Retraites : la pression s’accroît à la SNCF et à la RATP pour choisir la « clause du grand-père » – Les Échos

Nouvelle  journée noire dans les transports ce mardi . Six jours après le début du mouvement social contre  la réforme des retraites , les salariés ont été plus nombreux à tenter vaille que vaille d’aller au bureau malgré les embouteillages et la pénurie de trains, de métros, de bus, et même de vélos en libre accès à Paris. « Nous sommes sur le qui-vive pour éviter tout accident dû à une trop forte fréquentation », assure-t-on à la RATP, où l’on pointe aussi des « tensions » entre grévistes et non-grévistes. Comme lundi, la direction a dû appeler la police pour dégager des bus bloqués au dépôt par des grévistes.

Ces derniers jours, le secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a été en contact permanent avec les dirigeants syndicaux. Objectif : trouver un compromis sur le nombre de cheminots concernés par la réforme, pour leur faire accepter l’instauration d’un régime universel. Et donc, à terme, la disparition (déjà actée à la SNCF) de  ces régimes spéciaux de retraite.

Quasiment la moitié des effectifs de la RATP concernés

Comme l’ont révélé « Les Echos » , l’hypothèse pour la SNCF d’un point de départ de la réforme à la génération 1985 a été testée. Cela ferait monter à bord du régime universel environ 31.000 cheminots au statut de moins de 35 ans, et en exclurait 107.000, plus âgés. Les cheminots de moins de 35 ans, mais ayant commencé à travailler à 19 ans, avec donc 15 ans de carrière, seraient également exonérés. Cette garantie, qui embarque 5.000 cheminots, a été ajoutée à la demande des syndicats, qui invoquent le « contrat moral » passé avec l’entreprise au moment de l’embauche.

Mais la génération 1985 à la RATP n’aurait pas le même impact. La régie, qui compte 33.000 employés au statut, a beaucoup recruté ces dix dernières années. La moitié ou presque des effectifs basculeraient dans le nouveau régime. C’est pourquoi le gouvernement ne s’interdit pas de choisir une génération plus jeune pour la RATP.

« La solution, sauf pour les jeunes »

L’exécutif devra peut-être aller plus loin. Car ses interlocuteurs syndicaux eux-mêmes sont en position délicate vis-à-vis de la base, qui réclame la « clause du grand-père » – autrement dit, aucun cheminot actuel dans le régime universel. « C’est une illusion d’imaginer que la génération 1985 est la solution, peste Frédéric Sève, secrétaire national à la CFDT. Vous croyez que nos représentants vont rentrer au dépôt et dire aux gars : c’est bon, on a trouvé la solution, sauf pour les jeunes ? »

« Après sept jours de grève, les gens sont déterminés à obtenir le maintien de l’intégralité du contrat social pour tous les agents en poste », martèle Thierry Babec de l’Unsa-RATP, tandis que le secrétaire général du syndicat, Laurent Escure juge que « pour ce secteur particulier, c’est insuffisant », et pointe le danger d’une « radicalisation » de la colère sociale. « On risque le trop tard, trop peu », lâche-t-il.

Du coup, l’exécutif n’a pas éliminé l’hypothèse de la clause du grand-père – un grand classique des réformes des régimes spéciaux jusqu’à présent. «On a bien compris qu’à la CFDT, ce n’est pas la confédération qui peut remettre les trains en marche », lâche une source gouvernementale.

Du côté des syndicats, tous admettent que si les concessions étaient arrivées plus tôt, elles auraient pu être plus modestes. D’autant plus que certains grévistes ont les moyens de tenir. A la RATP, surtout, car il n’y a pas eu de gros mouvement social depuis des années, contrairement à la SNCF où le conflit de 2018 sur le statut a entraîné d’importantes retenues sur salaire.

Négociations en entreprise

Par ailleurs, Jean-Baptiste Djebbari a relayé auprès de l’exécutif la demande syndicale d’accorder des avantages aux cheminots en termes de pénibilité. « La compensation de la pénibilité est déjà intégrée dans le quotidien à la RATP, avec des conducteurs qui travaillent moins d’un jour sur deux. La question est de savoir s’il faut rajouter d’autres compensations en différé, pour la retraite », explique-t-on au gouvernement.

En fin de compte, il est probable que les aménagements de ce type demandés par les syndicats soient négociés au sein des entreprises – et financés par elles. Ainsi, à la SNCF, l’Unsa réclame des avantages nouveaux pour les contractuels : un départ anticipé de cinq ans en cas de poste à pénibilité.

Tout ne sera donc pas réglé mercredi  quand le Premier ministre dévoilera sa réforme . D’ailleurs, le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, a indiqué lundi que « les discussions propres aux secteurs professionnels impactés par la réforme menées par chacun des ministres concernés se poursuivront jusqu’au début de l’année prochaine ».

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