Salah Abdeslam : un monstre en prison – LaDepeche.fr

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Salah Abdeslam, l’un des terroristes responsables de l’attentat du 13 novembre 2015, entretient, depuis deux ans, une correspondance avec plusieurs jeunes femmes. L’une d’elles est originaire du Tarn-et-Garonne.

Il y a quelque chose de dérangeant dans la correspondance de Salah Abdeslam. Depuis son incarcération il y a trois ans et demi à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), le terroriste, seul rescapé du commando responsable des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, peut recevoir du courrier et y répondre. Depuis sa cellule d’isolement aux rigoureuses conditions de détention, il entretient, avec au moins quatre jeunes femmes, une communication continue. La plus régulière, Maéva, habite Moissac dans le Tarn-et-Garonne (lire ci-contre). Des courriers qui témoignent du «charisme gagné par Salah Abdeslam auprès d’une communauté islamiste radicale féminine», rapportent les policiers de la DGSI.

Violence, racisme et prosélytisme

Impliqué dans le meurtre de 131 personnes, traqué pendant 126 jours entre la France et la Belgique, capturé après une fusillade qui fera plusieurs blessés parmi les forces de l’ordre, le terroriste n’a exprimé, jusqu’à présent, aucun regret sur ses actions passées. «Je garde le silence», répète Abdeslam, inlassablement.

En prison, le terroriste est pourtant plus loquace. Depuis sa cellule, il multiplie agressions verbales et provocations envers le personnel pénitentiaire. Le 7 septembre 2018, une altercation l’oppose à un gardien, lors de la distribution du repas du soir. «Pourquoi tu me regardes comme ça, espèce de minus ?», aurait-il lâché. «Moi, je suis musulman, vous, vous êtes des mécréants, vous êtes des chiens, le jour où ça va changer vous allez m’embrasser les pieds !» aurait-il poursuivi. Trois mois plus tard, le 18 décembre 2018, viennent les injures racistes. Un surveillant, noir de peau, lui demande de relever son jogging : «Je ne parle pas aux singes», lui répond alors Abdeslam.

Les conversations captées par la sous-direction antiterroriste (SDAT) révèlent un autre aspect de la personnalité du tueur. Elles montrent un homme prosélyte, obsédé par le culte et la prière. «Si tu vas te détourner d’Allah, si tu vas te divertir en faisant autre chose qu’adorer ton seigneur (…) il va descendre», insiste-t-il au téléphone auprès de sa petite sœur.

Communications téléphoniques, lettres, visites et parloir sans vitre… Pourquoi le détenu le plus dangereux de France jouit-il des mêmes droits qu’un prisonnier ordinaire ?

En 2017, le juge d’instruction détecte chez le détenu une attitude de «prostration, paranoïa, irritabilité». Des changements de comportement qui font craindre à la justice une tentative de suicide imminente. Les conditions de détention de Salah Abdeslam sont alors allégées. «Ses autres conditions de détention, draconiennes, restent inchangées», justifie une source judiciaire, faisant notamment référence à l’observation nuit et jour via des caméras et à l’interdiction de communiquer avec d’autres détenus. «Il faut empêcher Salah Abdeslam de mettre fin à ses jours car il doit répondre de ses actes, réagit Samoa Maktouf, avocat de familles de victimes du 13 novembre. C’est important pour ceux qui attendent (…) Il faut surtout se méfier de ce qui ressemble à une nouvelle stratégie pour fuir ses responsabilités». Dans ce contexte, ces lettres, échangées avec de jeunes filles, peuvent être perçues comme une nouvelle provocation de la part d’un des hommes les plus haïs de France.

Le 7 juin dernier, Salah Abdeslam a été convoqué par le juge en charge de l’enquête sur les attentats de novembre 2013. Cet interrogatoire, le douzième depuis l’incarcération du djihadiste, était son ultime audition. Une nouvelle fois, il est resté muet.

L’instruction doit se terminer à la mi-octobre.

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