Télésurveillance médicale : Un dispositif attirant, mais un cadre légal encore à définir

Télésurveillance médicale : Un dispositif attirant, mais un cadre légal encore à définir

Les outils et solutions numériques en santé ont beaucoup évolué ces dernières années, et particulièrement au cours des 18 derniers mois dans le contexte de la pandémie, où des patients atteints de maladies chroniques ou de la Covid-19 ont pu être accompagnés de chez eux dans leur thérapie, et être surveillés sur une base régulière à distance.

Alors que la téléconsultation est devenue une pratique plus courante, la télésurveillance médicale est plus délicate à mettre en œuvre, car elle mobilise tout le parcours de soin, en même temps qu’elle entraîne une revalorisation des actes médicaux et fait naître de nouvelles perspectives industrielles.

Des expérimentations courent depuis sept ans dans le cadre du programme “Etapes”, mais celui-ci arrive à son terme à la fin de l’année 2021. Dans l’intervalle, le ministère de la Santé planche sur un modèle de prise en charge de la télésurveillance, et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 pourrait bien servir de prétexte à l’établissement d’un nouveau cadre.

C’est en tout cas ce qu’espère le Snitem (Syndicat national de l’industrie des technologies médicales), qui appelle de ses vœux une introduction de la télésurveillance dans le droit commun. La semaine dernière, son think tank “Numérique, DM et santé” a présenté une liste de recommandations en la matière. « Nous avons bon espoir que la télésurveillance médicale entre en droit commun et que les dispositifs de la loi de santé, cette année, mettent en œuvre les dispositions nécessaires », a déclaré Lucile Blaise, membre du think tank, et vice-présidente Europe de l’Ouest chez Resmed, à ZDNet.

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Des améliorations sur le volet organisationnel

Les expérimentations en matière de télésurveillance médicale se limitant à cinq pathologies chroniques pour l’heure (insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, insuffisance respiratoire, diabète et télésurveillance des prothèses cardiaques implantables), le Snitem préconise en outre un élargissement du cadre.

D’autant que les expérimentations se sont révélées « riches d’enseignements », justifie Lucile Blaise. Elle soutient que la télésurveillance entraîne un cercle vertueux sur le plan « organisationnel », à commencer par le partage des informations entre professionnels de santé, la transmission des données d’accompagnement sur le long cours ou encore la capacité à générer des alertes.

La télésurveillance médicale est aussi source d’avancées sur le plan médical, renchérit Lucile Blaise. Les professionnels de santé ont accès à un historique des données qui vient « enrichir l’information sur la prise en charge du patient, et peut être un vecteur d’alerte en temps et en heure », assure la spécialiste.

« En termes d’accessibilité aux soins, nous savons aujourd’hui que le vieillissement de la population, la désertification médicale et la multiplication des pathologies chroniques sont une réalité. Donc il est urgent de se poser la question de l’optimisation de la ressource. En cela, le digital apporte un moyen technique d’optimiser les ressources en santé » analyse Lucile Blaise.

Valorisation de la donnée et recours à l’IA

La généralisation de la télésurveillance pose aussi la question de la donnée disponible. « Ce passage en droit commun de la télésurveillance médicale, que nous appelons de nos vœux, peut créer une infrastructure unique pour favoriser l’échange de données, et créer un socle technologie pour favoriser ce partage d’informations, et l’optimisation du passage des soins à distance quand c’est possible », note Lucile Blaise.

L’intelligence artificielle et le machine learning, qui font beaucoup parler d’eux dans le monde de l’imagerie médicale notamment, sont attendues au tournant. A titre d’exemple, l’AP-HP a déployé la plateforme Implicity dans huit de ses structures, pour le télésuivi des patients porteurs de dispositifs cardiaques implantables. La start-up Implicity a officialisé en début d’année une collaboration de recherche avec le Health Data Hub, pour développer un algorithme de prédiction des épisodes aigus d’insuffisance cardiaque avec hospitalisation, basé en partie sur les données de suivi transmises par les dispositifs cardiaques implantables.

« Derrière ce nouveau mode organisationnel, on crée un espace où l’on va pouvoir évoluer vers des innovations de rupture parce qu’on va collecter des données », constate Lucile Blaise.

En même temps que ces innovations technologiques se développent, le monde médical devrait aussi accueillir de nouveaux métiers, indique Lucile Blaise : « pour gérer ces données, ce sont de nouvelles compétences métiers qu’il faut développer et accompagner, au niveau des infirmiers et de toutes les structures qui accompagnent les patients ».

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