Semi-conducteurs : Intel va investir des milliards d’euros sur le Vieux Continent

Semi-conducteurs : Intel va investir des milliards d'euros sur le Vieux Continent

Intel mise sur l’Europe. Le PDG du fondeur américain, Pat Gelsinger, l’a encore souligné ce mardi, lors de son discours d’ouverture du salon automobile annuel allemand, IAA Mobility, qui se tient actuellement à Munich. Le dirigeant a en effet profité de cette tribune pour annoncer un plan pouvant aller jusqu’à 80 milliards d’euros au cours de la prochaine décennie pour créer une “méga” usine de fabrication de puces sur le Vieux Continent.

Un investissement colossal, qui permettrait au fondeur de s’attirer les bonnes grâces des autorités européennes tout en résolvant en partie la fragilité des chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs, dont l’arrêt lors de la crise sanitaire a accouché d’une pénurie qui frappe actuellement un grand nombre de constructeurs automobiles ou de fabricants d’objets connectés.

« Le monde est en bonne voie pour remédier à la pénurie mondiale de puces, mais cette crise a montré l’aspect critique des semi-conducteurs et la fragilité de nos chaînes d’approvisionnement », a relevé le dirigeant devant un parterre de grands noms de l’industrie automobile allemande.

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Une décision d’ici à la fin de l’année

Intel espère annoncer le lieu d’installation de sa prochaine “méga-fab” ou usine de fabrication de puces en Europe d’ici la fin de l’année. Le fondeur indique également vouloir mettre son usine de semi-conducteurs en Irlande à la disposition des constructeurs automobiles, pour résoudre une partie de la pénurie qui les frappe.

Pour rappel, Intel avait déjà annoncé en début d’année un investissement de 7 milliards d’euros pour doubler la capacité de son usine irlandaise et y implanter sa production de puces gravées en 7 nm.

Le volontarisme d’Intel est toutefois loin d’être innocent. Le fondeur cherche en effet à soutenir le plan de la Commission européenne, annoncé en mars, qui vise à faire passer la part de l’Europe dans l’approvisionnement mondial en semi-conducteurs à 20 %. Baptisé Digital Compass, ce plan de l’UE a pour but de faire de l’UE un espace « souverain sur le plan numérique » d’ici à 2030. De quoi s’attirer les bonnes grâces des décideurs européens.

Un total de huit usines dans les 10 ans

« En 1990, l’Europe représentait 44 % de l’industrie mondiale des semi-conducteurs. Aujourd’hui, elle n’en représente plus que 9 % », a relevé Pat Gelsinger lors de l’allocution. Et de constater que « l’Europe est donc passée de la fabrication […] de près de la moitié de l’offre mondiale à seulement 9 % aujourd’hui, et continue de décliner ». « Il s’agit d’un élément crucial pour tous les aspects de l’avenir numérique, qui repose entièrement sur les semi-conducteurs. Vous êtes sur le point de perdre le contrôle de l’une des technologies les plus importantes pour l’économie et la sécurité nationale de l’Europe », prévient-il.

En juillet, Intel avait déjà présenté ses plans pour une “méga-fab” en Europe. Selon le Financial Times, la direction d’Intel privilégierait une installation en France, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Belgique. « Nous construisons deux nouvelles usines à la pointe de la technologie. Ces deux usines lanceront une nouvelle dynamique européenne, qui se poursuivra au cours de la prochaine décennie pour atteindre huit usines », indique le patron d’Intel.

« Chaque usine représente environ 10 milliards d’euros, soit un projet total de plus de 80 milliards d’euros au cours de la prochaine décennie, environ. Ce sera un catalyseur pour l’industrie des semi-conducteurs, pour la chaîne d’approvisionnement, pour les produits chimiques – de nombreux fournisseurs d’équipements – mais aussi un catalyseur pour l’ensemble de l’industrie technologique », se réjouit-il. Après les paroles, l’impatience devrait rapidement grandir en attendant le passage d’Intel aux actes.

Réparer la chaîne d’approvisionnement

Actuellement, la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs est paralysée par une pénurie qui fait suite aux mesures de confinement décrétées dans le sillage de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19.

Historiquement, les entreprises ont préféré concevoir leurs propres semi-conducteurs et confier le processus de fabrication à des fonderies tierces. Etant donné la complexité de la fabrication des semi-conducteurs, le marché s’est rapidement consolidé, ne laissant qu’une poignée d’entreprises à la tête des fonderies dans lesquelles sont passées la plupart des commandes de puces informatiques dans le monde.

Les plus établies d’entre elles sont Samsung et TSMC. Par conséquent, les trois quarts environ de la capacité totale de fabrication de semi-conducteurs dans le monde proviennent de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud et de Taïwan, et la quasi-totalité de la capacité mondiale de fabrication de semi-conducteurs avancée (dans les nœuds inférieurs à 10 nanomètres) est située en Corée du Sud et à Taïwan. Une situation qui pourrait bien changer grâce aux investissements consentis par Intel en Europe, mais aussi aux Etats-Unis.

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