TEMOIGNAGES. Mercredi, ils resteront confinés : “On ne retournera pas au cinéma tant que tout le monde ne sera – franceinfo

“J’ai peur de cette cohue, j’ai peur qu’on n’ait tiré aucune leçon de l’an dernier.” Catherine, infirmière nantaise, n’ira pas boire un verre en terrasse mercredi 19 mai, date de la nouvelle étape du déconfinement.

Alors que de nombreux commerçants préparent la réouverture des établissements après plusieurs mois de restrictions, des consommateurs inquiets de la situation sanitaire préfèrent jouer la prudence. A l’image de Catherine, vous avez été plus de 200 à répondre à l’appel à témoignages de franceinfo pour expliquer les raisons de votre choix.

Beaucoup s’inquiètent surtout d’une réouverture interprétée comme la fin totale des restrictions sanitaires. Certes, des mesures demeurent en place : des jauges sont prévues pour limiter le nombre de personnes présentes et s’assurer de la distanciation physique. Mais plus d’un craint un relâchement de la population dans ces lieux de brassage et une reprise de l’épidémie dès l’été.

Des comportements observés dans certains pays où les restrictions ont été levées sont parfois cités en exemple. Frédérique, qui vit dans le Doubs, raconte ainsi avoir constaté des dérives de l’autre côté de la frontière, en Suisse : “Il y avait la possibilité d’être en terrasse, mais on a renoncé à s’y rendre, tant il y avait du monde. Tous ne portaient pas le masque, et les distances n’étaient pas respectées. Ça ne me rassure pas sur la tournure des événements ici”, avertit la gestionnaire administrative de 64 ans.

Professeur des écoles en Normandie, Stéphane se veut très pointilleux. Avec son épouse, Céline, et leurs enfants, pas question de se retrouver au milieu d’un trop grand nombre de personnes. “On ne retournera pas au cinéma tant que tout le monde ne sera pas vacciné. Avec un pass sanitaire, on l’aurait fait. Mais cette situation est dure à vivre, nos enfants pâtissent de nos choix.” Depuis un an, plus de soirées pyjama avec les copains ou d’anniversaires fêtés entre amis. Stéphane et Céline limitent au maximum leurs fréquentations, pour ne pas faire circuler le virus.

L’enseignant de 44 ans se dit “heurté par le comportement de certains” qui “retirent leur masque dès qu’ils le peuvent, sans se préoccuper des autres”. “Nous aussi, on en a marre. J’aimerais bien retourner au cinéma ou dans un bar. Mais je sais que les protocoles ne seront pas respectés”, se désole-t-il.

“Je comprends les restaurateurs qui ont envie de reprendre, mais ce n’est pas ma priorité”, complète Catherine. “Il y a des activités qui, au départ, vont me faire un peu peur, en présence d’autant de monde. Je ne serai pas totalement rassurée, même en étant vaccinée.”

“C’est trop tôt selon moi. Il faut attendre au moins jusqu’à l’été.”

Catherine, infirmière

franceinfo

Valentin, 20 ans, pâtissier dans la station de ski de Val-Thorens (Savoie) va lui aussi rester prudent. “Avec mes amis, on a peur de se contaminer, on va reprendre le travail début juin, ce n’est pas le moment d’attraper le Covid”, confie-t-il à franceinfo. Pas encore prioritaire pour la vaccination, même si elle est ouverte à tous dans les centres où il y a des doses en surnombre, il souhaite également préserver ses proches. “Avec le vaccin, j’aurais osé beaucoup plus.”

Pour certains, ce sont même des mesures strictes, proches de celles décidées en mars 2020, qui restent d’actualité. Alain, 70 ans, et son épouse s’occupent au quotidien de leur fils de 43 ans, atteint d’un lourd handicap neuromusculaire. Ils vivent confinés depuis le début de la crise sanitaire dans leur pavillon de Seine-et-Marne et ne sortent que pour faire les courses, “privilégiant le drive”.

Malgré le vaccin, ils craignent d’être tout de même affaiblis s’ils contractent le virus : “Nous prendrions le risque de ne pas être en capacité de nous occuper de notre fils, en plus de le contaminer”, explique Alain. Les infirmières et aides-soignantes qui se déplacent chez eux chaque jour ont été nombreuses à souffrir du Covid-19, une difficulté supplémentaire pour le couple. “Ça a été une charge, on a dû les remplacer auprès de notre fils, c’était très lourd.”

Pour d’autres Français, les restrictions ont été l’occasion de prendre du temps pour eux, bien loin de la foule. Dès lors, ils entendent en faire de même après la réouverture des restaurants, cinémas et autres musées. “J’ai pris plaisir à me retrouver chez moi, dans mon petit univers, en consacrant plus de temps à mes activités habituelles, comme la lecture ou les balades en plein air”, assume Céleste, 54 ans.

Du côté des étudiants, la période des examens approche et cette réouverture des terrasses n’intervient pas au meilleur moment : “Je n’accorde aucune importance au fait d’y aller le jour J. Je préfère me concentrer sur mes examens”, assume Fleur, étudiante strasbourgeoise de 21 ans. Plutôt introvertie, elle attendra d’en avoir terminé avec son année de licence pour s’offrir une séance de cinéma ou un café en plein air. “Ce n’est l’affaire que de quelques jours ou semaines”, relativise-t-elle.

Pour autant, plusieurs personnes interrogées par franceinfo comptent bien avoir une vie sociale… chez elles. “On va recevoir nos enfants pendant leurs congés. Mais on fera attention, on portera le masque en dehors des repas, on gardera nos distances”, assure Frédérique. Même programme chez Stéphane, qui a été vacciné. Il n’hésitera pas à faire tomber le masque pour recevoir “en extérieur” des “amis eux aussi vaccinés”. Plutôt que de retrouver les commerces et les bars, Catherine espère avant tout pouvoir se débarrasser le plus vite possible des restrictions sanitaires pour se réunir avec ses proches “sans distanciation et sans masque”.

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