Télémédecine : défis en matière de confidentialité et de sécurité

Télémédecine : défis en matière de confidentialité et de sécurité

Dans certains établissements, entre 40 % et 50 % des interventions “non-urgentes” ont également été déprogrammées à cause de l’afflux de patients lié à l’épidémie. Au travers de ces adaptations, l’objectif a été de réduire l’exposition des professionnels et de leurs patients au virus.

Bien entendu, en période de pandémie, les individus ont plus que jamais besoin d’accéder aux soins de santé. C’est pourquoi, de plus en plus de professionnels de santé et de patients se sont tournés vers la télémédecine. Selon un sondage réalisé par l’institut Odoxa pour l’Agence du Numérique en Santé (ANS), le recours à celle-ci a été multiplié par trois auprès des patients français, et ces derniers seraient parmi les plus favorables en Europe à son sujet.

La réussite de Doctolib, avec son application à destination des médecins et de leurs patients, illustre également ce phénomène. La start-up française est en effet aujourd’hui valorisée à plus d’un milliard d’euros et s’est imposée comme un acteur incontournable dans le domaine de la santé numérique en Europe.

Les technologies qui donnent aux médecins la possibilité de diagnostiquer et de traiter les patients sans contact physique sont une véritable aubaine à l’heure actuelle. Selon toute vraisemblance, bon nombre des protocoles mis en place aujourd’hui survivront de loin à la pandémie. Toutefois, pour que ces changements se concrétisent, il est essentiel que les prestataires de soins médicaux mettent en œuvre la télémédecine sans sacrifier la confidentialité et la sécurité des patients.

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Le coronavirus a révolutionné la télémédecine

Pendant des décennies, la télémédecine n’a pas réussi à s’imposer, y compris en France, principalement en raison de problèmes de confidentialité et de sécurité des données. Mais le coronavirus a fait fi de ces préoccupations et a ouvert les portes à une reconsidération, attendue depuis longtemps, des avantages offerts par les soins de santé à distance. 

Certes, la prestation de soins à distance présente des inconvénients, parce qu’il est notamment impossible de palper ou d’ausculter un patient. Mais la technologie moderne permet de procéder à des examens relativement complets, offrant aux médecins la possibilité par exemple de zoomer sur certaines parties du corps d’un patient, ou encore d’utiliser des robots équipés d’un stéthoscope, pour écouter les bruits du cœur et des poumons à distance. Les professionnels ont acquis une certaine compétence et confiance dans la réalisation de consultations en ligne et il faut s’attendre à ce que ce phénomène perdure une fois la pandémie passée.

Les défis de la télémédecine en matière de confidentialité et de sécurité

Alors, pourquoi la médecine a-t-elle tant tardé à se joindre à la révolution numérique ? L’une des principales réticences tient au fait que, dans un monde en proie aux cyberattaques et aux violations de données, le risque de compromettre les données ou les soins des patients est trop important. Cette inquiétude est justifiée, car le domaine médical est incroyablement vulnérable, en témoignent les cyberattaques qui ont touché les hôpitaux et les laboratoires pharmaceutiques en France au cours de ces derniers mois.

Parmi les risques majeurs dans le domaine des soins de santé virtuels, figure la gestion des identités et des accès. Comment les médecins peuvent-ils avoir l’assurance que la personne qui apparaît à l’écran est bien celle dont ils lisent le dossier ? Et comment les patients peuvent-ils être sûrs qu’aucune personne non autorisée n’accède à leurs informations les plus personnelles ?

Aujourd’hui, l’authentification multi-facteurs représente l’un des meilleurs moyens de confirmer l’identité du patient par l’envoi d’un code à usage unique ou l’utilisation des éléments biométriques tels que l’empreinte digitale. Cela suppose un système de gestion des identités flexible, capable de gérer les données d’identité d’un patient à travers plusieurs systèmes. Dans ce contexte, la maîtrise des cyber-risques, qui augmentent en corrélation avec le nombre de technologies, outils, logiciels et applications utilisés, est aussi essentielle.

Outre les éventuelles vulnérabilités présentes dans les logiciels, les patients et les médecins ont besoin de connaître quelques bonnes pratiques de base pour utiliser ces programmes en toute sécurité. Par exemple, il est impératif de créer un mot de passe unique pour accéder à un portail numérique pour les patients ou à un programme de messagerie, afin que le compte ne puisse pas être compromis par une attaque de type « credential stuffing ». L’absence de cette sensibilisation et d’une conception logicielle axée sur la sécurité expose réellement la vie privée des utilisateurs aux cybermenaces.

Renforcer les capacités de télémédecine pour que celle-ci survive au coronavirus

Les prestataires de soins de santé et les développeurs de logiciels doivent prendre conscience qu’une fois la pandémie de coronavirus terminée, les règles de télémédecine évolueront probablement, mais qu’elles reviendront toujours aux principes de base de la sécurité des données. Le règlement général sur la protection des données (RGPD) donne un cadre précis au recueil et à la protection de ces données de santé.

Aussi, les professionnels doivent protéger les données des patients contre des accès non autorisés ou illicites; et contre la perte, la destruction, ou les dégâts d’origine accidentelle, ce qui implique la mise en place des mesures de sécurité adaptées.

Afin de permettre à la télémédecine de prospérer au lendemain de la pandémie, le secteur médical doit définir des normes universelles pour l’utilisation des outils virtuels. Cela passera en partie par la formation, laquelle est déjà en cours à marche forcée depuis le début de la crise sanitaire. En effet, les cliniciens apprennent à utiliser des méthodes fondées sur le bon sens pour protéger la vie privée.

Les législateurs du monde entier peuvent également contribuer à l’avènement de la télémédecine en simplifiant la panoplie de réglementations différentes qui la régissent et qui constituent un obstacle majeur à l’innovation ainsi qu’à l’adoption de la télésanté, car il est difficile d’adapter les solutions et les flux de travail d’une juridiction à l’autre.

Pas de retour en arrière pour la télémédecine

La tentation est grande de dire que le coronavirus a imposé la télémédecine comme une nécessité, mais en vérité, même avant la pandémie, le monde avait désespérément besoin de nouveaux moyens d’accès aux soins de santé. Et maintenant que les professionnels ainsi que les patients ont testé une nouvelle approche, dans la mesure du possible, peu d’entre eux voudront revenir en arrière.

Dans un monde numérisé, il n’est tout simplement pas logique de faire de la santé un actif analogique, surtout si l’on réfléchit au nombre de personnes qui, avant le Covid-19, n’ont pas voulu se faire soigner parce qu’elles n’avaient pas de moyen de transport pour se rendre chez le médecin ou qu’elles ne pouvaient pas s’absenter du travail pour patienter dans une salle d’attente. Le monde a besoin de solutions de télémédecine dès maintenant, mais elles doivent aussi être stables, sûres et pérennes.

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