Réseaux mobiles : L’UFC-Que Choisir dénonce l’aggravation de la fracture numérique

Réseaux mobiles : L'UFC-Que Choisir dénonce l'aggravation de la fracture numérique

Quelques mois après le lancement de son speedtest maison, intitulé Queldébit, l’UFC-Que Choisir livre les premiers enseignements qu’il faut en tirer concernant la qualité des réseaux mobiles proposés au grand public comme aux professionnels. « Alors que l’Arcep, pour établir son classement, effectue des milliers de mesures dans tous les coins du pays, notre nouvel outil nous a offert la possibilité de récolter, en seulement quelques mois, de précieuses données sur les connexions mobiles des Français », précise en préambule l’association de défense des consommateurs.

« Le premier constat, c’est que les quatre réseaux mobiles disponibles en France n’offrent vraiment pas les mêmes performances. Globalement, celui d’Orange se situe nettement au-dessus de la moyenne », fait-elle valoir. Elle souligne le fait que le réseau de l’opérateur historique a proposé ces derniers mois les meilleurs débits selon les estimations issues de son application, et basée sur « des milliers de tests de débit », avec une moyenne chiffrée à 12,8 Mb/s en descendant et à 61,5 Mb/s en montant.

« Ces bons résultats ne nous ont pas réellement surpris. Il faut dire qu’avec ses près de 20 millions de clients en téléphonie mobile, l’opérateur dispose d’une force de frappe inégalable. Grâce à cet avantage décisif, il a pu déployer un grand nombre d’antennes sur l’ensemble du territoire et s’octroyer les fréquences les plus efficaces lors des enchères organisées par l’Arcep », fait valoir l’organisation.

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Orange prend le meilleur sur ses concurrents

Pour cette dernière, « les concurrents de ce leader incontesté se disputent les autres places du podium », même si, « en fonction des critères, l’ordre varie ». En ce qui concerne les débits, SFR s’impose comme le dauphin naturel d’Orange, avec des débits moyens chiffrés à 10,6 Mb/s en descendant et à 40,7 Mb/s en montant. La marque au carré rouge devance sur ce point Bouygues Telecom (avec des moyennes estimées à 11,1 Mb/s en descendant et à 36,5 Mb/s en montant), ainsi que Free, qui offre pour sa part des débits moyens s’élevant à 8,9 Mb/s en descendant et à 37,5 Mb/s en montant.

« S’agissant du temps de chargement des pages web, cette fois, c’est Bouygues qui distance SFR et Free », relève également l’association, pour qui les « trois challengers [d’Orange] se tiennent dans un mouchoir de poche ». L’UFC-Que Choisir invite toutefois le grand public à se méfier des chiffres et à lui préférer un tableau d’ensemble pour s’orienter dans les offres qui leur sont proposées.

« D’une part, il s’agit de moyennes nationales : en fonction de l’endroit où l’on se trouve, Orange peut très bien être dépassé par un concurrent. D’autre part, les écarts entre les réseaux demeurent globalement assez faibles. L’impact réel devrait finalement rester relativement limité, voire imperceptible », estime-t-elle.

Réseaux des villes, réseaux des champs ?

Pour l’association, l’autre enseignement à tirer des premiers résultats de son speedtest se trouve dans la mise en lumière de la fracture numérique qui touche l’Hexagone. « Un fossé sépare les villes et les campagnes en matière de performances », regrette-t-elle, chiffres à l’appui.

« Alors que le débit descendant moyen dont bénéficient les clients Orange résidant en zones urbaines s’élève à 79 Mb/s (mégabits par seconde), il n’est que de 41 Mb/s en zones rurales. Quant au débit montant, il passe de 16 à 9 Mb/s », souligne cette dernière à titre d’exemple. La fracture numérique entre territoires ruraux et urbanisés s’observe également en ce qui concerne les chargements de pages internet. « Selon nos propres résultats, chez Orange, c’est le cas de 89 % des pages web en zones rurales et de 96 % en zones urbaines, soit une différence de 9 points. Sauf que 10 secondes pour qu’une page web monte, c’est long », indique-t-elle.

Et d’enfoncer le clou en relevant que « cette disparité entre téléphonie des villes et téléphonie des champs n’est malheureusement pas près de disparaître, bien au contraire ». Et si, « comme l’affirme l’autorité des télécoms, les débits moyens augmentent partout en France […] force est de constater qu’ils ont tendance à grimper plus vite dans les régions urbaines que dans les espaces ruraux, ce qui aggrave un peu plus la fracture numérique entre les territoires ».

Vers une aggravation de la fracture numérique ?

« Le problème, c’est que les opérateurs ont beau se vanter de déployer la 4G dans les campagnes, ils continuent à consacrer la très grande majorité de leurs investissements à l’amélioration de leur service dans les régions denses », regrette l’association de défense des consommateurs. Parmi les explications avancées par l’organisation figure « l’explosion des usages gourmands en bande passante, tels que la vidéo ou la visioconférence ».

De fait, les réseaux fixes ne pourront à eux seuls suffire à pallier les “trous dans la raquette” des réseaux mobiles, alors même que la période de bascule du cuivre vers la fibre qui s’annonce au cours des prochaines années fait craindre à certains élus de territoires ruraux une aggravation de la fracture numérique dans certaines régions déjà en mal de connectivité. Quant aux solutions alternatives, comme l’internet satellitaire, son utilisation par les habitants des territoires ruraux demeure mineure.

« S’ils veulent ne serait-ce que maintenir leur qualité de service, ils n’ont d’autre choix que d’accroître les capacités des antennes existantes et d’en ajouter de nouvelles. C’est à ce prix qu’ils pourront toujours se targuer de proposer le meilleur réseau mobile », conclut l’UFC-Que Choisir. Aux opérateurs de jouer.

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