Sécheresse : le gouvernement place l’eau potable et l’élevage en priorité absolue – Les Échos

« Cette sécheresse est la plus grave jamais enregistrée dans notre pays. » En installant, vendredi, une cellule interministérielle de crise face à une situation jugée « historique » , Matignon a évoqué « un drame » pour les agriculteurs, les écosystèmes et la biodiversité.

Un drame qui risque surtout de s’aggraver. La nouvelle vague de chaleur qui se dessine pourrait en effet aboutir à une quatrième canicule, qui va surtout accentuer la sécheresse, selon Météo France. Pour le cabinet de la Première ministre, Elisabeth Borne, « ces prévisions laissent présager que la situation pourrait perdurer sur les quinze prochains jours, voir devenir plus préoccupante encore ».

Plan Orsec « eau »

Vendredi, pas moins de quatre ministres et secrétaires d’Etat ont été dépêchés dans des régions particulièrement touchées, dans les Alpes-de-Haute-Provence et en Drôme. Avant tout pour faire passer des messages.

« Il va falloir s’habituer à des épisodes de ce type », a martelé le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. « Tout l’enjeu est de durcir un certain nombre de restrictions » pour éviter que les communes, plus d’une centaine actuellement , soient privées d’eau potable, a-t-il expliqué.

« Si on ne diminue pas nos habitudes de consommation, il y aura des épisodes à répétition dans lesquelles la question ne sera plus une question de partage qui se fera de manière consensuelle, mais ça se fera avec des tensions et des risques pour un certain nombre de professions et de domaines », a-t-il estimé.

La cellule de crise mise en place par Matignon, qui s’est réunie une première fois à la veille du week-end sans faire d’annonce, doit permettre, entre autres, le déclenchement éventuel des plans Orsec « eau » pour alimenter les agglomérations concernées. Elle doit aussi assurer un suivi des impacts de la sécheresse pour les infrastructures de production d’énergie et de transport, et pour l’agriculture, qui consomme la majeure partie de l’eau en été. Un secteur en première ligne des dégâts.

Concertation

« L’urgence absolue c’est d’assurer en particulier aux éleveurs la capacité à continuer à pouvoir exercer leur activité », a promis le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui a insisté sur la priorisation des enjeux et de l’utilisation de la ressource en eau. Dans les zones de tension, Elisabeth Borne a appelé les préfets à mener « dès la semaine prochaine » des concertations sur les usages.

« Les premières aides que nous devons apporter sont celles qui permettent d’abreuver les animaux, de pouvoir se fournir en fourrage, en alimentation pour le bétail. Viendra ensuite le temps de regarder le coût pour les agriculteurs. On verra alors les indemnisations qui peuvent être prises, soit par les assurances, soit par les systèmes classiques », a précisé Marc Fesneau.

Le gouvernement va aussi veiller à ce que d’autres activités, comme le maraîchage, « puissent disposer de suffisamment d’eau pour pouvoir fournir en fruits et légumes ».

Christophe Béchu a exhorté à « anticiper » dans les territoires qui connaissent « des déficits hydriques qui se prolongent ». « L’adaptation, ce n’est pas une option, c’est de toute façon une obligation », a-t-il fait valoir dans une interview à « La Provence », rappelant qu’un décret autorisant le contrôle et le suivi des niveaux même en hiver a été signé en juillet.

Manque d’anticipation

Jamais un mois de juillet n’avait été aussi sec. La quasi-totalité des départements de métropole est aujourd’hui placée en état d’alerte sécheresse. Mais, dans certaines régions, la crise couve depuis des mois. Nombre d’observateurs pointent un manque d’anticipation.

« C’est une vraie crise et on n’est pas prêt », a déploré Anne Bringault, la coordinatrice des programmes au Réseau Action Climat. Elle rappelle les sécheresses de 2019 et 2020. « Aucune mesure structurelle n’a été prise, notamment pour adapter l’agriculture aux nouvelles conditions climatiques, et on n’a pas non plus constaté de changement majeur dans les méthodes agricoles, alors qu’on aurait pu adapter certaines cultures. » Sur certaines très gourmandes en eau comme le maïs les pertes de rendement pourraient atteindre 30 à 50 %.

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