Télécoms : les opérateurs anglais licencient massivement, un signe avant-coureur du marché ?

Télécoms : les opérateurs anglais licencient massivement, un signe avant-coureur du marché ?

A deux jours d’intervalle, les deux principaux opérateurs télécoms britanniques ont annoncé les plus grands plans sociaux de leur histoire. Vodafone a tiré le premier. Le groupe a annoncé, le 16 mai, son intention de se séparer de 11 000 collaborateurs sur trois ans, soit 12 % de ses effectifs.

Si ce plan de restructuration a surpris par son ampleur, il était attendu. Vodafone traverse une passe difficile avec une stagnation de son chiffre d’affaires à 45,7 milliards d’euros pour l’exercice 2022/2023. Avec la pression sur les prix liés à l’inflation et à une concurrence accrue, l’opérateur peine sur ces marchés historiques que sont l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.

Et si Vodafone peut afficher un bénéfice opérationnel exceptionnel de 14,3 milliards d’euros contre seulement 2,8 milliards lors de l’exercice précédent, il le doit avant tout de son désengagement de sa filiale de tours télécoms (TowerCo), Vantage Towers, cédée en grande partie aux fonds KKR et GIP.

Souhaitant se recentrer sur Europe et l’Afrique, Vodafone mène de plusieurs années un vaste programme de restructuration et de cession d’actifs. Objet de toutes les rumeurs sur les marchés financiers, le deuxième plus grand opérateur mondial aurait notamment refusé, en février, une offre de 11 milliards d’euros d’Iliad, le groupe de Xavier Niel, pour racheter ses activités italiennes.

Vodafone s’était désengagé de la France dès 2011 en cédant ses 44 % de parts dans SFR à Vivendi. Selon BFM Business, Stéphane Richard, alors PDG d’Orange aurait mené entre l’été 2020 et début 2021 des discussions avec son concurrent britannique pour un mariage entre égaux qui aurait créer un géant européen.

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L’IA pourrait supprimer 10 000 postes chez BT

Même cause, même effet. BT Group a annoncé, le 18 mai, qu’il allait détruire jusqu’à 55 000 postes, soit 42 % de ses effectifs, d’ici à 2030. L’ex British Telecom a vu son chiffre d’affaires se contracter de 1% à 20,7 milliards de livres tandis que son bénéfice avant impôts diminuait de 12% à 1,7 milliard de livres lors de son exercice annuel bouclé fin mars.

BT n’en est pas à sa première restructuration. Le groupe s’est engagé, depuis avril 2020, dans un plan de réduction de coûts qui lui a déjà permis d’obtenir 2,1 milliards de livres de « synergies » sur un objectif de 3 milliards. L’opérateur a fermé ses activités grand public en dehors du Royaume-Uni et fusionné ses divisions Global et Enterprise en une seule entité BtoB, BT Business, entraînant dans la foulée 3 000 suppressions de postes.

Avec ce plan social massif, BT anticipe cette fois les mutations à venir. Comme dans les autres pays européens, le secteur des télécoms subit un effet ciseau. Le déploiement de la 5G et de la fibre optique sera achevé dans quelques années tandis que la 2G/3G sont en passe d’être décommissionnées et le réseau cuivre est en voie d’extinction.

Après cette période de grands chantiers, le besoin de main d’œuvre sera mécaniquement moins soutenu. D’autant que les nouvelles infrastructures fibre et 5G, plus stables et résilients, seront plus faciles à maintenir. CQFD.

Opportuniste, Philip Jansen, directeur général de BT, entend, par ailleurs, utiliser l’intelligence artificielle pour automatiser un certain nombre de ses activités telles que le traitement des appels téléphonique de son service client ou le diagnostic des anomalies réseaux. Cette introduction de l’IA pourrait, à elle seule, entraîner la suppression de l’équivalent de 10 000 postes.

BT, un exemple à suivre outre-Manche ?

L’arrivée d’outils d’IA générative tels que ChatGPT aurait donner confiance à M. Jansen d’aller encore plus loin, selon des propos rapportés par la BBC. Selon lui, l’IA rendrait les services plus rapides, meilleurs et plus transparents, sans pour autant que les clients aient « l’impression d’avoir affaire à des robots ».

Le 11 mai dernier, la division digitale de BT annonçait, dans un communiqué de presse, travailler avec ServiceNow à la modernisation de la gestion des services du groupe, grâce notamment aux apports de l’IA. Le partenariat avec l’éditeur américain porte déjà ses fruits dans la gestion de l’informatique interne de BT et dans le domaine de la relation client.

Est-ce que la voie prise par BT sera suivi par d’autres opérateurs télécoms, notamment en France ? LesEchos rappelle que l’opérateur historique britannique fait figure de pionner. Il a été le premier à être privatisé en en Europe en 1984, à s’internationaliser ou à se lancer dans la fibre optique.

En France, les revenus des opérateurs stagnent également. Orange s’est, par ailleurs, déjà engagé dans la voie de la restructuration en supprimant 670 postes au sein de sa filiale entreprise et en réorganisant son réseau de boutiques en France. Notons, enfin, que Patrick Drahi, magnat des télécoms et patron d’Altice (SFR), est le premier actionnaire de BT, détenant 18% de son capital. De quoi donner des idées ?

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