Syrie: Sanctions américaines contre la Turquie, Trump réclame un cessez-le-feu – 20 Minutes
Après avoir tergiversé, Donald Trump a soudain durci le ton lundi face à la Turquie, l’appelant à mettre fin à son opération militaire en Syrie et annonçant une série de sanctions au moment où les troupes syriennes se déployaient dans le nord du pays. Dans une conversation téléphonique avec le président américain, Emmanuel Macron a insisté sur la « nécessité absolue d’empêcher une résurgence » de Daesh.
« Les Etats-Unis veulent que la Turquie mette fin à l’invasion, mette en oeuvre un cessez-le-feu immédiat et commence à négocier avec les forces Kurdes en Syrie », a indiqué le vice-président américain Mike Pence qui a précisé qu’il se rendrait prochainement en Turquie à la demande de Donald Trump.
« Aucune attaque » contre Kobané, promet Erdogan
Lancée le 9 octobre, l’opération turque a ouvert un nouveau front dans le conflit en Syrie, où interviennent acteurs régionaux et internationaux, et qui a fait depuis 2011 plus de 370.000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes. Lors d’un échange téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, Donald Trump s’est montré « très ferme », a affirmé Mike Pence, qui a assuré que le dirigeant turc s’était engagé à ce qu’il n’y ait « aucune attaque » contre la ville de Kobané.
Le chef du Pentagone Mark Esper a de son côté déclaré que l’offensive militaire turque avait entraîné la libération de nombreux détenus « dangereux » de Daesh. « Cette incursion inacceptable a sapé la mission internationale couronnée de succès en Syrie », a-t-il déploré. Après une semaine d’annonces contradictoires, un responsable américain a indiqué que tous les militaires américains, environ 1.000, déployés depuis quelques années dans le nord de la Syrie pour soutenir les forces kurdes dans leur combat contre le groupe djihadiste avaient reçu l’ordre de quitter le pays.
Sanctions contre trois ministres
Les sanctions américaines signées lundi par Donald Trump visent les ministres turcs de l’Energie, de la Défense et de l’Intérieur. Leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis sont gelés et leurs transactions internationales en dollars sont bloquées.
Les démocrates, qui ont critiqué le retrait des troupes américaines du nord de la Syrie, n’ont pas non plus été convaincus de ces dernières annonces. « Le président Trump a déclenché une montée du chaos et de l’insécurité en Syrie. Son annonce d’un ensemble de sanctions contre la Turquie n’est vraiment pas suffisante pour renverser ce désastre humanitaire », a déclaré dans un communiqué la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
160.000 personnes déplacées
Des combats acharnés se poursuivent à Ras al-Aïn entre les troupes turques et les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition militaire dominée par les YPG, selon l’OSDH. L’intervention du régime de Bachar al-Assad est un véritable retournement de situation illustrant la complexité de la guerre syrienne.
Le régime, qui a longtemps opprimé les Kurdes, a ensuite fustigé l’autonomie de facto instaurée par cette minorité ethnique sur près d’un tiers du territoire dans le nord et le nord-est du pays à la faveur du conflit. « Entre les compromis et le génocide de notre peuple, nous choisirons la vie », a dit Mazloum Abdi, le haut commandant des FDS, pour justifier l’accord avec le régime.
Depuis le début de l’offensive turque, 133 combattants kurdes et 69 civils ont été tués, ainsi que 108 rebelles proturcs, selon l’OSDH. Et 160.000 personnes ont été déplacées, d’après l’ONU. La Turquie a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes sur son territoire.