Sous l’Arc de Triomphe, le drapeau européen de la discorde – Le Figaro

Célébrant le début de la présidence française de l’Union européenne, le déploiement d’un gigantesque drapeau européen au-dessus de la tombe du soldat inconnu a fait réagir tous les candidats de droite à l’élection présidentielle.

Alors qu’habituellement c’est le drapeau français qui pavoise la célèbre arche parisienne, flottant au-dessus de la dépouille du Soldat inconnu, depuis quelques jours un gigantesque étendard européen l’a remplacé sous l’Arc de Triomphe. Il s’agit d’une des manifestations par lesquelles la France célèbre le début de sa présidence de l’Union européenne, qui commence ce samedi 1er janvier. D’autres lieux célèbres de la capitale se sont également habillés des couleurs de l’Europe à cette occasion, notamment la Tour Eiffel, ornée des douze étoiles retenues en 1986 comme le symbole de toutes les institutions européennes.

Mais l’Arc de Triomphe n’est pas n’importe quel lieu public. Érigé à la demande de Napoléon à partir de 1806 pour perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises, il n’a eu de cesse, depuis son inauguration en 1836, de servir de support à la célébration des soldats morts pour la France. Depuis la Libération de Paris en 1944, l’habitude a été prise de laisser le drapeau français flotter sous l’arche : «Sous les autres présidences françaises du Conseil de l’UE, le tricolore a été maintenu ou à cohabité avec le drapeau de l’UE» précise l’historien Éric Anceau.

Il n’a donc pas fallu longtemps pour que l’apparition du drapeau européen, seul et en remplacement du drapeau français, fasse réagir de nombreux internautes, aussitôt suivis de tous les candidats de droite à l’élection présidentielle, sans exception.

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Zemmour, Le Pen, Pécresse…

Marine Le Pen a ainsi déploré une «provocation» qui «offense ceux qui se sont battus pour la France», demandant à Emmanuel Macron d’intervenir pour rétablir la présence du drapeau national. Une demande au chef de l’État également adressée «solennellement» par Valérie Pécresse : «Nous le devons à tous nos combattants qui ont versé leur sang pour [le drapeau tricolore]» a ajouté la candidate des Républicains, expliquant ainsi son propos : «Présider l’Europe oui, effacer l’identité française non !»

Quant à Éric Zemmour, il a relayé également une image du drapeau européen sous l’Arc de Triomphe assortie du commentaire : «après le saccage et l’empaquetage, l’outrage». Florian Philippot, Gilbert Collard, Nicolas Dupont-Aignan ainsi que de nombreux députés du Rassemblement National ont également fait entendre, au moins sur les réseaux sociaux, leur mécontentement.

Il ne s’est pas trouvé grand monde pour prendre la défense de ce choix, la majorité ayant plutôt choisi de ne pas s’aventurer dans la polémique. L’un des rares à avoir répondu aux critiques de la droite est le député (LREM) François Jolivet, qui écrivait sur Twitter : «La présence du drapeau européen sous l’Arc de triomphe ne me choque pas, puisqu’elle marque le début de la présidence française de l’Union européenne. Hisser la France sur le toit de l’Europe, la mettre aux manettes, a son quelque chose de patriote.»

Plus nombreux en revanche ont été ceux qui ont surtout reproché à Valérie Pécresse sa participation à une polémique qu’ils estimaient venue de l’extrême droite. «Courir après Marine Le Pen, copier ses tweets et ses basses polémiques, quelle tristesse Valérie Pécresse !» a ainsi rétorqué le secrétaire d’État aux affaires européennes Clément Beaune – qui a relayé sur son compte les images de nombreux monuments parisiens aux couleurs de l’Europe, tels la Tour Eiffel, l’opéra ou la cathédrale Notre-Dame de Paris… mais pas l’Arc de Triomphe.

Clément Beaune a par ailleurs précisé à BFMTV que le drapeau tricolore reprendrait bientôt sa place : «Le dispositif est en place pour quelques jours, avec les illuminations, et le drapeau français sera évidemment réinstallé ensuite, sans le drapeau européen.»

En attendant, comme l’a montré le journaliste de Brut Remy Buisine, les centaines de milliers de personnes massées cette nuit sur les Champs-Élysées malgré l’annulation du feu d’artifice ont attendu en vain le traditionnel décompte pour la nouvelle année, projeté habituellement sur l’Arc de Triomphe : celui-ci a manifestement été supprimé également, compte tenu des restrictions sanitaires.

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