Royaume-Uni: Lindsay Hoyle succède à John Bercow à la tête des Communes – Le Figaro

Par notre correspondant à Londres,

La figure truculente de John Bercow explique sans doute l’intérêt particulier qu’a revêtu ce lundi l’élection du nouveau «speaker» de la Chambre des Communes. Après une décennie à cette fonction prestigieuse, celui que l’on a présenté comme le «grand arbitre du Brexit» a passé la main le 31 octobre. Ils étaient sept candidats – trois hommes et quatre femmes – pour lui succéder. C’est Lindsay Hoyle, son premier adjoint, qui a été élu au quatrième tour avec 325 voix, sur 540.

Originaire du Nord-Ouest de l’Angleterre et âgé de 62 ans, Lindsay Hoyle est député du Labour depuis 22 ans. Il avait beau être aux côtés de John Bercow, il ne l’a pas ménagé lors de sa courte campagne pour la présidence convoitée de la Chambre des Communes. Son ancien adjoint lui a de facto reproché sa volonté de se mettre en scène et son interventionnisme, au détriment d’une neutralité apaisante. Dans un entretien au Sunday Times, Lindsay Hoyle a expliqué qu’il voyait le «speaker» comme un simple arbitre. Ajoutant : «les gens ne veulent pas se souvenir de l’arbitre, ils veulent se souvenir du match».

En sélectionnant les amendements soumis aux députés et en guidant les débats, John Bercow a joué un rôle important dans le feuilleton du Brexit. Sans lui, les parlementaires n’auraient sans doute pas repris la main et voté une législation empêchant une sortie sans accord. Ses détracteurs – notamment les Brexiters durs – l’ont accusé de partialité, en ayant tout fait pour empêcher le divorce avec l’UE. Lindsay Hoyle assure vouloir apaiser l’atmosphère devenue très électrique de la vénérable Chambre des communes.

Lindsay Hoyle a montré qu’il savait faire preuve d’autorité, n’hésitant pas à calmer les ardeurs de députés chahuteurs ou à réprimander des nationalistes écossais entonnant l’hymne européen en pleine séance parlementaire. Facétieux à l’occasion, il a posé pour le journal à côté de certains de ses animaux domestiques à qui il a donné des prénoms de personnalités politiques britanniques. Son perroquet, à qui il a appris à crier le fameux «Order !» (De l’ordre!), s’appelle Boris, sa tortue «à la dure carapace» Maggie (comme Thatcher) et son rottweiler Gordon (comme l’ex-premier ministre Brown).

Porté jusqu’à son nouveau fauteuil

La fonction de «speaker» – au quatrième rang (non royal) de l’État – est convoitée. Elle offre un salaire supérieur à celui du premier ministre et un bel appartement qui jouxte Big Ben. Mais en sus de la lourde mission politique, le nouveau speaker devra superviser une tâche urgente et coûteuse, la rénovation des bâtiments en piteux état de Westminster.

En ces temps politiques chahutés, l’importance de la fonction a été spectaculairement mise en lumière. Et l’absence d’une constitution écrite ne fait que renforcer les pouvoirs d’interprétation du «speaker». Les premières semaines de Lindsay Hoyle devraient être intenses, avec l’installation d’une nouvelle assemblée et des débats qui ne manqueront pas d’être animés à l’approche de la nouvelle échéance de sortie de l’UE, le 31 janvier. Si une majorité claire sort des urnes le 12 décembre, les choses devraient être plus aisées. En cas de gouvernement minoritaire, les temps pourraient encore être houleux…

En attendant, conformément à la tradition, le vainqueur a été traîné par deux de ses soutiens jusqu’au fauteuil de cuir vert capitonné du président de la Chambre. C’est là qu’il siégera, sous un baldaquin aux boiseries frappées des armoiries royales. On ne sait si, comme John Bercow qui avait abandonné le costume traditionnel, il fera lui-aussi évoluer la tenue du «speaker».

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