Retraites : le retrait provisoire de l’âge pivot « n’est pas un chèque en blanc », avertit Laurent Berger – Le Monde

Le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger, le 10 janvier à Paris.

Le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger, le 10 janvier à Paris. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

La proposition du gouvernement de retirer l’âge pivot de 64 ans de la réforme des retraites est « une victoire » mais comporte « une part de risque », et il va falloir « passer aux travaux pratiques » pour assurer l’équilibre financier du régime, estime Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, dans un entretien au Journal du dimanche.

Samedi, dans une lettre aux partenaires sociaux, le premier ministre Edouard Philippe s’est dit « disposé à retirer du projet de loi la mesure de court terme (…) consistant à converger progressivement à partir de 2022 vers un âge d’équilibre de 64 ans en 2027 ».

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Le chef du gouvernement propose, désormais, que soit mise en place une « conférence sur l’équilibre et le financement du système de retraite », à laquelle les partenaires sociaux sont invités à participer. Les partenaires sociaux devront trouver un accord d’ici fin avril sur l’équilibre financier du système, sans quoi l’exécutif reprendrait la main.

« On a perdu un temps précieux »

Le retrait de l’âge pivot était réclamé par les syndicats dits réformistes, CFDT en tête, par ailleurs favorables à l’instauration d’un régime de retraite universel par points. « Le gouvernement a fait un geste […]. Mais ce retrait n’est pas un chèque en blanc », avertit Laurent Berger dans Le JDD. « Maintenant, le travail commence et il va falloir poursuivre notre action pour faire valoir nos propositions et revendications. On a perdu un temps précieux depuis un mois », regrette le dirigeant de la CFDT.

En termes de financement, Laurent Berger se dit prêt à parler de « la question du fonds de réserve des retraites, de la prise en compte de la pénibilité pour différencier les âges de départ, de l’emploi des seniors, qui, s’il augmente, permettra d’engranger des ressources supplémentaires, de la réaffectation des cotisations ».

En cas d’échec, « cela signifiera que, collectivement, nous n’aurons pas été assez responsables, incapables de trouver un compromis. Mais ce que dit Edouard Philippe, c’est qu’à défaut de solutions il reprendra la main avec le Parlement. Pas que l’âge pivot reviendra », souligne le dirigeant syndical. « Nous sommes passés d’une logique d’affrontement à une logique de dialogue » avec le gouvernement, se réjouit-il.

Le Medef se dit satisfait

Prié de dire si la CFDT va appeler à l’arrêt de la grève, Laurent Berger répond : « Nous n’avons pas de leçons à donner aux autres. Mais, dans une période d’hystérie collective, nous avons besoin de sortir de cette situation de blocage qui fatigue beaucoup les Français. » Les syndicats opposés à la réforme dans son ensemble, CGT et FO en tête, appellent toujours au retrait pur et simple de ce projet de réforme, et ont prévu une nouvelle journée d’action le 16 janvier.

Samedi, dans un communiqué, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, s’est dit satisfait et prêt à participer « pleinement » à la conférence de financement des retraites pour « trouver les mesures d’âge justes assurant l’équilibre financier du système de retraites ». Dans son communiqué, le syndicat patronal « note la position du gouvernement qui entend conditionner la réforme des retraites à un impératif d’équilibre d’ici 2027. Impératif d’équilibre que le Medef a appelé de ses vœux comme la référence à un âge d’équilibre dans la loi. »

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Par ailleurs, dans un entretien au JDD, le patron des patrons réclame aussi la fin des grèves : « Il est temps que ça s’arrête. » Geoffroy Roux de Bézieux redemande au passage à Ile-de-France Mobilités le remboursement de la contribution transport des entreprises parisiennes, qu’il chiffre à près de 330 millions d’euros.

De son côté, le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), a estimé qu’il « n’y a plus de réforme », au lendemain du « compromis » proposé par Edouard Philippe sur l’âge pivot. « Il va nous rester une réforme à points qui n’est même pas universelle et une ignorance sur le financement », a-t-il dénoncé dimanche lors du « Grand Rendez-vous Europe 1-Les Echos-CNews ». Et d’ajouter : « Le compromis n’est pas l’abandon, mais nous ne sommes pas loin de l’abandon. »

« Pourquoi les Français sont passés de l’adhésion il y a deux ans en demi au rejet ? Parce que le gouvernement et les négociateurs ont menti pendant deux ans, ils ont maquillé l’âge légal. Ce pays a 100 milliards de déficit par an. On voudrait nous faire croire que c’est une réforme de droite ? Non ! », a encore souligné l’ancien ministre du travail.

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