Samuel Paty: des parents d’élèves dénoncent leur mise à l’écart de l’hommage au professeur – BFMTV

Le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire-géographie, était décapité par un terroriste islamiste à la sortie de son collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine. Vendredi, un hommage lui sera rendu dans les écoles de France. La commémoration prévue dans son collège déçoit toutefois les parents d’élèves qui réclament d’y être associés.

C’était il y a un an déjà. Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, était assassiné, décapité par un terroriste islamiste à la sortie de son collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. Un crime qui a succédé à plusieurs jours de harcèlement. Ce vendredi 15 octobre, un hommage lui sera rendu dans les écoles françaises à travers une minute de silence, un échange d’une heure avec les élèves, des discussions portant sur la formation de l’esprit critique.

Mais au collège du Bois-d’Aulne, les modalités de ces commémorations ne font pas l’unanimité. Les parents d’élèves réclament d’y être associés. Devant cette protestation, l’académie de Versailles a proposé ce lundi quelques accommodements.

Lettre ouverte

“Pour nous, cet hommage aurait dû représenter une unité incontournable face à la barbarie, et aujourd’hui on se retrouve en-dehors de ça”, a ainsi témoigné Corinne Grootaert, présidente de la FCPE des Yvelines, référente pour Conflans-Sainte-Honorine, ce lundi sur BFMTV.

Celle qui est elle-même mère d’enfants inscrits dans l’établissement endeuillé a ajouté: “Les parents d’élèves resteront en-dehors du collège même si leur souhait était d’être avec eux.” Et l’organisation dont elle a la responsabilité pour les Yvelines se mobilise. Elle s’est notamment fendue d’un texte à l’intention du ministère de l’Éducation nationale: “Nous avons fait une lettre ouverte car notre demande au sein du collège était de rendre un hommage de la communauté éducative mais aussi des parents d’enfants de ce collège, tous ensemble”.

“Si vous ne changez pas d’avis concernant l’hommage du 15 octobre, nous, les représentants de parents d’élèves, n’assisterons pas à l’hommage ‘officiel’ du 16 octobre. Nous ne servirons pas de ‘caution’. Soit vous considérez les parents comme faisant partie intégrante de cet établissement, soit vous les en excluez”, peut-on lire dans cette lettre.

Une lettre restée sans réponse, a déploré Corinne Grootaert. Elle regrette d’autant plus la situation qu’elle juge que la volonté des enseignants locaux a été trahie. “Les professeurs ont décidé d’organiser un hommage ce vendredi 15 où ils souhaitaient convier les élèves et leurs parents”, explique-t-elle.

L’académie fait des ajustements

L’académie de Versailles a fourni quelques explications à BFMTV, arguant dans un premier temps de la nécessité de préserver l'”intimité” de la cérémonie et du respect d’une “jauge” commandée par les difficultés sanitaires.

Corinne Grootaert y voit une forme de mauvaise foi: “Il n’existe plus de jauge dans les établissements scolaires, y compris dans notre situation sanitaire. Donc on ne peut pas entendre qu’il y a un problème de jauge”.

Ce lundi, l’académie de Versailles a toutefois étoffé sa réponse et proposé des ajustements. Elle a ainsi appuyé ses réticences quant à l’invitation d’un public trop large sur le respect des normes de sécurité, notamment incendie. Mais l’indignation soulevée, indique-t-elle à présent, la pousse à organiser l’événement dans une autre zone du collège, ce qui permettra de multiplier la jauge par trois. L’académie estime donc pouvoir y accueillir 200 parents et élèves, auxquels se joindront une centaine d’officiels. L’académie dit encore attendre la réponse de parents conviés.

Des invitations ont notamment été envoyées, affirme l’administration, aux délégués de parents d’élèves dans le courant de la semaine dernière. Enfin, elle fait encore valoir avoir proposé aux parents de prononcer un discours lors de la cérémonie et rappelle que le son de celle-ci sera diffusé sur le parvis du collège.

Des gestes trop symboliques?

On ignore à ce stade si ces quelques adaptations seront de nature à apaiser les parents mécontents, mais elles ne tranchent pas, en tout cas, l’ensemble des questions soulevées par ces derniers.

La PEEP, autre instance de représentation des parents d’élèves, dénonce en effet elle aussi un manque de “concertation” sur place entre les parents d’élèves et l’institution scolaire. Devant nos caméras, Cécile Ribet Reyel, présidente de la PEEP de Conflans-Sainte-Honorine, a pointé deux mesures, actuellement suspendues: la possibilité de rebaptiser le collège du Bois-d’Aulne du nom de Samuel Paty et l’érection d’une statue à son effigie.

“Il faut que ce soit réfléchi, que ce soit proposé, que ce soit construit. Il ne faut pas que ce soit décrété et imposé. Ce serait strictement contre-productif et presque violent pour certains”, a contré Cécile Ribet Reyel.

Elle craint que ces gestes symboliques entravent les solutions de fond: “Je ne veux pas que la seule action soit de commémorer chaque année, de poser un bouquet, une plaque, une statue. On a besoin d’autre chose, d’actions.”

Robin Verner

Robin Verner Journaliste BFMTV

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