Suicide de Lucas : Quatre des camarades de l’adolescent de 13 ans seront jugés pour harcèlement – 20 Minutes

Quatre mineurs de 13 ans vont être « jugés pour harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide » du jeune Lucas, adolescent du même âge qui a mis fin à ses jours début janvier à Golbey (Vosges), et dont la mort avait provoqué une vive émotion.

« Suite à l’ouverture de l’enquête préliminaire, quatre mineurs ont été placés en garde à vue par la sûreté urbaine du commissariat d’Epinal », a indiqué dans un communiqué le procureur de la République d’Epinal, Frédéric Nahon. « Lors de leurs auditions, les mis en cause, deux filles et deux garçons âgés de 13 ans, scolarisés dans le même établissement que Lucas, ont uniquement admis avoir proféré à plusieurs reprises des moqueries à l’encontre de leur camarade », a poursuivi le magistrat.

Insultes à caractère homophobe

Les proches de Lucas estiment qu’il s’est suicidé après avoir été harcelé en raison de son homosexualité. « Les faits se sont déroulés du mois de septembre 2022 au début du mois de janvier 2023 », a repris le procureur. « A l’issue de leur garde à vue, les quatre mineurs ont été convoqués devant le tribunal pour enfants d’Epinal pour y être jugés pour harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide de la victime, l’enquête ayant établi que le harcèlement avait pu participer au passage à l’acte suicidaire du jeune Lucas ».

« Présumés innocents, inconnus de la justice, les quatre mineurs feront l’objet d’une évaluation par la protection judiciaire de la jeunesse avant leur jugement », a également tenu à souligner Frédéric Nahon. Il a aussi annoncé l’ouverture d’une « enquête incidente contre X pour non-dénonciation de mauvais traitements sur mineurs ». « Les investigations se poursuivent donc sur ce point », a-t-il conclu.

Lucas avait écrit dans son journal intime « un mot expliquant sa volonté de mettre fin à ses jours », avait déclaré lors d’une conférence de presse Frédéric Nahon le 13 janvier. Ses proches ont révélé dans leurs auditions l’existence de moqueries et insultes à caractère homophobe dont l’adolescent s’était dit victime de la part d’autres élèves de son collège, avait encore souligné le magistrat.

« Immense tristesse »

Lucas était scolarisé au collège Louis Armand de Golbey, où une cellule psychologique a été mise en place dans les jours suivant son suicide. Le rectorat avait rappelé que l’établissement était « engagé dans le dispositif pHARe de lutte contre le harcèlement ». Selon le rectorat, les « moqueries » rapportées par Lucas et sa mère à la rentrée avaient été « immédiatement prises au sérieux par les équipes du collège ».

La mort de l’adolescent avait provoqué une vive émotion et déclenché de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. « Je pense à tous les élèves comme lui harcelés : leur désespoir fonde ma détermination à empêcher toute forme de harcèlement », avait indiqué sur Twitter le ministre de l’Education, Pap Ndiaye. « Aucun enfant ne doit trouver comme issue ultime le suicide », s’était-il ému.

« Le suicide de Lucas est tragique », avait également réagi sur Twitter SOS Homophobie. « La lutte contre le harcèlement scolaire doit être urgemment renforcée. Qu’un établissement agréé par@education_gouv ne réagisse pas à de nombreux signalements est alarmant », avait encore estimé l’association LGBT+.

Les politiques émus

La mort de l’adolescent avait également suscité plusieurs réactions politiques. « L’homophobie tue. Tristesse et soutien à la famille de Lucas », avait tweeté le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune.

« Je suis bouleversé par la mort de #Lucas (…) Ce drame doit être l’occasion d’une prise de conscience. L’homophobie tue », avait déclaré le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur le même réseau social. « Immense tristesse pour Lucas (…) Nous avons le devoir de combattre toute forme d’homophobie ! », avait également tweeté le président des Républicains, Eric Ciotti.

En octobre 2021, Dinah Gonthier, 14 ans, s’était suicidée chez elle à Kingersheim, dans le Haut-Rhin, car selon sa famille, elle était victime de harcèlement scolaire. Après une première plainte classée sans suite par le parquet de Mulhouse, la famille de l’adolescente a déposé plainte avec constitution de partie civile en novembre dernier.

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