Royaume-Uni : la ministre du Travail démissionne en accablant Boris Johnson – Le Parisien
La nouvelle est rude pour Boris Johnson, tout autant que l’attaque. La ministre britannique chargée du Travail et des Retraites, Amber Rudd, a annoncé sa démission samedi soir, en attaquant le Premier ministre britannique.
Rudd, 56 ans, pilier du gouvernement, a publié sur Twitter une lettre au vitriol, pour expliquer tout son désaccord avec « BoJo ». « Je ne peux pas rester alors que des bons, loyaux conservateurs modérés sont exclus », a fustigé la ministre et députée. Elle fait ainsi référence à l’exclusion du Parti conservateur de 21 députés qui ont voté en début de semaine avec l’opposition une proposition de loi destinée à éviter un Brexit sans accord. Elle fustige « l’affront à la décence et à la démocratie » de cette décision. « Je ne peux soutenir cet acte de vandalisme politique », accable-t-elle. Amber Rudd quitte aussi le Parti conservateur, affaiblissant un peu plus son camp.
Une semaine de coups durs pour « BoJo »
En poste depuis novembre 2018, reconduite dans le gouvernement Johnson le 24 juillet dernier, l’ ancienne ministre de l’Intérieur, qui avait voté pour rester dans l’Union européenne lors du référendum de juin 2016 estime que l’« objectif principal » du gouvernement n’est plus d’obtenir un accord de sortie avec l’Union européenne. « Le gouvernement consacre beaucoup d’énergie à se préparer à un “no deal” mais je n’ai pas vu le même degré d’intensité dans nos discussions avec l’Union européenne », dénonce-t-elle.
Après la démission de son frère Jo Johnson, et les déconvenues parlementaires de la semaine, c’est un nouveau coup dur pour le chef du gouvernement, qui n’a plus de majorité au Parlement et dont la stratégie sur un Brexit dur a été enrayée par le Parlement. Les députés puis les Lords ont adopté cette semaine une proposition de loi qui le contraint à repousser de trois mois la date du Brexit, prévu le 31 octobre, s’il ne trouve pas un accord de divorce avec l’Union européenne d’ici le 19 octobre, soit juste après le prochain conseil européen. Le texte doit recevoir l’accord de la reine Elizabeth II, dès lundi, pour devenir loi.
À moins qu’il ne démissionne, l’ancien ministre des Affaires étrangères devra donc retourner à Bruxelles pour négocier, sans aucun atout dans sa manche et marqué au fer rouge de cette cuisante défaite. Un nouveau report du Brexit, initialement prévu le 29 mars et repoussé depuis deux fois, nécessitera l’approbation à l’unanimité des 27 autres Etats membres de l’UE.
À moins que Johnson ne trouve un nouveau subterfuge institutionnel.