Sous-marins australiens : l’Australie répond à la Chine et dit vouloir « que les eaux internationales demeurent internationales » – lemonde.fr

Le chef des forces de défense australiennes, le général Angus Campbell, et le premier ministre, Scott Morrison, lors d’une conférence de presse au Parlement à Canberra, en Australie, le 16 septembre 2021.

L’Australie a balayé la colère de la Chine, après avoir annoncé l’achat de sous-marins américains à propulsion nucléaire, Canberra s’engageant à faire respecter le droit international dans les espaces aériens et maritimes revendiqués par Pékin.

La Chine a un « programme très important de construction de sous-marins nucléaires », a fait valoir, vendredi 17 septembre, le premier ministre australien, Scott Morrison, dans une interview à la station de radio 2GB. « Ils ont le droit de prendre, en matière de défense, des décisions favorables à leurs propres intérêts, et, bien sûr, l’Australie et tous les autres pays aussi », a-t-il répliqué aux critiques de Pékin.

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La Chine avait vivement réagi à l’acquisition de ces sous-marins, la qualifiant d’« extrêmement irresponsable » et menaçant notamment la stabilité dans la région indo-pacifique. La République populaire a aussi estimé que cette transaction remettait en question les efforts internationaux de non-prolifération nucléaire. Ces alliés occidentaux risquent de « se tirer une balle dans le pied », avait-elle mis en garde.

Le nouveau pacte de sécurité entre l’Australie, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, annoncé mercredi par le président des Etats-Unis, Joe Biden, prévoit aussi une collaboration étroite entre Washington et Canberra en matière de cyberdéfense, et d’intelligence artificielle notamment.

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« Assurer la paix et la stabilité »

Le chef du gouvernement australien a répété, dans différentes interviews, que son gouvernement répondait à l’actuelle situation dans la région Asie-Pacifique, où les territoires sont de plus en plus disputés et où la rivalité s’intensifie.

L’Australie a « tout à fait conscience » de la capacité des sous-marins nucléaires chinois et des dépenses militaires croissantes de Pékin, a-t-il déclaré à la télévision Channel Seven. « Nous souhaitons nous assurer que les eaux internationales demeurent internationales tout comme l’espace aérien, et que la règle de droit s’applique de la même manière partout », a-t-il déclaré.

Canberra souhaite s’assurer qu’il n’y a pas de « zones interdites » dans les régions régies par le droit international, a précisé le premier ministre australien.

« C’est essentiel, que ce soit, en matière de commerce, de câbles sous-marins, des avions et l’espace dans lequel ils peuvent voler (…), c’est l’ordre des choses que nous devons préserver. Cela permet d’assurer la paix et la stabilité et c’est l’objectif que nous cherchons à atteindre. »

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« Coup dans le dos », pour Jean-Yves Le Drian

L’annonce de cette alliance n’a pas non plus manqué de susciter l’ire de la France, qui voit par là même lui échapper le contrat portant sur la vente à l’Australie de 12 sous-marins à propulsion. Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a prononcé des mots cinglants, parlant d’un « coup dans le dos » de Canberra et d’une « décision unilatérale, brutale, imprévisible ».

Vendredi, M. Morrison, s’est défendu, affirmant que cette information avait été « transmise directement au président, au ministre des affaires étrangères et au ministre de la défense », tout en disant comprendre leur « déception ».

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« Lorsque j’ai rencontré le président [de la République française] à la fin du mois de juin, je lui ai clairement fait part (…) de nos inquiétudes concernant la capacité des sous-marins conventionnels à faire face au nouvel environnement stratégique, a affirmé le premier ministre sur la radio FIVEaa d’Adelaïde. Et lui ai très clairement dit que c’était une question sur laquelle l’Australie devait se décider en prenant en compte son intérêt national. »

Le premier ministre australien Scott Morrison lors d’une conférence de presse avec son homologue britannique Boris Johnson et le président américain Joe Biden, le 16 septembre.

Montée en puissance de la Chine

Mais, en toile de fond, c’est la montée en puissance de la Chine qui est la véritable raison de cette alliance. Celle-ci revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, riche en ressources naturelles et par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars de marchandises, et rejette les prétentions territoriales des autres riverains : Vietnam, Malaisie, Brunei, Taïwan et Philippines.

La Chine a été accusée de déployer des missiles antinavires et des missiles sol-air, outrepassant une décision de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye qui avait jugé, en 2016, que Pékin n’avait aucun « droit historique » sur cette mer stratégique.

Les tensions commerciales entre Pékin et Canberra n’ont pas cessé de croître depuis 2018. Depuis quelques mois, la Chine a imposé de sévères sanctions économiques à l’encontre de nombreux produits australiens.

Beaucoup estiment qu’il s’agit avant tout de représailles contre le refus des investissements chinois dans des secteurs jugés stratégiques et contre les appels de Canberra à une enquête sur les origines de l’épidémie de Covid-19.

« Un engagement très important (…) pour toujours »

M. Morrison a affirmé que cette nouvelle alliance avec Washington et la Grande-Bretagne serait permanente.

« Cela implique un engagement très important, pas seulement aujourd’hui mais pour toujours. (…) C’est un partenariat qui permettra à l’Australie d’assurer sa sécurité à l’avenir. »

Il a, par ailleurs, affirmé que cette alliance de défense a été « bien accueillie » par les dirigeants du Japon, de l’Inde, de Singapour, de la Nouvelle-Zélande, des Fidji et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée avec lesquels il s’est entretenu.

Le ministre de la défense australien, Peter Dutton, a fait preuve d’une certaine arrogance à après les réactions de certains responsables chinois, les qualifiant de « contre-productives, immatures et franchement embarrassantes ». « L’Australie souhaite simplement assurer une paix et une stabilité durables dans la région », a-t-il déclaré dans une interview accordée à Sky News Australia. Il a ajouté que l’Australie était disposée à accueillir plus de marines américains dans la ville de Darwin, au nord du pays, et souhaitait renforcer ses moyens aériens.

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Le Monde avec AFP

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