Royaume-Uni : son plan économique abandonné, Liz Truss s’accroche à Downing Street – Le Monde

Liz Truss ne démissionnera pas, pour l’instant. « Désolée » pour ses « erreurs », la première ministre britannique s’est dite déterminée à rester au pouvoir, quelques heures après l’abandon de son programme économique, annoncé lundi 17 octobre par son nouveau ministre des Finances.

Six semaines après l’arrivée de Liz Truss à Downing Street, son mandat semble moribond après une série d’humiliants revirements sur ses promesses de campagne. Dans une interview contrite à la BBC lundi soir, la cheffe du gouvernement a répété ses excuses, estimant avoir voulu aller « trop loin trop vite ».

« Je resterai à mon poste pour tenir mes engagements pour l’intérêt national », a-t-elle assuré, estimant qu’elle serait encore à la tête du parti pour les prochaines élections prévues dans deux ans, où l’opposition est archi-favorite. « J’ai agi rapidement pour réparer ces erreurs », a lancé Lis Truss à l’adresse de sa majorité, où les manœuvres se multiplient en coulisse pour la pousser vers la sortie.

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Décisions « très dures » à venir

Son nouveau ministre des finances Jeremy Hunt, nommé vendredi dans l’urgence après la tempête sur les marchés déclenchée par le « plan de croissance » de son prédécesseur Kwasi Kwarteng, tient désormais la barre du gouvernement après des semaines de chaos sur les marchés qui ont menacé la stabilité financière du pays.

Il a dévoilé lundi les grandes lignes du projet budgétaire de moyen terme qui doit être présenté dans sa totalité le 31 octobre. Selon lui, les nouvelles mesures fiscales se traduiront par des recettes supplémentaires de 32 milliards de livres (37 milliards d’euros) par an. Avertissant de décisions « très dures » avec des coupes à venir dans les dépenses de l’Etat et des hausses d’impôts, un désaveu total du plan initial de Liz Truss, Jeremy Hunt a toutefois assuré que le gouvernement ferait une priorité de « l’aide aux plus vulnérables ».

Le gouvernement entend limiter les aides accordées aux Britanniques en matière d’énergie, avec un plafonnement des prix qui s’arrêterait en avril 2023, et non plus pour deux ans. Au-delà de cette date, le gouvernement cherchera d’autres solutions pour venir en aide aux ménages les plus modestes, a dit le ministre.

La présentation fin septembre de projets de baisses d’impôts massives et d’un soutien colossal aux factures énergétiques par Kwasi Kwarteng, non pleinement chiffrés et financés par emprunt, avait fait craindre un dérapage des comptes publics. La livre avait chuté à un plus bas historique et les taux d’emprunt à long terme de l’Etat avaient flambé, fragilisant les fonds de pension et faisant grimper les taux d’emprunt des ménages et des entreprises, dans une économie britannique déjà à plat. La Banque d’Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de détériorer en crise financière et le Fonds monétaire avait appelé à rectifier le tir.

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« Saison 2 de l’austérité »

Alimentant les questions sur son autorité en lambeaux, Liz Truss a envoyé la ministre Penny Mordaunt, chargée des relations avec le Parlement, répondre à l’opposition à la chambre des Communes.

Mme Truss est ensuite apparue à Westminster aux côtés du chancelier de l’Echiquier mais est restée silencieuse, le regard vide, pendant que ce dernier affrontait une opposition, qui a torpillé une première ministre « humiliée, ne peut tout simplement pas rester à son poste ». Avec seulement 40 jours au pouvoir, elle risque de devenir le Premier ministre ayant eu le plus court mandat jamais connu outre-Manche.

« C’est une crise créée par les Conservateurs à Downing Street mais les gens ordinaires en paient le prix » a fustigé Rachel Reeves, responsable des questions financières au « Labour ». Elle a demandé pourquoi le gouvernement ne taxait pas les producteurs d’énergie pour aider à financer des aides budgétaires et disant craindre le retour de « la saison 2 de l’austérité » après les coupes radicales des années 2010.

Avant l’annonce de plus de détails concernant le plan du ministère de Jeremy Hunt pour rassurer les marchés, la livre rebondissait lundi face au dollar et à l’euro.

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Le Monde avec AFP

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