
Retraites : l’exécutif met en avant de nouveaux arguments sans changer de cap – Les Échos

Publié le 22 janv. 2023 à 18:07Mis à jour le 22 janv. 2023 à 19:27
Le gouvernement n ‘arrive pas à convaincre les Français que sa réforme des retraites est « juste » ? Qu’à cela ne tienne : après la journée de forte mobilisation jeudi puis celle de samedi , les ministres concernés, au premier rang desquels Olivier Dussopt, se sont déployés dans les médias pour défendre la réforme avant la présentation ce lundi en Conseil des ministres du projet de loi.
Ils mettent en avant de nouveaux arguments, en espérant que ne gonflent ni les cortèges du 31 janvier, ni le soutien de l’opinion au mouvement. Olivier Dussopt renouvellera l’exercice ce lundi après le Conseil des ministres et la Première ministre Elisabeth Borne devrait faire de même dans la foulée à l’occasion de ses voeux à la presse.
« Pas de perdants »
Dans un entretien au « JDD », Olivier Dussopt parle de « rétablir le maximum d’égalité » et insiste sur le caractère redistributif de la réforme, avec « les pensionnés les plus pauvres qui verront leur pension à la liquidation augmenter le plus ». De même, il souligne que « l’augmentation des pensions des femmes sera deux fois plus importante que celles des hommes ». Il faut dire qu’elles partent de plus bas.
Le ministre du Travail va jusqu’à déclarer que si « un effort » est demandé à « beaucoup de Français », il « n’y a pas de perdants ». Une formule qui n’a pas convaincu tous ses collègues. Et il détaille ceux qu’il décrit comme les « gagnants » de la réforme : « les Français les plus modestes, ceux qui ont eu des carrières hachées, les femmes – et aussi l’ensemble des Français qui amélioreront leur pension. » Un argument pouvoir d’achat « toujours délicat à manier », met en garde un conseiller.
Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, assure, lui, que le projet peut être « enrichi » dans un entretien au « Parisien ». Il cite les carrières hachées et ouvre surtout la porte, sur l’index seniors , à « des mesures coercitives ». Reste que ces enrichissements doivent permettre de garantir « l’équilibre du système en 2030, sans augmentation d’impôts ». Autant dire que les marges de manoeuvre sont réduites.
Un exercice d’équilibriste
« C’est un exercice d’équilibriste, reconnaît une source gouvernementale. Il faut montrer que nous ne sommes pas trop raides et en même temps, ne pas tout lâcher, c’est beaucoup trop tôt, ce serait létal. Il faut renvoyer au débat parlementaire. » Et la même de s’inquiéter que « les mesures sociales de la réforme n’impriment pas, l’âge écrase tout. Il faut assumer le fait que c’est une réforme dure, mais dire que les carrières longues, les carrières pénibles, les carrières hachées, on les aide ! »
En attendant le débat au Parlement, qui donne aussi quelques sueurs froides en interne alors que des doutes s’expriment dans la majorité et que le groupe LR à l’Assemblée reste divisé, Matignon étudie parmi toutes les propositions « ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas, dans le cadre de l’équilibre », indique l’entourage d’Elisabeth Borne.
Aménager le texte
Dimanche soir, Emmanuel Macron, en marge du sommet franco-allemand, a dit qu’après le « temps du gouvernement » ce lundi, arrivait « le temps » du Parlement. « Il faut le respecter. Je souhaite que l’Assemblée nationale et le Sénat s’en saisissent et puisse l’aménager », a souligné le chef de l’Etat, tout en glissant : « Nous savons les besoins qui sont les nôtres ».
Le président de la République a aussi indiqué que la borne des 64 ans était « déjà une ouverture », par rapport à celle envisagée durant la campagne des 65 ans. « Il y a la volonté de convaincre mais aussi de faire avancer le pays », a-t-il conclu.
La pression dans le tube
Au groupe Modem, le député Philippe Vigier insiste notamment sur une « clause de revoyure au 1er janvier 2028 » avec « une analyse de la Cour des comptes, une évaluation du Parlement et des partenaires sociaux saisis ». Il étudie également la piste, comme l’a écrit « Le Figaro », consistant à « travailler 30 minutes de plus par semaine. » « C’est l’idée que travailler un peu plus maintenant n’exigera peut-être pas de travailler un peu plus tard », défend-il. Une piste écartée par le gouvernement.
« La chance qu’on a pour l’instant, tente de se rassurer un conseiller de l’exécutif, c’est qu’aucune réforme alternative ne s’est imposée dans le débat. Mais d’ici l’arrivée au Parlement, la pression va monter dans le tube. »