Smartphones et apps, ces outils si complémentaires en mobilité confinée

Smartphones et apps, ces outils si complémentaires en mobilité confinée

Dans son enquête “La révolution du travail à distance“, Terra Nova estime que 8 millions de salariés français ont été convertis « soudainement » au télétravail durant la crise sanitaire. A titre de comparaison, ils étaient en temps normal 1,8 million à le pratiquer sur au moins 20 % de leur temps de travail.

Pour permettre la continuité de leurs activités, les entreprises ont donc équipé en masse de nouveaux collaborateurs, essentiellement en ordinateurs portables. « Nous avons équipé de nombreux salariés en portables, et véritablement tous les métiers, dont des comptables et des personnels des centres d’appels », confie ainsi le DSI de Carglass, Didier Roy.

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La visioconférence prend son essor aussi sur mobile

Mais quid du smartphone et des applications mobiles ? Les usages professionnels de ces terminaux, comme la messagerie, concernent en effet principalement les situations de mobilité. Or cette mobilité disparaît en confinement. Une part conséquente des tâches s’est donc déplacée du mobile vers l’ordinateur, pro ou personnel.

Certains usages ont néanmoins persisté sur smartphone, voire ont explosé. C’est notamment le cas de la messagerie et de la visioconférence, particulièrement adaptées à ce terminal, notamment pour les salariés non équipés de webcam.

Pour organiser des réunions, les entreprises se sont massivement équipées en services cloud de visioconférence, comme Google Meet, Zoom ou Microsoft Teams. Or ces services sont déclinés en versions web et mobiles (iOS et Android). Au début du confinement, le nombre de sessions mobiles de Microsoft Teams a bondi au-delà des deux millions pour les seuls Etats-Unis, selon Apptopia. Google Meet a suivi une tendance similaire.

Pour Zoom, la trajectoire est encore plus brutale, avec des sessions mobiles multipliées par trois à plus de six millions par jour. Les applications collaboratives et de visio sont indéniablement les grandes gagnantes du basculement général en télétravail. Fin avril, Microsoft annonçait ainsi que Teams comptait 75 millions d’utilisateurs actifs (44 millions six semaines auparavant).

« Nous avons enregistré sur Teams un pic de plus de 200 millions de participants à des réunions virtuelles sur une journée ce mois-ci, générant plus de 4,1 milliards de minutes de meetings » n’a pas manqué de se féliciter son PDG, Satya Nadella.

La problématique de la sécurisation du BYOD ressurgit

Carglass fait partie de ces entreprises qui ont développé leur utilisation de Microsoft Teams. Si l’outil était déjà disponible en interne, il était cependant négligé par une partie des collaborateurs. « Nous n’avons fait qu’intensifier l’usage. Et les récalcitrants s’y sont mis eux aussi (…) Des réunions jusqu’à 50 personnes ont été organisées sur Teams », témoigne Didier Roy.

Mais que ce soit pour une visioconférence ou accéder en VPN à une application d’entreprise, les salariés ne disposent pas tous d’un terminal professionnel. « Toutes les sociétés ont bien conscience de la nécessité de revoir cet équipement, mais des contraintes budgétaires se posent », commente à ce sujet le consultant de PAC, Olivier Rafal.

Expert en sécurité pour Wavestone, Gérôme Billois insiste lui aussi sur la fourniture de matériel informatique. « C’est dangereux d’autoriser l’accès au réseau interne à des PC susceptibles d’être utilisés le soir par des adolescents pour télécharger des jeux ou des séries. La journée, sur le même PC, seront tapés des e-mails professionnels sensibles. »

La pratique sécurisée du BYOD reste complexe à mettre en œuvre, juge-t-il encore. « Pour les PC, c’est très difficile de mesurer véritablement la conformité d’une machine avant sa connexion », précise le consultant. « Dans un contexte de terminaux mobiles, on arrive quand même à faire mieux avec des containers » à la mode BlackBerry ou Knox.

Ces outils de sécurité sur mobile peuvent s’imposer lorsque le terminal combine usages pro et perso. Or, c’est surtout dans ce second domaine que les usages se sont le plus intensifiés en confinement. En effet, applications mobiles de messagerie et réseaux sociaux ont, elles aussi, enregistré un pic d’activité lors de cette période. « Facebook, WhatsApp, Messenger, Instagram, TikTok, Snapchat et Twitter ont tous battu leurs records respectifs pour le temps passé dans l’application », relève Apptopia.

Messagerie et réseaux sociaux font la loi sur mobile

Toutefois, ces applications étaient déjà incontournables sur smartphone avant le confinement. Chez les 20-29 ans, Facebook, Instagram, Snapchat, Messenger et YouTube s’imposent comme les principales apps selon le baromètre des usages mobiles de l’EBG. Et parmi les 30-39 ans, Google et Gmail se substituent à Snapchat et YouTube.

La crise sanitaire s’est donc traduite avant tout par une intensification d’usages existants. Mais l’attachement au smartphone et aux apps n’a en effet pas concerné tous les domaines. Pour le New York Times, ces journées au domicile, avec des ordinateurs à portée de main, ont même conduit une part significative des mobinautes à se détourner de cet écran, leur en préférant un plus grand.

C’est vrai, en partie du moins. Un indicateur permet en effet de confirmer que le Web n’est pas devenu spécifique au PC. Airship note ainsi que les notifications push sur mobile ont augmenté de 16 % en mars, contre + 36 % pour le Web. La tendance est similaire en ce qui concerne l’ouverture (+ 22 % pour les applications et de 119 % pour les sites web).

Toutefois, 88 % des ouvertures directes de notifications web provenaient d’appareils mobiles plutôt que d’ordinateurs de bureau – soit une augmentation de 10 % depuis janvier 2020 et de 42 % en cumul annuel. Même confinés, les internautes n’ont pas renoncé au smartphone, même si le lien a parfois pu donner l’impression de se distendre.

La reprise progressive de l’activité dans le cadre du déconfinement devrait d’ailleurs redonner à ce terminal toute sa place. Rappelons ainsi que selon le Baromètre du numérique, tous les principaux usages du smartphone sont en constante progression année après année.

Et cela s’explique par un fort taux d’équipement des Français (95 %). En outre, 94 % des personnes équipées l’utilisent chaque jour et 51 % de Français se connectent au Web d’abord sur mobile. L’année dernière, cette part a progressé de 5 points. Pour l’accès à Internet, le smartphone devance ainsi l’ordinateur de 20 points. L’ancrage de ce terminal n’est pas remis en question, y compris par la crise sanitaire.

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