Retraites : une grève SNCF pendant Noël ? C’est rare mais c’est déjà arrivé – Le Parisien

C’est une inquiétude partagée par de nombreux Français : pourront-ils prendre le train pour se déplacer pendant les fêtes de fin d’année? La CGT-Cheminot, l’une des branches syndicales en pointe dans la mobilisation contre la réforme des retraites, a prévenu ce jeudi qu’il n’y aurait « pas de trêve à Noël » si le projet du gouvernement n’était pas retiré.

« On est prêt à tenir jusqu’à Noël s’il le faut », nous a aussi régulièrement asséné depuis plusieurs semaines Laurent Djebali, secrétaire général adjoint de l’Unsa-RATP, le syndicat majoritaire dans l’entreprise où la mobilisation est aussi très forte.

De là à imaginer le trafic à la SNCF toujours « extrêmement perturbé » fin décembre, comme c’est le cas depuis le jeudi 5 décembre?

« Une résolution et une colère très fortes »

Une première prudence s’impose : il reste dix jours avant le premier week-end de vacances scolaires, et 13 jours avant Noël. Un coup d’œil à l’historique des grèves montre que le gouvernement et les syndicats sont, le plus souvent, parvenus ces dernières décennies à stopper un conflit social à l’approche des fêtes de fin d’année.

Prenons d’abord l’épisode majeur de fin 1995, que les opposants actuels au gouvernement évoquent souvent comme une « référence ».

Après trois semaines de très forte mobilisation (c’est d’ailleurs le 12 décembre, il y a 24 ans jour pour jour, qu’il y avait eu le plus de monde dans la rue, avec 2 millions de manifestants selon la CGT), Alain Juppé avait fini par retirer son projet de réformer les régimes spéciaux de retraite le 15 décembre.

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La possibilité d’une grève à la SNCF a aussi été évitée dans les années 2000, mais le mouvement avait été moindre car un seul syndicat menaçait d’arrêter le travail. En 2007, la CGT-Cheminots avait fait marche arrière après avoir, dans un premier temps, déposé un préavis de grève.

Même chose en 2011. Alors que la CFDT Cheminots avait déposé un préavis pour les quatre week-ends de décembre pour protester contre les conditions de travail, la SNCF avait trouvé un accord avec le syndicat le 5 décembre. « Les trains circuleront pendant les fêtes de fin d’année », avait promis 48 heures plus tôt le président de la SNCF de l’époque, Guillaume Pepy.

« Une grève se joue toujours au moins à deux. Nul n’a vraiment intérêt à prolonger un conflit dans une situation difficile, et la période de Noël est toujours exceptionnelle », souligne auprès du Parisien l’historienne Danielle Tartakoswky, spécialiste des mouvements sociaux.

« Là ce n’est pas une simple posture »

Dans l’histoire récente, seules les fêtes de fin d’année de 1986 ont été impactées par un mouvement de grève massif à la SNCF. Entre le 18 décembre 1986 et le 15 janvier 1987, les syndicats se sont mobilisés contre une nouvelle grille des salaires et pour demander de meilleures conditions de travail. Au point que l’entreprise avait même été contrainte de loger certains usagers bloqués dans des trains.

L’an dernier, c’est une mobilisation d’un autre genre qu’avait vécue la France, et sans bloquer les transports publics. Des Gilets jaunes se sont réunis sur les ronds-points, s’y retrouvant pour certains lors des réveillons de Noël et du Nouvel An. Comme le souligne Danielle Tartakoswky, « nous sommes dans une séquence où la difficulté à être entendu génère des formes d’actions peu communes ».

Ce qui fait aussi que l’inconnue reste très forte quant à l’évolution de la mobilisation ces prochains jours. Et l’historienne de conclure : « Il peut se passer beaucoup de choses en dix jours. C’est de bonne guerre de la part des syndicats de faire monter la pression, mais là ce n’est pas une simple posture. On sent une résolution que nul ne devrait ignorer dans les manifestations. »

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