Scandale Orpea : la ministre Brigitte Bourguignon annonce l’ouverture de deux enquêtes administratives – Le Figaro

Le PDG d’Orpea assure avoir «la preuve» que «plusieurs accusations sont infondées», après sa convocation au ministère.

«Nous nous engageons dans la transparence, dans une totale indépendance, à faire la totale lumière sur ces événements», a assuré Philippe Charrier, PDG d’Orpea après sa convocation chez Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie. «Nous avons mandaté deux cabinets extérieurs pour faire toute la lumière. Madame la ministre nous a dit qu’elle allait faire des inspections, des contrôles et nous sommes très heureux d’avoir ces inspections et ces contrôles», a-t-il ajouté, précisant : «D’ores et déjà, nous savons que plusieurs accusations sont infondées, j’en ai la preuve formelle, documentaire».

Un peu plus tôt dans la matinée, Brigitte Bourguignon au micro de France Inter avait annoncé lancer «une enquête IGAS (Inspection générale des affaires sociales, NDLR) et une enquête financière de l’IGF (Inspection générale des finances, NDLR). C’est une première, mais il faut taper fort pour montrer qu’on ne fait n’importe quoi dans ce pays» ajoutant que «toutes les ARS iront voir ce qu’il se passe dans tous les établissements de ce groupe».

Les dirigeants d’Orpea, Jean-Christophe Romersi, directeur général pour la France et Philippe Charrier, le nouveau PDG, étaient convoqués à 9h15 par Brigitte Bourguignon, qui attendait des explications face à des accusations d’une «gravité exceptionnelle», à la suite de la parution d’une enquête à charge contre les conditions d’accueil dans les Ehpad du groupe.

«Je souhaite que toute la lumière soit faite sur les faits signalés», a prévenu la ministre sur Twitter, une semaine après l’onde de choc provoquée par la sortie du livre-enquête «Les fossoyeurs». Le journaliste indépendant Victor Castanet y décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont «rationnés» pour améliorer la rentabilité de l’entreprise. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort.

Le groupe privé, qui continue à rejeter en bloc ces accusations, a tenté d’allumer un premier contre-feu dimanche soir en limogeant son directeur général depuis plus de dix ans, Yves Le Masne. Ce départ «ne présage en rien que les accusations sont fondées», selon une source proche du groupe. L’entreprise souhaite «laver (son) honneur» et «améliorer le système s’il y a eu des dysfonctionnements», ajoute cette source.

Sur le plan judiciaire, Orpea est par ailleurs sous la menace d’une «action collective conjointe» lancée par des familles de résidents en colère. En portant plainte simultanément, ces familles «entendent faire nombre, avoir du poids face à un géant», a expliqué lundi leur avocate, Me Sarah Saldmann, qui veut lancer cette procédure d’ici quelques semaines pour, selon les dossiers, «homicide involontaire, mise en danger délibérée de la vie d’autrui, violence par négligence» ou «non-assistance à personne en danger».

Plainte pour «homicide involontaire»

Acculé, Orpea a annoncé sa propre «mission indépendante d’évaluation», confiée à «deux cabinets de premier plan» – toujours «en cours de désignation». Vendredi, son établissement de Neuilly, «Les bords de Seine», particulièrement pointé du doigt dans l’enquête de Victor Castanet, a fait l’objet d’une inspection diligentée par l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France et le conseil départemental des Hauts-de-Seine. Cette même résidence est en outre visée par une enquête préliminaire ouverte en 2020 par le parquet de Nanterre, suite à un dépôt de plainte pour des faits d’homicide involontaire concernant une résidente.

Le secteur des Ehpad privés dans son ensemble «n’a rien à cacher» et est même demandeur d’une multiplication des contrôles, a fait valoir lundi le Synerpa, principal syndicat des Ehpad privés. «Cette crise met en avant la nécessité de revoir urgemment les systèmes de contrôle et d’évaluation de la qualité en Ehpad», a souligné lors d’un point presse Florence Arnaiz-Maumé, la déléguée générale du Synerpa. L’organisation professionnelle va par ailleurs se doter prochainement d’une commission d’élaboration d’une «charte éthique», a précisé cette responsable, pour qui les dysfonctionnements évoqués dans le livre, «s’ils sont avérés, sont condamnables».

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