Séisme en Ardèche. Pourquoi le tremblement de terre a surpris tout le monde – Ouest-France

Le séisme qui a frappé l’Ardèche et la Drôme lundi 11 novembre au matin a fait quatre blessés et d’importants dégâts, notamment dans la commune ardéchoise du Teil. Un tremblement de terre de magnitude 5,4 sur l’échelle de Richter qui a touché une région à la sismicité modérée. De quoi surprendre les sismologues, à l’instar de Mustapha Meghraoui, physicien à l’Institut de physique du globe de Strasbourg.

Des répliques de 1, 2 voire 3 sont actuellement enregistrées en Ardèche, mais une plus importantes est attendue par les sismologues. | JEFF PACHOUD / AFP

  • Des répliques de 1, 2 voire 3 sont actuellement enregistrées en Ardèche, mais une plus importantes est attendue par les sismologues.
    Des répliques de 1, 2 voire 3 sont actuellement enregistrées en Ardèche, mais une plus importantes est attendue par les sismologues. | JEFF PACHOUD / AFP

Quatre blessés, une cinquantaine de maisons écroulées, les réacteurs de la centrale nucléaire de Cruas arrêtés pour inspection : le séisme, de magnitude 5,4 sur l’échelle de Richter, qui a frappé la région du Teil (Ardèche), lundi 11 novembre, a surpris les habitants de la région, mais pas seulement.

Le tremblement de terre a également surpris les sismologues. Mustapha Meghraoui nous dit pourquoi.

Ce tremblement de terre a-t-il surpris les sismologues ?

Sur le millier de secousses recensées chaque année en France par le Réseau national de surveillance des séismes (RéNaSS), seules une grosse dizaine, celles qui dépassent la magnitude 3,5, sont généralement ressenties par la population. Mais plus rares sont les secousses dépassant une magnitude 5.

« C’est vraiment une surprise pour nous, reconnaît Mustapha Meghraoui, physicien spécialiste des tremblements de terre à l’Institut de physique du globe de Strasbourg. Si une magnitude de 5,4 telle qu’enregistrée en Ardèche reste relativement modérée, ce qui nous surprend davantage dans le cas présent, c’est qu’elle frappe une région de Montélimar à la sismicité faible. C’est ce qui en fait un événement peu banal, et donc très intéressant pour nous scientifiques. »

De fortes répliques sont-elles à craindre ?

Les sismomètres français enregistrent déjà actuellement des répliques de magnitude 1, 2 voire 3. « Une activité normale » tempère Mustapha Meghraoui. Mais le sismologue juge « fort probable » une réplique plus importante : « autour d’une magnitude de 4 – 4,5 ».

Quand cette réplique principale peut-elle survenir ? « Nous ne pouvons pas le dire avec précision. Ce que nous savons, c’est que cela survient dans les heures ou les jours suivant le tremblement de terre. C’est ce qui est globalement observé dans ce genre de cas. »

Ce séisme peut-il être comparé à un autre ?

Il est encore un peu tôt pour établir le profil exact du séisme qui a frappé l’Ardèche et la Drôme lundi. « Il va nous falloir quelques jours pour compiler, analyser les premières données recueillies », reconnaît Mustapha Meghraoui.

Toutefois, le sismologue établit un parallèle avec le séisme qui avait touché le massif armoricain en septembre 2018, de type « intraplaques », c’est-à-dire éloignées des bordures de plaques et caractérisé par des secousses « plus lentes et d’une intensité bien plus faible que la sismicité interplaques ».

Quel est actuellement le travail des sismologues ?

« Tout le réseau sismique français est mobilisé, regarde les données pour tenter de comprendre le pourquoi et du comment », indique Mustapha Meghraoui. Des stations sismiques portables vont être installées dans la région. Des observations vont être conduites sur le terrain « afin de comprendre les caractéristiques de ce séisme, qui encore une fois est surprenant ».

Si la surveillance est accrue chez les scientifiques, aucun niveau d’alerte n’a pour autant été activé. « Un tremblement de terre d’une magnitude plus importante, d’un niveau supérieur à 6, entraînerait un niveau de vigilance plus grand encore, décrypte le scientifique strasbourgeois. Car une magnitude dépassant 6 ou 6,5 dégage assez d’énergie pour en générer un deuxième tout aussi fort. »

Quelles sont les zones les plus à risques en France ?

Les régions Pyrénées et Rhône-Alpes sont les plus connues en France métropolitaine. Une zone autour de Mulhouse est aussi répertoriée. « Rien d’inhabituel n’a pour l’instant été observé sur ces zones », note Mustapha Meghraoui.

Les zones sismiques de la France métropolitaines telles que répertoriées en mai 2011. | CAPTURE PLAN SEISME.

Y a-t-il à craindre dans ces régions alors qu’une région moins exposée vient d’être frappée ? Rien ne l’indique. « Nous sommes des scientifiques pragmatiques, mais nous ne sommes pas devins, insiste Mustapha Meghraoui. Les antennes régionales du réseau de surveillance portent bien évidemment un regard tout particulier sur ces zones, mais rien de significatif n’a été enregistré pour le moment ».

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