Roissy, Schiphol, « métro », « 18e arrondissement »… Les zones d’ombre de l’enquête sur les attentats du 13-Novembre – Le Monde

Représentation d’Abdelhamid Abaaoud, « Sonia » et Hasna Aït Boulahcen, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le dimanche 15 novembre 2015.

Les grandes enquêtes criminelles renferment toutes leur part de mystère. Après quatre ans et demi d’instruction, une coopération internationale impliquant dix-neuf pays et plusieurs centaines de milliers de pages de procès-verbaux, le dossier des attentats du 13 novembre 2015 arrive devant la justice sans avoir épuisé tous ses secrets. Ce morceau d’anthologie judiciaire a permis de remonter la chaîne de responsabilités des attentats les plus meurtriers ayant frappé la France dans l’ère moderne : vingt accusés sont renvoyés, à partir du mercredi 8 septembre, devant la cour d’assises spéciale de Paris, dont cinq hauts cadres de l’organisation Etat islamique (EI) jugés par défaut.

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Mais si « l’architecture du dossier est assez claire », confie un enquêteur interrogé par Le Monde, certaines zones d’ombre demeurent. Elles ressortent notamment de plusieurs divergences entre le projet imaginé par cette cellule terroriste et le déroulé des attaques qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les questions qui en découlent ouvrent un abîme d’hypothèses sur le rôle initialement dévolu à certains accusés de ce procès. Il n’est pas sûr que les débats permettront d’élucider ces angles morts, chacun ayant intérêt à minimiser son rôle dans l’opération, anticipe cet enquêteur : « Mais la réponse à toutes ces questions est là, dans le box. Ils savent tout. »

  • L’arborescence du dossier « 13-Novembre »

Avant d’explorer les zones d’ombre de cette enquête, il faut revenir sur une de ses découvertes les plus spectaculaires. Quatre mois après les attentats du 13 novembre 2015, les policiers belges ont mis la main sur un ordinateur renfermant les plans initiaux de ce projet d’attentats multisites. Il avait été abandonné dans une poubelle de Bruxelles, le matin du 22 mars 2016, par trois membres encore actifs de cette cellule terroriste qui s’apprêtaient à se faire exploser à l’aéroport bruxellois de Zaventem – cette réplique des attentats de Paris a fait 32 morts dans le métro et l’aéroport de la capitale belge.

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Sur le disque dur, les policiers découvrent une arborescence détaillant les cibles du 13-Novembre. Elle permet de comprendre que seule une partie du projet a été mise à exécution. Trois commandos – chacun composé de trois assaillants – ont semé la terreur devant le Stade de France, sur les terrasses de cafés parisiennes et au Bataclan (le dixième homme, Salah Abdeslam, a abandonné sa ceinture explosive avant de s’enfuir). Mais un dossier intitulé « 13-Novembre », retrouvé dans l’ordinateur, contenait cinq sous-dossiers correspondant aux cinq commandos – et non trois – prévus ce soir-là :

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