Sous pression, le gouvernement répond sur cinq fronts – Libération

La guerre contre l’épidémie de nouveau coronavirus se mène sur plusieurs fronts, et au cours de leur conférence de presse conjointe samedi, en fin de journée, Edouard Philippe et son ministre de la Santé, Olivier Véran, les ont tous passés en revue. Dossier après dossier, un constat est revenu en boucle : tous les pays se heurtent à la même pathologie et aux mêmes problèmes en même temps. Un inédit.

Un milliard de masques

Dans les polémiques de cette dernière quinzaine, la France a été pointée du doigt pour son stock de masques indigent. A juste titre, a reconnu Olivier Véran : «La France était dotée d’un stock national de 117 millions de masques chirurgicaux sans avoir de stock national de masques FFP2.» Habituellement, a-t-il ajouté, «cela permet de faire face aux besoins». Mais plus rien n’est habituel. «La course aux masques est mondiale car aucun pays au monde […] ne fait face à sa demande de masques actuellement.»

La France a passé la surmultipliée et plus d’un milliard de masques ont été commandés au total. Les usines nationales n’en produisant que 8 millions par semaine pour une consommation hebdomadaire de 40 millions, leur production a été multipliée par trois et des commandes passées «partout dans le monde». Notamment en Chine, «le centre mondial de leur fabrication». Le ministre a évoqué le «pont aérien étroit et intensif» mis en place entre la France et la Chine, précisant que toute commande ne serait considérée comme effective que «lorsque l’avion atterrit sur un tarmac en France». L’état des importations, des stocks et de la répartition sera communiqué quotidiennement. La répartition et l’attribution doivent «privilégier les soignants», a rappelé le ministre de la Santé. Pour les masques destinés aux non-soignants, là, c’est la société civile qui se mobilise. Parmi les industriels du textile et du papier, 24 producteurs ont d’ores et déjà «qualifié» des modèles. Par ailleurs, trouvaille miraculeuse, 60 millions de masques périmés «mais conformes à l’usage» ont rejoint les stocks.

La chasse aux respirateurs

«Il faut pouvoir fournir des respirateurs en nombre suffisant», a posé le ministre de la Santé et ce n’est pas évident, tant la demande, là encore, est mondiale. «Nous sommes allés récupérer partout sur le territoire national les respirateurs là où ils étaient disponibles.» Au-delà de ce recensement, la France a «passé des commandes à tous les producteurs à l’étranger et en France, notamment à l’industriel français Air Liquide», qui va livrer «plus de 1 000 respirateurs supplémentaires». Au total, le nombre des lits équipés va passer de 10 000 à 14 000. Enfin, l’Allemagne a prêté 25 respirateurs, livrés le matin même de la conférence de presse pour la région Grand Est.

Médicaments : le risque de la pénurie

«Tous les pays du monde font face aux mêmes tensions sur les approvisionnements», a résumé Olivier Véran, évoquant en particulier «certains médicaments indispensables pour la réanimation». La demande pour ces produits a «augmenté jusqu’à 2000 %». Le ministre s’est engagé à répondre à tous les besoins des équipes pour les produits utilisés en réanimation, en ayant notamment recours aux stocks nationaux ou territorialisés. La semaine dernière, Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, alertait sur des stocks «très courts». Samedi, sur Libération.fr, Damien Roux, professeur des universités et praticien hospitalier de médecine intensive à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes, s’inquiétait de la pénurie possible de produits hypnotiques, de curare et d’antibiotiques.

Mobilisation pour les Ehpad

En France, plus de 7 000 établissements accueillent 700 000 personnes âgées. «Les fédérations du secteur m’ont fait part de leur besoin de 500 000 masques chirurgicaux par jour, a dit le ministre. Je me suis engagé à déstocker 500 000 masques par jour.» L’acheminement sera pris en charge par les départements. Du côté des résidents, au-delà des mesures de restriction des visites déjà prises, Véran a annoncé un renforcement du confinement, avec «isolement en chambre individuelle». Une «décision difficile» pour la personne âgée, sa famille, le personnel, a-t-il reconnu. Côté dépistages, le personnel des Ehpad sera testé «en priorité». Par ailleurs, une circulaire demandera aux agences régionales de santé de mettre sur pied une filière d’hospitalisation pour les personnes âgées atteintes de formes légères du Covid-19.
Sibylle Vincendon

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