Sur la Mer de Glace privée de neige, Macron mesure les effets du réchauffement – Paris Match

Le chef de l’Etat s’est rendu jeudi matin sur la Mer de Glace, mastodonte pétrifié qui serpente au pied du Mont-Blanc dont la fonte accélérée est devenue emblématique des effets du réchauffement climatique.

Emmanuel Macron a longuement parcouru jeudi matin une Mer de Glace privée de neige cette année, constatant avec vertige les impacts du réchauffement climatique sur le glacier. Une visite symbolique pour amorcer le virage écologique de son quinquennat.

Vêtu d’une tenue de ski, le président s’est rendu sur le célèbre glacier, alternance de roche marron clair et de glace vive grisâtre, après avoir pris le petit train à crémaillère touristique du Montenvers, qui mène à plus de 1.900 m d’altitude. Il s’est également rendu dans la grotte de glace, tunnel bleuté creusé dans le glacier. “Je n’imaginais pas une fonte aussi rapide, c’est impressionnant. On se rend compte comment les non-décisions ont fait en arriver là”, s’est-il exclamé, accompagné de guides, experts et “grottiers” qui chaque année passent quatre mois à retailler la grotte de glace.

On estime que la mer de Glace recule de 8 à 10 mètres par an, faisant du site l’illustration la plus spectaculaire de l’impact du réchauffement en France. La température moyenne observée près du Massif du Mont-Blanc a augmenté de 4° entre les années 1950 et les années 2000. Le plus long glacier français, qui serpente sur 7 kilomètres, a reculé d’environ 2 kilomètres depuis 1850, faisant place à un lit de cailloux en bas de la “vallée blanche” et a perdu 120 mètres d’épaisseur au cours du siècle passé. Cette année, la neige n’a pas tenu sur la glace vive, parsemée de petits cailloux et de traces grises de pollution.

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L’écologie, une des deux priorités de la fin du quinquennat

Alors qu’il doit lancer jeudi l’Office français de la biodiversité (OFB), le président a dîné mercredi soir avec des sommités comme le célèbre climatologue Jean Jouzel, la biologiste Camille Parmesan et la spécialiste de la biodiversité Anne Larigauderie, de l’IPBES, qui a publié l’an dernier un rapport glaçant sur la disparition des espèces. Autour de la table se trouvaient aussi des dirigeants d’associations comme Michel Dubromel, président de France Nature Environnement, et des personnalités, dont l’explorateur-aventurier Mike Horn.



Emmanuel Macron veut faire de l’écologie une des deux priorités de sa fin de quinquennat, engluée dans la réforme des retraites. A un mois des municipales, le chef de l’Etat met l’accent sur un sujet désormais incontournable, y compris dans les urnes.

Pour ouvrir ce chapitre, il a présidé mercredi à l’Elysée un Conseil de défense écologique. A la sortie, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, a confirmé une extension des parcs naturels et des mesures d’adaptation aux inondations. L’Etat s’engage aussi à des pratiques éco-responsables : forfait annuel de 200 euros pour inciter les fonctionnaires au vélo ou au covoiturage, arrêt des achats d’objets en plastique à usage unique, parkings à vélos et bornes électriques sur ses sites. Le Conseil a également annoncé la création d’une aire protégée du site du mont Blanc d’ici la fin de l’année. Des mesures que les associations écologistes ont globalement jugé insuffisantes.

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Le président devait redescendre à Chamonix pour détailler des mesures de protection du Mont Blanc (4.809 m) et de son écosystème, menacés par la surfréquentation et les incivilités. Ces derniers étés, plusieurs incongruités ou dégradations ont émaillé les ascensions du Mont Blanc, dont les pentes attirent chaque année 20.000 visiteurs: l’atterrissage d’un avion de tourisme non loin du sommet, un Britannique qui avait monté un rameur sans réussir à le redescendre, des Lettons qui avaient tenté de monter un mât de 10 mètres pour y faire flotter leur drapeau…Les autorités avaient déjà décidé de rendre obligatoire la réservation en refuge, pour lutter contre les bivouacs sauvages.

Ruffin raille “un sommet de la foutaise et de l’hypocrisie”

Emmanuel Macron s’arrêtera ensuite à Saint-Gervais-les-Bains, pour déjeuner avec les élus locaux qui veulent l’interpeller sur la pollution dans la vallée de l’Arve, entraînée par le passage de trop nombreux poids lourds et du chauffage au bois.

Laurent Wauquiez, président de région, avec le maire de Chamonix Eric Fournier, soutenu par LREM, lui ont demandé de réglementer les camions les plus polluants dans le tunnel du Mont Blanc et de développer le ferroviaire dans la vallée. “Je ne peux pas interdire aux camions de passer”, a répondu le chef de l’Etat au Dauphiné Libéré, préconisant une politique européenne de renouvellement du parc, pour éviter de pénaliser les seuls routiers français.

Chez LFI, le député François Ruffin a raillé “un sommet de la foutaise et de l’hypocrisie”, réclamant au président de ne pas se contenter de “légiférer sur qui va pouvoir grimper en haut du mont Blanc” mais des “mesures structurelles sur comment on fait moins de gaz à effet de serre dans ce pays, et pour ça il faut ça qu’il y ait moins de camions qui le traversent”
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