Sommet européen : divisés, les Vingt-Sept se retrouvent pour tenter de trouver un accord sur un plan de relance – Le Monde

Mme Merkel et M. Macron ont retrouvé à 9 h 30 le président du Conseil européen, Charles Michel, chef d’orchestre du sommet, pour décider de la marche à suivre.

Alors que le sommet était officiellement prévu pour durer deux jours, vendredi et samedi, les discussions entre les Vingt-Sept ont repris à Bruxelles, dimanche 19 juillet, pour tenter de trouver un accord sur un plan de relance post-coronavirus massif. Après quarante-huit heures de discussions qui n’ont pas permis de faire plier les Pays-Bas et leurs alliés « frugaux » (Danemark, Suède et Autriche, ainsi que la Finlande), très réservés sur ce plan défendu notamment par Paris et Berlin, la chancelière allemande n’a pas écarté le risque d’un échec dans les négociations.

« Il y a beaucoup de bonne volonté (…), mais il est aussi possible qu’aucun résultat ne soit obtenu aujourd’hui », a déclaré Angela Merkel à son arrivée au sommet pour une journée qu’elle a qualifiée de « décisive ». « Je ne peux toujours pas dire si une solution sera trouvée », a insisté Mme Merkel, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne (UE).

Emmanuel Macron a, lui, prévenu que les « compromis » ne pouvaient pas se faire « au prix de l’ambition européenne ». Malgré des « dissensions », un accord est encore « possible », a-t-il cependant estimé.

Mme Merkel et M. Macron ont retrouvé à 9 h 30 le président du Conseil européen, Charles Michel, chef d’orchestre du sommet, pour décider de la marche à suivre. Selon une source diplomatique, les chefs d’Etat allemands et français doivent décider « sur cette base s’ils reprennent ou pas » le sommet, qui devait redémarrer à midi, mais dont la reprise a été décalée.

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Un compromis particulièrement difficile

Sur la table des négociations, un fonds constitué par une capacité d’emprunt de 750 milliards d’euros pour relancer l’économie européenne, adossé au budget à long terme de l’UE (2021-2027) de 1 074 milliards d’euros. L’unanimité des 27 Etats membres étant requise, un compromis est particulièrement difficile.

Après un dîner samedi, Charles Michel a réuni le président français, la chancelière allemande, les dirigeants des quatre « frugaux », auxquels s’est joint celui de la Finlande. « Cette réunion a été très dure », ont indiqué deux sources européennes. Après plusieurs tentatives de compromis, Mme Merkel et M. Macron ont quitté la réunion pour un entretien dans leur hôtel avec le dirigeant italien, Giuseppe Conte, selon une source diplomatique. Ils attendaient un pas des « frugaux » en leur direction, qui n’est pas venu : devant des journalistes, le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a déclaré « ne pas avoir entendu d’ultimatum ».

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Samedi, M. Michel avait fait une proposition révisée pour tenter de lever les réserves sur le plan de relance. Il devrait en faire une nouvelle dimanche. Une des options sur la table est de modifier la répartition entre prêts et subventions en augmentant la part des premiers à 300 milliards d’euros (contre 250 dans la proposition initiale) sans réduire la part des subventions directement destinées aux Etats pour soutenir leurs plans de relance. Les « frugaux » préfèrent nettement les prêts aux subventions. Mais Paris et Berlin refusent des subventions inférieures à 400 milliards.

Des demandes de réformes qui inquiètent Rome et Madrid

Charles Michel a, par ailleurs, proposé un mécanisme permettant à un pays qui aurait des réserves sur le plan de réformes présenté par un autre Etat, pour obtenir ces aides, d’ouvrir un débat à 27, soit devant le Conseil européen (c’est-à-dire les dirigeants), soit devant les ministres des finances de l’UE. Une réponse au souhait de M. Rutte de voir ces plans nationaux validés par les Vingt-Sept à l’unanimité, ce qui offrirait de facto un veto à n’importe quelle capitale.

Les pays « frugaux » reprochent en effet à leurs voisins du Sud un laxisme budgétaire et le manque de compétitivité de leur économie. Mais ces demandes pressantes de réformes inquiètent Rome et Madrid, qui craignent d’être soumis à un programme de réformes (marché du travail, retraites…) imposé, comme la Grèce dans le passé.

Autre coup de pouce de Charles Michel pour vaincre les résistances : accroître certains « rabais » accordés aux pays qui versent davantage d’argent au budget de l’UE qu’ils n’en reçoivent. Ce serait le cas pour Vienne, Copenhague et Stockholm, mais pas La Haye ni Berlin dont les rabais restent inchangés.

Bras de fer sur l’Etat de droit

Outre ces sujets délicats, d’autres pèsent sur les discussions, en particulier le lien entre le versement des aides et le respect de l’Etat de droit, qui hérisse Budapest et Varsovie, actuellement dans le collimateur de l’UE.

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Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a ainsi accusé dimanche son homologue néerlandais de vouloir le « punir financièrement ». Selon M. Orban, la création d’un tel mécanisme exigerait « des semaines de négociations ».

« Le problème », estime un diplomate européen, est que les « questions fondamentales » de l’unanimité et de l’Etat de droit, qui risquent de faire échouer les négociations, « ne seront pas résolues juste avec un second sommet ».

Le Monde avec AFP

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