Retraites : Emmanuel Macron évoque de possibles « décisions difficiles » cet été – Les Échos

Du soleil, des habitants presque tous souriants, des villages parmi les plus beaux de France, et un avant-goût marqué de campagne électorale… Le déplacement sur deux jours d’Emmanuel Macron dans le Lot, point de départ de son tour de France, a un peu viré à la parenthèse enchantée dans un décor de carte postale.

Avec cette tournée, à onze mois de la fin de son mandat, il entend mesurer directement les attentes des Français comme il l’avait fait pendant le grand débat, au sortir de la crise des « gilets jaunes ». Dans le département du Lot, où il compte de nombreux soutiens, Emmanuel Macron a pu mesurer en direct la hausse de sa cote de confiance , telle qu’elle ressort dans le baromètre Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique.

La sortie du « quoi qu’il en coûte »

Dans un premier temps, il y a eu les bonnes nouvelles envoyées mercredi depuis Saint Cirq Lapopie : un plan de reconquête pour le tourisme et l’ouverture de la vaccination pour les adolescents à partir du 15 juin. Le lendemain, à l’occasion d’une rencontre avec des retraités à Martel, il a aussi prévenu que la France n’en avait pas fini avec la crise, alors que la sortie du « quoi qu’il en coûte » promet des moments compliqués, notamment sur les plans économique et social.

Le thème a été évoqué quand la question de sa candidature pour la présidentielle 2022 a été abordée. Elle a été la première question posée par un membre de l’assemblée, qui voulait savoir s’il échangeait avec le président ou le candidat. Emmanuel Macron a fait une réponse prudente même si, sur le fond, sa volonté de faire un second mandat ne fait aucun doute.

« C’est beaucoup trop tôt pour le dire. Je ne peux pas gérer l’été en pente douce. Je vais devoir prendre des décisions, qui seront pour certaines, comme la relance très fortes, d’autres difficiles […] . Tant que ces décisions n’ont pas donné l’orientation générale je ne peux pas répondre à votre question de manière sincère, parce que peut-être que certaines décisions que je prendrai ne rendront pas possible [cette candidature] », a-t-il dit.

Le retour des retraites

Emmanuel Macron pense principalement à la réforme des retraites , alors que la remise en route de cette réforme emblématique de son quinquennat reste en suspens et divise au sein de la majorité. « Je veux écouter aussi dans cette période. On a commencé à corriger les choses sur les retraites agricoles et dans le projet de loi retraite qui a été interrompu par la crise Covid il y avait le sujet des petites retraites. […] Notre système n’est plus à l’équilibre. Je veux un peu regarder aussi comment le pays avance et ce qu’on est prêt collectivement à faire », a-t-il dit, montrant par là même que sa décision n’était pas prise. Comme la France « est déjà un des pays où on travaille le moins par rapport à ses voisins », « à un moment donné la question » du financement des retraites « sera posée à la nation », a-t-il averti.

Un peu plus tard, il s’est montré plus précis, estimant que la réforme des retraites telle qu’elle avait été abandonnée avant la crise sanitaire ne pouvait « être reprise en l’état. Parce que je pense qu’elle était très ambitieuse, extrêmement complexe et du coup porteuse d’inquiétudes. […] Le faire maintenant, ce serait ne pas prendre en compte qu’il y a déjà beaucoup de peurs. Par contre, est-ce que nous pouvons ne rien faire sur la retraite dans les mois qui viennent ? », a-t-il interrogé. Pour continuer d’installer le débat, et démontrer que la réforme est financièrement incontournable, le chef de l’Etat attend plusieurs rapports prochainement, dont celui de la Cour des comptes sur la dette (qui devait sortir initialement en avril) et celui du Conseil d’orientation des retraites.

La rencontre avec les retraités, qui a duré près de trois heures, a donné lieu à un vaste tour d’horizon des sujets et des débats traversant la société française. Emmanuel Macron est passé de sujets très techniques à des moments où il prenait plus de hauteur, évoquant une nouvelle fois cette « France éternelle » comme il le fait régulièrement.

Mélangeant à dessein les genres, il a donné la double impression d’être autant un président aux responsabilités défendant son bilan qu’un candidat en campagne détaillant ses propositions et sa vision de la France. « On n’est pas naïf, il est en campagne », déclarait un participant avant la réunion.

« Comment le pays est dirigé ? »

Les oppositions ont dénoncé cette double casquette du président et (presque) candidat Macron. « C’est une campagne à la mode Macron sur les moyens de l’Elysée avec un public choisi, des villes bloquées, des entrées filtrées et tout cela payé par le contribuable », a dénoncé dans « Le Figaro » le numéro un des Républicains, Christian Jacob.

De son côté, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France et candidat à sa réélection, a fait mine de s’interroger sur le vide au sommet de l’Etat. « Pendant ce temps-là, comment le pays est dirigé ? », s’est-il demandé sur RTL. Marine Le Pen a elle aussi dénoncé cette situation. « Il est en campagne. La seule différence entre lui et moi c’est que moi je suis en campagne en respectant les comptes de campagne, lui non », a déclaré la présidente du Rassemblement national.

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