Sur la Mer de Glace, Emmanuel Macron constate les effets du réchauffement – Ouest-France

Emmanuel Macron s’est rendu jeudi matin sur la Mer de Glace, mastodonte pétrifié qui serpente au pied du Mont-Blanc dont la fonte accélérée est devenue emblématique des effets du réchauffement climatique.

Vêtu d’une tenue de ski, le président s’est rendu sur le célèbre glacier, alternance de roche marron clair et de glace vive grisâtre, après avoir pris le petit train à crémaillère touristique du Montenvers, qui mène à plus de 1 900 m d’altitude. Il s’est également rendu dans la grotte de glace, tunnel bleuté creusé dans le glacier.

Emmanuel Macron a visité la grotte de glace. | PHOTO REUTERS / DENIS BALIBOUSE / POOL

Je n’imaginais pas une fonte aussi rapide, c’est impressionnant. On se rend compte comment les non-décisions ont fait en arriver là, s’est exclamé Emmanuel Macron, accompagné de guides, experts et grottiers qui chaque année passent quatre mois à retailler la grotte de glace. On se rend compte comment les non-décisions ont fait en arriver là, ajoutera le chef de l’État en fin de visite.

4 °C de plus depuis 1950

On estime que la mer de Glace recule de 8 à 10 mètres par an, faisant du site l’illustration la plus spectaculaire de l’impact du réchauffement en France. La température moyenne observée près du Massif du Mont-Blanc a augmenté de 4 °C entre les années 1950 et les années 2000.

Le plus long glacier français, qui serpente sur 7 kilomètres, a reculé d’environ 2 kilomètres depuis 1850, faisant place à un lit de cailloux en bas de la vallée blanche et a perdu 120 mètres d’épaisseur au cours du siècle passé.

Le glacier a reculé de 2 km depuis 1850. | PHOTO EPA-EFE/DENIS BALIBOUSE / POOL

Cette année, la neige n’a pas tenu sur la glace vive, parsemée de petits cailloux et de traces grises de pollution.

Mathieu Dechavanne, PDG de la Compagnie du Mont-Blanc (CMB), a expliqué au président qu’il souhaitait installer une nouvelle télécabine arrivant plus haut sur le glacier afin d’y avoir plus facilement accès car actuellement avec la fonte, il est de plus en plus difficile d’y descendre. L’année dernière, 80 marches ont du être ajoutées au très long escalier qui descend de la plate-forme de Montenvers au glacier.

Extension des parcs naturels

Alors qu’il doit lancer jeudi l’Office français de la biodiversité (OFB), il a dîné mercredi soir avec des sommités comme le célèbre climatologue Jean Jouzel, la biologiste Camille Parmesan et la spécialiste de la biodiversité Anne Larigauderie, de l’IPBES, qui a publié l’an dernier un rapport glaçant sur la disparition des espèces.

Autour de la table se trouvaient aussi des dirigeants d’associations comme Michel Dubromel, président de France Nature Environnement, et des personnalités, dont l’explorateur-aventurier Mike Horn.

Emmanuel Macron veut faire de l’écologie une des deux priorités de sa fin de quinquennat, engluée dans la réforme des retraites. À un mois des municipales, le chef de l’État met l’accent sur un sujet désormais incontournable, y compris dans les urnes.

Pour ouvrir ce chapitre, il a présidé mercredi à l’Élysée un Conseil de défense écologique. À la sortie, Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, a confirmé une extension des parcs naturels et des mesures d’adaptation aux inondations.

Forfait annuel de 200 €

L’État s’engage aussi à des pratiques éco-responsables : forfait annuel de 200 € pour inciter les fonctionnaires au vélo ou au covoiturage, arrêt des achats d’objets en plastique à usage unique, parkings à vélos et bornes électriques sur ses sites. Le Conseil a également annoncé la création d’une aire protégée du site du mont Blanc d’ici la fin de l’année. Des mesures que les associations écologistes ont globalement jugées insuffisantes.

Le président doit redescendre à Chamonix pour détailler des mesures de protection du Mont Blanc (4.809 m) et de son écosystème, menacés par la surfréquentation et les incivilités.

Ces derniers étés, plusieurs incongruités ou dégradations ont émaillé les ascensions du Mont Blanc, dont les pentes attirent chaque année 20 000 visiteurs : l’atterrissage d’un avion de tourisme non loin du sommet, un Britannique qui avait monté un rameur sans réussir à le redescendre, des Lettons qui avaient tenté de monter un mât de 10 mètres pour y faire flotter leur drapeau… Les autorités avaient déjà décidé de rendre obligatoire la réservation en refuge, pour lutter contre les bivouacs sauvages.

Passage des camions

Emmanuel Macron s’arrêtera ensuite à Saint-Gervais-les-Bains, pour déjeuner avec les élus locaux qui veulent l’interpeller sur la pollution dans la vallée de l’Arve, entraînée par le passage de trop nombreux poids lourds et du chauffage au bois.

Laurent Wauquiez, président de région, avec le maire de Chamonix Eric Fournier, soutenu par LREM, lui ont demandé de réglementer les camions les plus polluants dans le tunnel du Mont-Blanc et de développer le ferroviaire dans la vallée.

Je ne peux pas interdire aux camions de passer, a répondu le chef de l’État au Dauphiné Libéré, préconisant une politique européenne de renouvellement du parc, pour éviter de pénaliser les seuls routiers français.

Chez LFI, le député François Ruffin a raillé un sommet de la foutaise et de l’hypocrisie, réclamant au président de ne pas se contenter de légiférer sur qui va pouvoir grimper en haut du mont Blanc mais des mesures structurelles sur comment on fait moins de gaz à effet de serre dans ce pays, et pour ça il faut ça qu’il y ait moins de camions qui le traversent

Partager cet article Emmanuel Macron et Élisabeth Borne se sont rendus jeudi sur le site de la Mer de Glace.

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