Revirement idéologique pour Marine Le Pen, qui veut inscrire l’IVG dans la Constitution – Le Figaro

C’est un changement radical de ton pour le parti à la flamme, qui prend un coup d’avance sur un éventuel procès en ambiguïtés.

Changement de pied sur l’IVG. Alors que ce jeudi 24 novembre, la niche parlementaire des Insoumis doit inscrire à l’ordre du jour l’examen d’une proposition de loi constitutionnelle visant à protéger et garantir le droit fondamental à l’IVG, Marine Le Pen prend les devants. Contre toute attente, la chef du groupe Rassemblement national à l’Assemblée a annoncé, ce mardi, le dépôt d’un amendement visant à inscrire dans la Constitution «les dispositions actuelles sur l’avortement inscrites dans le code de santé publique».

Un revirement idéologique, alors même que la députée du Pas-de-Calais assurait, il y a peu, dans les colonnes du JDD, que son groupe fermait la porte à toute possibilité de constitutionnalisation de l’IVG. «Bien qu’opposée à l’allongement du délai pour recourir à une IVG à 14 semaines tel que voté il y a quelques mois, Marine Le Pen considère qu’il faut préserver l’équilibre actuel», justifie le groupe dans un communiqué. «C’est très habile de sa part», commente le député du Pas-de-Calais Bruno Bilde. Elle sentait la radicalisation venir, au moins médiatiquement. Une façon, donc, d’éviter le procès en conservatisme. Cela permet surtout de remettre le débat là où il devrait l’être, assure Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme qui a soufflé l’idée à Marine Le Pen. Aucune force politique représentative ne remet en cause le droit à l’IVG en France, et la question est l’accès au droit réel, à savoir l’état de la santé en France, notamment la gynécologie.»

«Satisfaire les différentes sensibilités du groupe»

Évoqué en réunion de groupe, ce mardi, l’amendement ne fera pas l’objet d’une obligation de vote. De même, sur le texte en question comme sur les sujets sociétaux en général, Marine Le Pen prône la « liberté de vote ». « Sur le vote final, il faut qu’on ne participe pas, sinon les radicaux gâcheront tout », prévient un élu favorable à l’amendement lepéniste, mais partisan d’une ligne plus souple sur la question de l’IVG. Car au sein du groupe RN, les sensibilités varient sur la question, et certains élus adoptent une position plus conservatrice. Marine Le Pen est d’ailleurs la seule à signer cet amendement. « Je suis favorable à la loi Veil telle qu’elle a été écrite, mais pour autant fallait-il la constitutionnaliser ?, s’interroge un député RN, sceptique. Mais c’est la seule alternative maintenant qu’on est au pied du mur. » Car plus que tout, les députés RN craignent que l’amendement porté par La France insoumise n’ouvre la voie à des possibilités d’allongement des délais légaux pour recourir à l’avortement, ou de suppression de la clause de conscience dont bénéficie encore le personnel médical.

« Ce qu’on veut surtout éviter, c’est que la Constitution ouvre la porte à des dérives comme l’avortement à neuf mois », commente le député du Gard Nicolas Meizonnet. D’autant que les dispositions sur l’avortement resteraient modifiables par une réforme constitutionnelle, pour laquelle Marine Le Pen revendique l’usage du référendum. Si, officiellement, il n’existe pas de divergence de lignes, un parlementaire le reconnaît : « Elle arrive à trouver l’équilibre pour satisfaire les différentes sensibilités du groupe ».


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