le surélever légèrement. Un détail qui aurait pu tout changer.
Signalons qu’il n’y a pas de capteur d’empreintes dans ce clavier détachable. Asus a fait le choix de la reconnaissance faciale via Windows Hello. Elle se montre extrêmement efficace, même quand l’écran est en mode portrait. Rien à redire.
Proposer deux écrans plus un clavier alourdi inévitablement la machine. Sur la balance, elle accuse 1,7 kilo (avec le clavier). Il faut ajouter à cela les 350 grammes du chargeur. Pour un ultra-portable, cela commence à faire lourd ! Néanmoins, ce poids reste acceptable pour un transport quotidien (nous l’avons trimballé partout pendant une semaine). On aurait toutefois aimé la présence d’une sacoche de protection dans la boîte pour le protéger des rayures et des chocs, surtout à ce tarif.
S’il sent encore l’expérimentation sur certains aspects, comme le clavier décevant ou le poids global assez lourd, ce Zenbook Duo est un premier jet réussi pour ce format, du moins au niveau du design. On salue les finitions impeccables ainsi que l’inclusion maligne du clavier. Pour ce qui est de l’usage, nous y reviendrons plus bas. Avant tout, place aux analyses techniques !
Un duo d’écrans très bien calibré
Notre Zenbook Duo dispose de deux écrans parfaitement identiques. Nous avons deux dalles OLED tactiles de 14 pouces d’une définition de 1920 x 1200 pixels (format 16 :10) avec un taux de rafraîchissement de 60 Hz. Notons que le modèle haut de gamme, pour sa part, embarque des dalles 3K avec un taux de rafraîchissement de 120 Hz.
Nous avons évidemment effectué nos mesures sur les deux dalles et nous avons obtenu les mêmes résultats. OLED oblige, le contraste est quasi-infini, ce qui apporte une vision parfaite des nuances de gris, des blancs éclatants ainsi que des noirs profonds. La luminosité, en revanche, n’est pas à la fête. Nous atteignons 400 cd/m² au maximum, ce qui est trop juste pour travailler dehors par jour de grand soleil. Il faut ajouter à cela un traitement des reflets inexistant.
La température des couleurs est, par défaut, très maîtrisée, puisqu’elle affiche 6500K, soit la norme vidéo. Sur une page blanche, le Duo ne tire ni vers le rouge, ni vers le bleu. Dans le logiciel MyAsus, qui permet de piloter son PC, il est possible de changer de profil de couleurs et tous sont bons. Le mode Vif, par exemple, affiche un Delta E moyen à 2,3 (en-dessous de 3 étant très bon) avec des rouges, bleus, jaunes et surtout verts exagérés afin de donner plus d’impact à l’image. Le mode sRGB, pour sa part, apporte des coloris naturels avec un Delta E moyen à 1,8. Toutes les couleurs affichées sont respectées et c’est celui-ci qu’il faudra choisir pour travailler ses photos. En résumé, nous avons deux dalles extrêmement bien calibrées, mais qui auraient gagné à être plus lumineuses.
Dernier point, on notera le retour d’Asus OLED Care, une technologie qui permet de rallonger la durée de vie de la dalle en bougeant légèrement les pixels (ce qui est invisible) et en activant un économiseur d’écran dédié. On apprécie.
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Pour l’audio, en revanche, c’est une autre paire de manches. Les hauts-parleurs, situés sous le châssis, délivrent un son médiocre, peu équilibré et qui manque cruellement de médiums et de bas médiums. Conséquence, nous avons l’impression d’avoir une veille radio fatiguée. Aie.
Un PC puissant qui gère bien sa chauffe
Notre Zenbook Duo dispose d’un processeur Intel Core Ultra 7 155H épaulé par 16 Go de RAM. Pour rappel, les processeurs Ultra misent sur l’IA, mais la chose sent encore plus l’argument marketing qu’autre chose à l’heure où nous écrivons ces lignes, mais il faudra déterminer réellement tout ça avec les usages, et le temps.
Malheureusement, notre modèle de test a refusé purement et simplement de lancer le moindre benchmark Futuremark, plantant systématiquement au démarrage. Un verrouillage que nous constatons régulièrement sur les PC de la marque. Heureusement, les autres bench de notre panel nous premettent d’avoir une idée précise de la puissance du Duo. Sans surprise, le CPU semble légèrement bridé pour des questions thermiques. Si on le compare au Zenbook OLED 14 testé il y a peu dans nos colonnes et disposant du même processeur, nous sommes légèrement en-dessous. Mais à l’usage, nous avons tout de même quelque chose de performant, que ce soit dans les logiciels gourmands comme Photoshop (où l’IA est mise à contribution), ou encore dans la décompression de gros fichiers.
Le processeur est accompagné par un eGPU Intel Arc. Ce dernier apporte un coup de pouce graphique aux PC qui n’ont pas de GPU intégré. Il permet même, dans une moindre mesure, de s’amuser entre deux sessions de travail. Par exemple, Diablo 2 Resurrected avec les graphismes en moyen atteint les 35 images par seconde. World of Warcraft avec les paramètres graphiques à 6 sur une échelle de 10 dépasse les 40 images par seconde. Même Baldur’s Gate 3, avec les graphismes réglés au minimum, arrive à tenir entre 25 et 30 images par seconde !
Lorsqu’on le met à rude épreuve (avec Baldur lancé, par exemple), on constate que le PC reste relativement silencieux, ne dépassant pas les 40 décibels. De fait, il faut vraiment tendre l’oreille pour percevoir le souffle. La gestion de la chauffe est intéressante à analyser. Les composants sont situés sous le deuxième affichage, qui se montre donc chaud en surface (41 degrés, ce qui est acceptable). Avec le clavier posé dessus, la chauffe est imperceptible.
L’air est, pour sa part, expulsé sur les côtés. Si cela peut être gênant sur un PC de jeu (vu que l’utilisateur branche une souris externe), ce n’est pas vraiment un souci ici. A l’intérieur, le CPU stagne à 60 degrés tandis que l’eGPU atteint 76 degrés. Une bonne gestion de la chauffe, donc.
Le Zenbook Duo est doté d’une batterie de 75 Whr qui offre une excellente autonomie. Lorsque nous utilisons le PC de manière classique, donc avec un seul écran, nous dépassons les 13 heures en lecture de vidéo en streaming, c’est excellent ! Avec le clavier retiré et les deux écrans allumés, nous atteignons sans souci les 9 heures ! Pour du travail bureautique, on peut ajouter trois à quatre heures selon les usages. Lors de notre semaine de test, nous avons utilisé le dual screen pratiquement tous les jours au bureau, tout en laissant le chargeur à la maison. Au moment de repartir, il nous restait encore plus de 40%. Un excellent point !
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Une partie logicielle pensée pour le dual screen
Comme sur tous les PC Asus, le Zenbook Duo est équipé avec la traditionnelle suite du constructeur : Glide X, Screen Expert et MyAsus. Ce dernier logiciel est le plus important, puisqu’il sert de HUB à votre ordinateur. C’est par lui que vous pouvez gérer le profil de couleurs des écrans, la ventilation ou encore les mises à jour système. Une application indispensable et appréciable, même si -Asus oblige- elle se perd souvent dans des menus et sous menus inutiles.
Evidemment, la partie logicielle suit le format très particulier du PC. Sur ce point, Asus est allé au plus simple : les deux dalles sont gérées comme si c’était deux affichages séparés, à la manière d’un portable sur lequel qu’on aurait branché sur un écran externe. De fait, il n’est pas possible de se servir de la totalité des deux écrans pour afficher une application en entier, qui serait de toute manière coupée par l’épaisse charnière. Nous ne sommes pas du tout dans la même optique qu’un Zenbook 17 Fold.
Mais deux écrans, cela reste un défi à gérer, surtout sur un format aussi inédit. Encore une fois, le constructeur fait dans la simplicité. Le format portrait ou paysage s’adapte parfaitement au sens dans lequel est placé le PC grâce au gyroscope et un menu en surbrillance vous demande sur quelle dalle afficher une fenêtre si vous la bougez. Tout est intuitif, simple et pratique.
La dalle inférieure peut aussi servir de clavier virtuel en cas de besoin, avec touches et trackpad prenant tout l’affichage. De même, l’Asus Dial, cette molette qui permet d’attribuer des fonctions dans certains logiciels, est de retour. Le tout se gère via le logiciel ScreenXpert. Sur le papier, c’est sympathique… mais dans la pratique, un peu moins. Avez-vous déjà essayé de taper sur un clavier virtuel de PC, même avec un bon retour haptique comme ici ? Conséquence : on a tôt fait de reprendre le clavier physique.
Comme nous le disions dans la première partie, ce clavier physique se connecte via un port propriétaire lorsqu’il est posé sur l’écran et passe automatiquement en mode Bluetooth quand il est détaché (à condition qu’il soit activé, évidemment). Dans les faits, la transition d’un mode à l’autre se fait sans accrocs, de la manière la plus simple du monde. En une semaine de test, nous n’avons jamais eu de souci de ce côté-là. En revanche, la première connexion entre le clavier et le PC ne se fait pas automatiquement et peut se montrer laborieuse : notre Zenbook a rencontré des difficultés à reconnaitre son clavier sans fil.
En résumé, Asus s’est contenté d’aller au plus simple pour la partie logicielle de son Zenbook Duo, et cela a du bon. On passera pudiquement sur le clavier virtuel et l’Asus Dial tactile, peu pertinents à l’utilisation.
Deux écrans, vraie plus-value ou fausse bonne idée ?
Reste maintenant à répondre à la question cruciale : deux écrans, est-ce que cela change vraiment la vie ? Après une semaine à travailler presque exclusivement sur le Duo, la réponse est oui, mais pas un oui catégorique.
De manière naturelle, nous avons partagé l’usage entre les deux modes : le mode laptop et le mode dual screen. Le premier est un classique, indétrônable, idéal pour bosser sur nos genoux ou à la terrasse d’un café. Mais lorsqu’on se pose à un endroit pour travailler durablement, comme à la rédaction, la présence des deux dalles représente un vrai plus. Curieusement, c’est le positionnement en mode portrait qui nous a séduit, idéal pour écrire. Une fois le test terminé, revenir à un laptop classique et devoir brancher un écran externe pour étendre l’affichage nous a paru archaïque.
On apprécie tout particulièrement ce design qui a pensé à intégrer directement le clavier dans l’ordinateur. Une fois la journée terminée, il suffit de le glisser entre les deux écrans, puis le PC dans notre sac comme on le ferait avec n’importe quel autre ultra-portable. Un excellent point lorsqu’on a testé la concurrence, qui négligeait l’encombrement.
Cependant, malgré tous ces usages et ces qualités, nous ne sommes pas séduits à 100%, et ce pour une raison simple : le Duo manque un poil de confort. Cela est notamment dû au clavier, pas franchement agréable à l’usage, et au manque de luminosité des dalles. Bref, un bon produit, un format qui a énormément de potentiel, mais qui sent encore un peu l’expérimentation.