Retour médiatique de François Fillon : Que retenir de son passage dans « Vous avez la parole » ? – 20 Minutes

François Fillon était l’invité de l’émission de France 2 — France 2
  • Près de trois ans après sa défaite cuisante à la présidentielle, François Fillon a fait son retour médiatique ce jeudi dans l’émission « Vous avez la parole », sur France 2.
  • L’ancien candidat à la présidentielle de 2017 a exclu tout retour en politique et clamé son innocence dans l’affaire des emplois présumés fictifs de son épouse Penelope, pour lesquels il sera jugé dans quelques semaines.
  • « Je vais pour la première fois, devant des juges impartiaux, pouvoir me défendre », a-t-il souligné.

Il a eu la parole, à lui seul. François Fillon était ce jeudi soir dans l’émission « Vous avez la parole » sur France 2. Exceptionnellement, la chaîne n’avait mis face à son invité aucun contradicteur politique ou membre de la société civile. La voix enrouée, l’ancien homme fort de la droite française a répondu pendant plus d’une heure aux questions des journalistes Léa Salamé et Thomas Sotto, principalement sur les affaires qui ont plombé sa campagne présidentielle en 2017 et pour lesquelles il sera jugé fin février.

Venu « pour défendre l’honneur de [sa] femme et [sa] famille », notamment son épouse Penelope dont l’« honneur a été déchiqueté dans cette affaire », François Fillon a clamé son innocence, et exclu tout retour en politique.

Un accusé combatif

A un mois de l’ouverture de son procès devant le tribunal correctionnel de Paris, François Fillon a rejeté toutes les accusations qui pèsent sur lui. « Je ne peux pas laisser ma vie politique, mon engagement disparaître derrière ce procès », et « je pense que je dois des explications aux millions de Français qui m’ont soutenu », a-t-il justifié.

François Fillon, son épouse Penelope et son ancien suppléant à l’Assemblée nationale, Marc Joulaud, seront jugés dans l’affaire des emplois présumés fictifs de Penelope Fillon, pour lesquels elle aurait touché plus d’un million d’euros entre 1998 et 2013. Le couple, poursuivi notamment pour « détournement de fonds publics », devra aussi répondre de « complicité et recel d’abus de biens sociaux » pour un emploi en partie fictif à la Revue des Deux Mondes.

Sa défense sur les emplois présumés fictifs de son épouse

« Penelope a été ma première et ma plus importante collaboratrice. Dès le début nous avons travaillé ensemble, comme un très grand nombre de parlementaires », a-t-il assuré au sujet du travail de son épouse, « sur le terrain, dans la Sarthe », pour « gérer [son] agenda local, le courrier parlementaire, superviser ou corriger les discours ».

Il dit avoir fourni de multiples preuves de son travail effectif. « Douze collaborateurs, des membres du corps préfectoral, et des documents attestent du travail quotidien de mon épouse ». Mais « le juge d’instruction n’a même pas lu ces documents avant de me convoquer en vue de ma mise en examen », affirme-t-il. L’ancien député a en outre assuré que sa femme « était la plus diplômée de tous [ses] assistants », pour justifier son salaire de « 3.000 euros par mois en moyenne ».

Confronté à une interview filmée de son épouse, dans laquelle elle dit en anglais « n’avoir jamais été son assistante », François Fillon a invoqué une subtilité linguistique : « en anglais, le mot assistant parlementaire a un autre sens ». « Elle se dévalorise parfois par rapport à ce qu’elle peut faire (…) Elle a toujours refusé les honneurs, elle a toujours refusé de se mettre en avant », a-t-il complété au sujet de sa femme.

« Je n’ai pas été traité justement »

Le candidat malheureux, éliminé au premier tour de la présidentielle, a dénoncé une « procédure entièrement à charge ». « Je n’ai pas été traité justement. A la minute où cette affaire a été engagée par le Parquet national financier, il était décidé de m’empêcher de gagner l’élection présidentielle ». En gagnant la primaire, « j’ai sans doute déclenché des forces d’une très grande puissance », a-t-il affirmé, sans plus de précisions.

Mais plus tard dans l’émission, François Fillon a semblé moins convaincu de la thèse d’un « cabinet noir » déterminé à le faire chuter, comme il l’avait affirmé en 2017. « Il y a un livre, beaucoup d’éléments et surtout un fait. Comment imaginer que le Parquet national financier déclenche une enquête contre le favori de la présidentielle, quelques heures seulement après la publication d’un article, sans que le président de la République ne soit au courant ? » Mais il a conclu : « c’est fini, c’est derrière moi, je ne suis plus dans la polémique ».

Deux « erreurs »

François Fillon a concédé deux faux pas. D’abord sa phrase sur le général de Gaulle. « J’ai fait l’erreur de provoquer Nicolas Sarkozy avec cette phrase », a-t-il lâché, au sujet de cette pique, faisant référence implicitement à l’ancien chef d’Etat et ses affaires judiciaires, pendant un débat télévisé de la primaire de la droite. Cette punchline lui était ensuite revenue tel un boomerang, et François Fillon la regrette d’autant plus qu’il n’a « quasiment jamais attaqué les personnes en 40 ans de vie politique ».

Toujours au sujet de Nicolas Sarkozy, celui qui fut son Premier ministre assure n’avoir « jamais demandé » l’accélération de procédures contre lui dans l’affaire Bygmalion. « Si François Hollande dit ça, il ment ».

« J’ai fait une deuxième erreur, une sorte d’aveuglement […] en ne voyant pas que l’acceptation de ce cadeau [des costumes de luxe offerts par l’avocat Robert Bourgi] aurait un effet absolument désastreux ». Une « double erreur » selon l’intéressé, d’abord de « confiance » envers quelqu’un « qui ne la méritait pas », et ensuite d’« aveuglement en ne voyant pas » que cela « aurait un effet désastreux ».

Mais il n’est pas un homme d’argent, a-t-il assuré. « J’avais un patrimoine inférieur à celui de M. Mélenchon. Mon patrimoine se limite à ma maison, dans la Sarthe. Je n’ai pas d’appartement à Paris, pas de villa au bord de la mer, pas de Ferrari cachée dans la grange de ma maison », a-t-il dit.

Pas de retour en politique

Celui qui est devenu député à 27 ans en a désormais fini avec la politique. « Quarante ans c’est long », a-t-il justifié, et « j’ai entraîné ma famille dans une épreuve d’une violence inouïe et je n’ai aucune envie de les entraîner de nouveau dans cette violence ». Interrogé sur un éventuel mandat local, il a rétorqué avoir « tourné la page complètement », à 65 ans.

Désormais consultant dans un cabinet privé, il s’est même réjoui d’avoir « réussi une reconversion professionnelle qui pour moi est un succès ». Cela ne l’a pas empêché de commenter l’actualité politique, en plaidant pour le recul de l’âge de départ à la retraite.

Dans trois semaines, François Fillon sera au tribunal, « une épreuve à laquelle [il n’aurait] jamais imaginé être confronté ». Mais « j’espère que ce sera un procès équitable, j’ai confiance en la magistrature du siège ». « Ce que je demande c’est d’être jugé comme tout le monde, avec équité, a-t-il conclu. J’ai sûrement commis des erreurs. Mais il y a une chose que je ne peux pas supporter, c’est qu’on pense que je suis malhonnête, que j’ai cherché à tricher ou à tromper les Français. »

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