Tempête Alex dans les Alpes-Maritimes : A Tende, « ça ressemble à des scènes de guerre par endroits » – 20 Minutes

Le long de la Roya, des maison sont éventrées — M. Bernouin / ANP / 20 Minutes
  • Un pont aérien s’organise pour ravitailler le village de Tende en eau et produits de première nécessité et évacuer les personnes qui le requièrent.
  • Les habitants sont encore sous le choc de la violence des intempéries et se sentent parfois abandonnés.

Quatre jours après les torrents d’eau boueuse, ce sont des larmes de joie qui coulent sur les joues de Marlène. Devant le Prieuré de Saint-Dalmas-de-Tende ( Alpes-Maritimes), elle vient de croiser « sa sœur de cœur ». Les deux jeunes femmes se tombent dans les bras. Elles étaient sans nouvelle l’une de l’autre depuis la catastrophe.

Retrouvailles intenses à Tende après des moments d'inquiétude
Retrouvailles intenses à Tende après des moments d’inquiétude – M. Bernouin / ANP / 20 Minutes

Dans ce hameau de la haute Roya, encore coupé du monde mardi, des maisons et une partie du vieux cimetière ont été emportés dans la nuit de vendredi à samedi, au plus fort de la tempête Alex. « A un moment l’eau est entrée dans la maison, raconte Marlène, j’ai eu peur, j’ai un bébé de deux mois. On a profité d’une accalmie pour aller se réfugier chez un ami. Maintenant, on va prendre les renseignements pour voir si on se fait rapatrier, mais on n’a pas envie d’abandonner les autres. »

« Nous avons vécu un bombardement ! »

Les évacuations par les airs ont commencé pour les malades et les plus fragiles depuis une « drop zone » improvisée à côté de la mairie de Tende, que l’on peut rejoindre depuis Saint-Dalmas en 4×4, à vélo ou à pied.

« C’est un pont aérien sanitaire, il a fallu gérer quelques urgences, maintenant ça va mieux » résume Morgan Milano, responsable de la pharmacie de l’hôpital de Tende. « Nous sommes en train de rapatrier dans les établissements de Menton les 70 pensionnaires de l’Ehpad ».

Ce mardi midi, quinze personnes, parmi lesquelles des enfants en bas âge, s’envolent à bord d’un Puma de l’armée. Dans le vacarme du décollage, talkie-walkie à la main, le maire de Tende attend son hélicoptère pour livrer en mains propres cette radio aux habitants d’un hameau isolé, où le téléphone ne passe toujours pas.

« Nous avons vécu un bombardement !, témoigne Jean-Pierre Vassalo. À partir de 23 heures vendredi, la pluie s’est accentuée et les maisons partaient les unes après les autres. » La Roya en furie arrache tout sur son passage, Tende et ses 2.000 habitants se retrouvent plongés dans le noir.

« Réparer la ligne 20.000 volts »

Depuis, l’électricité revient petit à petit, et avec elle le réseau téléphonique. Ce mardi, Enedis a encore mobilisé six hélicoptères pour monter cinquante techniciens et du matériel jusqu’à Tende. Les groupes électrogènes sont en place, mais il faut encore réparer la ligne 20.000 volts emportée avec les ponts et la chaussée.

Enedis s'emploie à rétablir le courant là où les câbles d'alimentation ont été arrachés par les inondations
Enedis s’emploie à rétablir le courant là où les câbles d’alimentation ont été arrachés par les inondations – M. Bernouin / ANP / 20 Minutes

Le courant devrait être rétabli partout en quelques jours, mais il faudra des mois pour remettre en état la route. Pour les Tendasques, comme pour tous les habitants de la Roya, l’espoir est du côté du chemin de fer, dont la voie a été presque épargnée. « Plus que jamais, confie une habitante, c’est notre ligne de vie ».

« Nous avons été oubliés »

Ici, beaucoup se sont sentis abandonnés. Ils ont vu les villages de la Tinée et de la Vésubie à la télévision, les élus sur place. Et ont trouvé le temps long avant de voir arriver les premiers hélicoptères. « Nous avons été oubliés alors que nous sommes la vallée la plus durement touchée ! » reprend Carole.

Le village de Tende n'est pas accessible par la route, ni en train
Le village de Tende n’est pas accessible par la route, ni en train – M. Bernouin / ANP / 20 Minutes

« Zéro hélico, zéro contact jusqu’à samedi soir. Vingt-quatre heures, vous vous rendez compte ? C’est grâce aux radios des agents du parc du Mercantour que nous avons pu joindre les gendarmes du PGHM, affirme cette habitante de Tende. Aujourd’hui on a vraiment besoin des autorités, qu’ils fassent leur travail ! »

Désormais les communications téléphoniques passent – avec certains opérateurs du moins –, l’électricité revient progressivement, l’eau courante aussi, un pont aérien s’organise mais pour certains, le mal est fait. « Il y a énormément de gens qui sont en détresse psychologique, observe Samia Lahya, médecin référent à la cellule médico-psychologique du Vaucluse, venue en renfort dans les Alpes-Maritimes. Ça ressemble à des scènes de guerre par endroits, c’est une situation de grande catastrophe. » Le président de la République Emmanuel Macron est attendu ce mercredi après-midi dans ces vallées isolées.

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