Smartphone : le COVID-19 offre à l’Inde la possibilité de devenir une alternative manufacturière à la Chine

Smartphone : le COVID-19 offre à l'Inde la possibilité de devenir une alternative manufacturière à la Chine

L’industrie indienne des smartphones est actuellement dans l’œil du cyclone à cause de deux événements majeurs : un effondrement induit par la crise du COVID-19 qui, d’après les estimations, devrait faire perdre 2 milliards de dollars à l’industrie en termes de revenus ; et la possibilité de voir davantage de fabricants migrer de la Chine vers l’Inde maintenant qu’une dépendance écrasante de la Chine dans le domaine des smartphone est bien connue. En d’autres termes, les difficultés de l’Inde aujourd’hui peuvent conduire à des gains de long terme si l’Inde sait jouer correctement ses cartes.

Après une baisse de 27 % des expéditions de smartphones en mars et de 60 % en avril, Counterpoint Research estime que les livraisons de smartphones en Inde devraient diminuer de 3 % en 2020, passant de 158 millions d’unités en 2019 à 153 millions. Cette baisse prévue ne prend toutefois en considération que le confinement de 21 jours de l’Inde. Si la situation s’aggrave et que le confinement est prolongé, cette prévision devrait être revue. Cela signifie qu’il est difficile de déterminer avec précision la gravité de l’impact économique du COVID-19 sur le secteur des smartphones.

Malgré cela, des entreprises comme Apple, qui étaient historiquement opposées à la fabrication de leurs téléphones en Inde, ont finalement capitulé en ouvrant leurs ateliers de fabrication dans le pays. Son fabricant sous contrat, Foxconn, a commencé à fabriquer l’iPhone XR à Chennai et prévoit de fabriquer la série des iPhone 11 en Inde également. Cela constitue un grand pas en avant pour l’Inde étant donné que le XR est techniquement beaucoup plus complexe a fabriquer que les modèles précédents d’iPhone. De plus, des fabricants sous contrat comme Foxconn, Flex et Wistron – qui travaillent pour la plupart des fabricants de smartphones du monde – sont déjà présents en Inde et fabriquent des smartphones pour tout le monde, de Xiaomi à Lava.

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Pour Xiaomi les smartphones sont des services essentiels

Cependant, avec le confinement national qui a forcé ces entreprises à fermer leurs usines, le prix à payer pour la main-d’œuvre pourrait être catastrophique. Le préjudice subi par les fabricants est estimé à environ 2 milliards de dollars à date. Xiaomi et RealMe ont supplié le gouvernement de leur permettre de fonctionner comme un “service essentiel” afin qu’elles puissent livrer des téléphones portables pendant le confinement. Xiaomi a expliqué qu’il ne s’agissait pas de générer des revenus, mais de mettre un outil essentiel entre les mains des gens pendant une situation d’urgence, surtout si l’on considère qu’au moins 40 % des ventes de smartphones en Inde concernent des premiers achats. Aussi obsédée par le téléphone que soit l’Inde, je ne suis pas sûr que le gouvernement répondra aux demandes de Xiaomi favorablement.

L’ironie et la tragédie de la situation, c’est que l’année dernière l’Inde a fait de grands progrès et de grands efforts pour attirer les fabricants et les sous-traitants de l’écosystème des smartphones. Attirés par la main-d’œuvre bon marché, l’énorme marché local et la possibilité de réduire des droits d’importation désormais élevés en Chine, ces acteurs ont commencé à s’implanter en Inde.

Et ce mouvement se poursuit. Les assembleurs d’iPhone comme Pegatron, par exemple, sont actuellement à la recherche d’une unité de production en Inde. D’autres fabricants comme Meiloon, qui fabriquent des haut-parleurs pour des sociétés comme Harman, cherchent également à quitter le navire chinois et à s’installer ailleurs.

Personne ne va remplacer la Chine à court terme

Mais ne vous y trompez pas. Personne ne va remplacer la Chine à court terme. L’idée que l’Inde puisse le faire est risible. Mais dans cinq ans, qui sait comment les choses pourraient tourner. Avec des politiques gouvernementales appropriées et une impulsion pour améliorer les infrastructures, ainsi que la création d’un réservoir de main-d’œuvre locale qualifiée, un nouveau monde pourrait voir le jour où l’Inde deviendrait un centre manufacturier.

D’une certaine manière, grâce au COVID-19, l’Inde pourrait devenir un lieu potentiel pour les entreprises qui souhaitent réduire les risques liés à leur production en Chine. Un récent rapport d’UBS désigne l’Inde comme la première destination pour les entreprises qui souhaitent quitter la Chine. Les investissements étrangers directs de l’Inde ont doublé en 2019. Cette migration ne concerne pas seulement les smartphones ou l’électronique, mais un large éventail d’industries allant de l’alimentation aux produits pharmaceutiques.

“Compte tenu de l’avantage concurrentiel de l’Inde en termes de disponibilité de terrain et de main-d’œuvre, les exportations ont toujours été un grand espoir par le passé, mais elles connaissent aujourd’hui un tournant, car les fabricants mondiaux installés depuis longtemps en Chine cherchent à diversifier leur base manufacturière. L’Inde dispose d’un avantage d’échelle et les facteurs clés de succès au niveau local s’améliorent également” indique le rapport.

Il ne fait également aucun doute que l’énorme avantage de la Chine, qui a mis quelques décennies à mettre en place un écosystème de fabrication et des chaînes d’approvisionnement interconnectées, sera toujours là après la fin de l’épidémie. Mais si l’Inde veut reproduire ce que la Chine possède, la tempête qui s’abat actuellement sur elle pourrait bien être le moment idéal pour que le pays commence à travailler à la réalisation de cette promesse.

Source : “ZDNet.com”

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