Retraitée décapitée à Agde : vidéos, gants en latex, ADN… ces cinq éléments qui accablent Jean-Michel Moulun – Midi Libre

Jean-Michel Moulun, suspect N°1 dans l’affaire de la retraitée décapitée à Agde, a affirmé lors de sa garde à vue qu’il n’avait aucun souvenir de ce qui s’était passé. En détention provisoire, plusieurs éléments de l’enquête l’accablent pourtant gravement. On fait le point.

Le procureur de Béziers, Raphaël Balland, s’est exprimé ce samedi 16 octobre lors d’une conférence de presse durant laquelle il a annoncé le placement en détention provisoire de JeanMichel Moulun. Une information judiciaire a également ouvert pour chef d’assassinat et vol dans une habitation.

Le procureur est revenu en outre sur l’interpellation du quinquagénaire, suspect numéro 1 dans cette affaire macabre. “Grâce aux recoupements de nombreux témoignages, des fichiers de police, ainsi qu’à l’exploitation des vidéos surveillance de la maison de la victime, de la ville d’Agde et des distributeurs automatiques de billets, les enquêteurs déterminaient que la victime avait été probablement tuée entre 17h30 et 18h10 et ils identifiaient Monsieur Jean-Michel Moulun comme pouvant être l’auteur des faits.”

Néanmoins, comme le rappelle Raphaël Balland, “s’agissant du crime susceptible de lui être reproché, il a affirmé tout au long de sa garde à vue qu’il n’en avait aucun souvenir, invoquant d’importants troubles de mémoire. Jean-Michel Moulun est pourtant accablé par plusieurs éléments le mettant gravement en cause. On fait le point.

1 – Les vidéos

Les images de vidéo surveillances sont au cœur de cette affaire. D’abord puisqu’elles ont permis de constater le désordre dans la maison de la victime mais aussi parce qu’elles montrent un homme qui correspond à l’apparence physique de Jean-Michel Moulun. Ce dernier à la corpulence assez forte, il est boxeur, a été aperçu aux alentours de la maison d’Evélyne Kessida.

2 – Les gants en latex

Le procureur de Béziers a par ailleurs rappelé la présence d’éléments cruciaux sur les images : les gants en latex portés par Jean-Michel Moulun.

Et c’est bien grâce l’ADN retrouvée sur place que les enquêteurs ont pu faire le rapprochement avec les images de vidéo surveillance et les gants. “L’expertise effectuée en urgence par le laboratoire de police scientifique de Marseille (SNPS) a permis de mettre en évidence l’ADN de la victime mélangé à l’ADN de Monsieur Moulun sur les gants en latex ensanglantés qui avaient été retrouvés sur les lieux du crime” a indiqué le procureur samedi soir.

3 – L’ADN retrouvée ailleurs

Autre élément accablant pour le suspect : l’ADN de la victime a été également retrouvé dans des traces de sang prélevées sur des chaussures découvertes lors de la perquisition chez Jean-Michel Moulun, chaussures similaires à celles portées par l’homme visible sur les vidéos.

4 – Les courses de la victime chez le suspect

Mais les enquêteurs n’ont pas trouvé que des traces d’ADN de la victime chez le suspect. Des sacs de courses et des victuailles qui correspondent aux achats effectués par la victime la journée du crime, ont aussi été retrouvés au domicile du quinquagénaire. De quoi établir un lien direct entre le boxeur et la septuagénaire.

5 – Sa voiture à proximité

Raphaël Balland s’est également attardé sur la présence du véhicule de Jean-Michel Moulun aux alentours du domicile d’Évelyne Kessida. Là encore, ce sont les caméras de vidéosurveillance de la ville d’Agde qui ont enregistré les images. on peut y voir la voiture de l’homme à proximité immédiate du domicile de la victime et dans la période présumée des faits.

Ces éléments accablants sur Jean-Michel Moulun ne laissent que peu de doute quant à son implication dans l’affaire. Ses troubles psychiatriques ont aussi été évoqués lors de la conférence de presse, tout comme son parcours de vie.

Des antécédents

“En 2015, il décidait de quitter la commune d’Hautmont (département du Nord) après un échec aux élections municipales et s’installait avec sa famille à Agde (34), puis il se séparait de sa femme pour s’installer seul depuis environ 18 mois à Vias, une commune située à quelques kilomètres d’Agde.  Malgré cette séparation, sa femme affirme qu’elle s’en occupait encore quasi quotidiennement en raison de problèmes neurologiques qui lui causeraient notamment d’importants troubles de la mémoire depuis quelques années.” rapporte le procureur.

“De fait, à son domicile, les enquêteurs ont retrouvé de très nombreux post-it qui lui servaient selon lui de pense-bête pour se souvenir de ce qu’il devait faire chaque jour, à différents moments de la journée. Il affirme être régulièrement suivi par un psychiatre et un psychologue à Agde. D’ailleurs, le jour même des faits, en fin de matinée du 13 octobre, il avait bénéficié d’une consultation auprès de son psychologue, accompagné de son épouse.” poursuit-il.

Dans un communiqué, le procureur rappelle également les antécédents de Jean-Michel Moulun, condamné à deux reprises : “une très vieille condamnation pour vol, ainsi qu’une condamnation de 2015 par le tribunal correctionnel d’Avesnes-sur-Helpe pour des faits d’inscription indue sur une liste électorale par déclaration frauduleuse ou faux certificat (trois mois d’emprisonnement avec sursis et deux ans de privation du droit d’éligibilité).”

“En juin 2019, il avait également donné une gifle à un mineur de 11 ans qu’il accusait d’avoir dégradé des plantes vertes avec un ballon de foot. À l’époque, il avait déjà expliqué aux policiers du commissariat d’Agde qu’il souffrait de troubles neurologiques. Il avait alors fait l’objet d’un rappel à la loi par un délégué du procureur au tribunal de Béziers. Depuis, aucun autre fait n’avait été porté à la connaissance de la justice.”, a conclu le procureur de Béziers.

Quelles suites judiciaires ? 

Sophie Thomas, la commissaire en charge du dossier, en a profité pour faire un point sur les suites judiciaires de l’affaire. “Mon parquet a requis cet après-midi l’ouverture d’une information judiciaire du chef d’assassinat et de vol dans un local d’habitation. À l’issue de sa garde à vue, Monsieur Moulun a donc été présenté à un magistrat instructeur du tribunal judiciaire de Béziers et mis en examen pour ce crime et ce délit.”, a-t-elle expliqué.

Et de conclure : “De très nombreuses investigations doivent être encore menées, notamment concernant la personnalité de Monsieur Moulun qui devra faire l’objet en particulier d’expertises psychiatriques et psychologiques, afin de se prononcer notamment sur le discernement du mis en examen au moment des faits. Il sera également probablement ordonné par le magistrat instructeur des expertises médicales concernant la réalité et les conséquences des troubles neurologiques et de mémoire invoqués par Monsieur Moulun.”

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