Republication des caricatures de Mahomet : Charlie Hebdo, courage ou provocation ? – France Culture

Depuis longtemps, les caricatures constituent un outil politique. Néanmoins, depuis juin 2019, le New York Times a décidé de cesser toute publication de dessins politiques dans son édition internationale. A la veille de l’ouverture du procès des attentats de janvier de 2015 et de la publication du Charlie Hebdo du 2 septembre, qui republie en une les caricatures de Mahomet qui avaient fait scandale en 2005, nous nous demandons avec Guillaume Doizy, historien des caricatures, si la caricature a quelque chose de particulièrement français. 

La caricature n’est pas une tradition française. Elle existe bien avant que le genre émerge en France. C’est avec des dessins particulièrement violents et virulents durant la Révolution française que s’ouvre une tradition dans le pays. Cette virulence a perduré jusqu’aux pages de Charlie Hebdo. Néanmoins, les caricatures qui font polémiques existent partout dans le monde. C’est surtout depuis 2005 qu’existe une sensibilité toute particulière par rapport aux caricatures, aussi bien dans le rapport de force de deux pays en concurrence que dans des questions de religion. Guillaume Doizy

Comme l’explique Guillaume Doizy, les caricatures visent à déstabiliser. Ceux qui les produisent pensent qu’elles contribuent à l’avancée d’une cause ou d’une idée, ceux qui les reçoivent craignent qu’elles leur nuisent. Selon l’historien, c’est pour cette raison que les caricatures tendent à susciter de violentes réactions. 

En termes de réactions, celles qui font suite à l’annonce par Charlie Hebdo de la publication des caricatures de Mahomet, la veille de l’ouverture du procès des attentats dont la rédaction de l’hebdomadaire satirique fut victime, semblent se ranger dans deux catégories. D’un côté, le courage du journal est salué, mais d’un autre, on s’interroge sur la portée de cette nouvelle publication qui peut être perçue comme une provocation. 

Je pense qu’il ne s’agit absolument pas d’une provocation. Il y a eu des morts, toute une rédaction touchée et blessée, qui a mis des mois, sinon des années à se reconstruire. Parler de provocation quand il s’agit de dessins qui sont devenus historiques, c’est presque être du côté des terroristes. Charlie Hebdo ne pouvait pas ne pas republier ces images : c’est bien au nom de la publication de telles images que depuis vingt ans, une extrême minorité d’islamistes radicaux veulent la peau de Charlie Hebdo et ont réussi à l’avoir en partie. Guillaume Doizy

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