Télétravail : « On passe de 40 m2 à Malakoff à 110 m2 à Marseille »

Télétravail : « On passe de 40 m2 à Malakoff à 110 m2 à Marseille »

Malakoff (92). C’est un goûter estival en forme de petite fête d’adieu pour ces Parisiens qui viennent de sauter le pas. A la rentrée prochaine, ils seront marseillais, et habiteront dans trois fois plus d’espace. Cerise sur le gâteau, ce couple conserve – pour l’instant – ses emplois et rémunérations parisiennes.

« On a réussi à travailler à trois dans 40 mètres carrés, donc c’est sûr qu’on va y arriver avec encore plus de facilité dans 110 mètres carrés », sourit ce consultant en référencement web pour les grandes entreprises. « En plus, on passe d’un quartier assez populaire à l’un des meilleurs arrondissements de Marseille », dit-il. Sa fille de 4 ans est déjà inscrite dans sa future école.

Les confinements successifs ont été un déclencheur de ce projet de migration géographique et sociale. « Ca fait longtemps que je réfléchis à ça. Je suis dans un secteur où il est tout à fait possible de travailler de chez soi. Le confinement n’a fait que me rassurer sur ce point », explique-t-il. « Faire du conseil SEO, ça peut se faire de n’importe où, à condition d’avoir une bonne connectivité. »

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« 30 % des DRH sont confrontés à des salariés qui ont déménagé pour changer de ville, et qui les mettent devant le fait accompli »

« Ca ne devrait pas poser de problème avec mon employeur. Il est au courant, ça va bien se passer », se rassure-t-il aussi. De fait, nombre d’employeurs ne sont pas au courant des velléités de départ, voire des départs effectifs, de leurs collaborateurs. « 30 % des DRH sont confrontés à des salariés qui ont déménagé pour changer de ville et qui les mettent devant le fait accompli », mentionnait hier dans Le Parisien Audrey Richard, présidente de l’ANDRH (Association nationale des directeurs des ressources humaines).

Car, pour nombre de candidats au départ en province, le fait de déménager en conservant son emploi, et son salaire parisien, permet de sauter le pas d’autant plus facilement. C’est même très souvent une condition obligatoire.

En 2019, l’Apec mentionnait une différence de rémunération de 5 000 € entre les cadres parisiens et les cadres exerçant en province.

« Je me suis rendu compte que mes collègues ne me manquaient pas du tout en fait »

« J’ai fait l’expérience du télétravail avec le confinement », explique de son côté Claudia, qui travaille pour une plateforme d’assistance. « Je me suis rendu compte que mes collègues ne me manquaient pas du tout en fait. Le fait de communiquer en ligne avec eux est amplement suffisant. »

« De tout temps, le contact avec mes clients s’est fait à distance. C’est la nature même de mon travail. Donc là, avec le confinement, je me suis rendu compte que c’était tout à fait possible de le faire depuis chez moi. »

« Je me suis aussi aperçue que certains ragots de machine à café, à propos de clients par exemple, nuisaient à l’image que l’on s’en faisait », explique-t-elle aussi. Avec le travail à distance et les outils numériques, les relations sont plus basées sur le factuel, la toxicité potentielle d’un open space disparaît. Ailleurs, le ressenti est toutefois très différent.

Conserver « une dynamique d’entreprise »

« Oui, c’est sûr que le télétravail fait que l’on perd en réactivité sur certaines parties du travail d’équipe. Mais le gain est tel que je trouve que c’est néanmoins gagnant », juge-t-elle. Reste que les règles du télétravail vont changer, et il faudra faire avec. « Là, on vient d’évoquer le fait de revenir deux jours en présentiel au travail. Je vais voir comment je vais pouvoir gérer cela avec mon employeur. »

De fait, à partir de mercredi 9 juin, le télétravail à 100 % ne sera plus la norme pour les salariés qui pouvaient réaliser l’ensemble de leurs tâches à distance. Le nouveau protocole sanitaire entre en vigueur et les salariés vont devoir reprendre peu à peu le chemin des entreprises. En clair, un « nombre minimal de jours de télétravail par semaine » doit être fixé par l’employeur.

L’enjeu de cette nouvelle organisation, et dans de nombreuses organisations on s’oriente vers deux jours à la maison et trois au travail, est de conserver « une dynamique d’entreprise », et de limiter le départ des salariés.

« Il n’y aura pas de retour en arrière possible »

« Il n’y aura pas de retour en arrière possible. L’organisation de demain sera forcément hybride, entre travail en présentiel et à distance. D’ailleurs, le détail des accords de télétravail est aujourd’hui scruté par les candidats lors des entretiens », indique Audrey Richard dans Le Parisien.

Mais, pour ce faire, c’est une grande partie de l’organisation interne qu’il faut revoir. Organisation des équipes, redéfinition des métiers, et surtout adaptation des rôles des managers et des encadrants intermédiaires.

« Je me demande bien pourquoi je reviendrais au bureau », témoigne ce webmaster, ami du couple sur le départ pour la cité phocéenne. « Avec les transports en commun, je ne suis pas à pied d’œuvre avant 9h45. Chez moi, je commence tous les jours à travailler à 9h05. »

Nombre de DRH, de leur côté, reconnaissent cela. La productivité des collaborateurs à domicile n’est plus un sujet.

Dans un grand groupe, les feuilles de présence sur site ont été réactivées cette semaine, mais uniquement pour s’assurer que les jauges sont respectées.

Pour aller plus loin sur ce sujet :

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