Santé. Covid-19 : pourquoi il faut se méfier des chiffres par département – Le JSL

Depuis la reprise épidémique qui frappe la France sous la pression du variant delta, les autorités ont les yeux rivés sur les taux d’incidence: brièvement dépassé dans les Landes fin juin, le seuil d’alerte de 50 nouvelles contaminations pour 100 000 habitants (sur une semaine) est retombé en-dessous.

Six départements au-dessus de 50…

Les autorités sanitaires avaient choisi de prendre des mesures locales, et de retarder la levée des mesures sanitaires dans ce seul département. Avec succès: le taux d’incidence y a chuté de 22% en une semaine.

Mais depuis, le seuil d’alerte (50) a été dépassé à Paris, dans les Pyrénées-Atlantiques, les Pyrénées-Orientales, les Alpes-Maritimes, l’Hérault et la Haute-Garonne.

Une dizaine d’autres départements sont juste en-dessous, et ne devraient pas tarder à le franchir. La dynamique de l’épidémie est en effet importante: les taux d’incidence augmentent vite et fort pratiquement partout, comme le montre cette seconde carte:

En rouge, les départements où l’épidémie progresse le plus rapidement, en bleu ceux où elle progresse lentement, voire régresse légèrement. Souvent après une forte hausse la semaine précédente.

… avec des chiffres qui ont peu de sens

Surtout, depuis le début des vacances, ces chiffres posent un problème: à chaque fois qu’un cas positif est “attribué” à un département, il l’est sur la base du lieu de résidence du patient, via ses données de Sécurité sociale.

Or en ce long week-end du 14 juillet, et plus largement pendant ces deux mois de vacances d’été, ces données perdent de leur intérêt. Les mauvais chiffres de Paris, par exemple (incidence à 82,8) témoignent de tests sans doute réalisés dans la capitale… mais aussi sur le lieu de vacances de ces Parisiens. 

C’est indiqué dans la méthodologie de Santé Publique France, qui présente les données des “tests biologiques des personnes pour lesquelles le département de résidence a pu être localisé […]. Les personnes dont le département n’a pas pu être remonté […] ne sont comptabilisées qu’au niveau France entière. 

Impossible, pour l’heure, de savoir combien, ni où. Et il en va de même pour l’ensemble des départements: une forte hausse dans un département réputé peu touristique l’été ne signifie pas que ces cas y sont “géographiquement”. Au contraire, il y a de fortes chances qu’ils soient disséminés un peu partout sur le territoire…

Migrations estivales

C’est la même chose pour les baisses: les Landes sont repassées sous le seuil de 50, mais ce chiffre ne concerne que… les Landais. Il est possible, et même certain, qu’avec la forte présence de touristes dans ce département l’été traduit une situation différente, que rien ne permet de chiffrer…

A l’heure des grandes migrations estivales, ne vous basez donc pas sur les chiffres par département pour “savoir” si votre lieu de vacances est “rouge”, ou votre lieu de résidence “vert”… Il y a fort à parier que la réalité soit très différente pendant ces deux mois.

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