Réouverture des boîtes de nuit : cafouillages et déceptions à l’entrée à cause du pass sanitaire – Sud Ouest

Par SudOuest.fr avec AFP

Les discothèques ont rouvert vendredi soir après plus d’un an de fermeture. Mais les fêtards venus profiter de ce presque-retour à la normale avaient parfois oublié qu’un pass sanitaire était indispensable pour entrer.

Ils s’étaient mis sur leur trente et un pour leur première soirée en boîte depuis mars 2020, certains avaient même réservé, mais des fêtards n’ont pas pu rentrer vendredi soir en discothèque faute… de pass sanitaire valable, condition sine qua non de la réouverture.

« Avant, on avait peur de se faire recaler en boîte. Maintenant on a peur de se faire recaler à cause du pass sanitaire », dit François, 24 ans, à Paris, devant le Sacré.

C’est l’agitation à l’extérieur. Laurent, 48 ans, cadre dirigeant, est arrivé avant minuit pour être sûr d’avoir une place parmi les 300 personnes autorisées, la jauge étant fixée à 75% de la capacité habituelle.

« Ce soir, ça va être magique », assure-t-il. « C’est comme si on était des ressorts coincés depuis longtemps, et là ça va lâcher. »

Mais son ami Lionel n’a pas son pass sanitaire et ne peut rentrer.

Vaccination complète ou test négatif

Le gouvernement a décidé qu’il fallait présenter une preuve de vaccination complète depuis au moins 14 jours, un test PCR ou antigénique négatif de moins de 48 heures, ou une preuve d’une contamination au Covid entre six mois et quinze jours plus tôt.

En pratique, l’affaire est compliquée. Les agents de sécurité refusent les captures d’écran de test négatif, par peur de la falsification. En l’absence de QR code, ils demandent le mail du laboratoire avec le résultat… Trente minutes après l’ouverture, seuls quelques dizaines de clients ont pu entrer.

« On ne sait pas combien de temps ça va prendre, c’est nouveau pour nous », assure Martin Munier, le gérant.

Pour résoudre le problème, alors que seulement 21% des 18-29 ans – cible privilégiée des boîtes – sont complètement vaccinés, le Sacré a fait installer une tente dans la rue pour tester en 15 minutes, en partenariat avec une pharmacie.

Ces scènes se reproduisaient dans toute la France, devant les discothèques qui ont effectivement rouvert — seulement 30%, selon le ministre de la Santé.

Les plus petites ont souvent jugé inutile de rouvrir à moins de 100%, ou préféraient conserver la totalité de leurs aides publiques.

Il faut dire que la réouverture, tant réclamée par la profession qui avait accepté le principe du pass sanitaire, tombe mal, alors que le très contagieux variant Delta est en passe de devenir majoritaire. Le membre du Conseil scientifique Arnaud Fontanet a redit vendredi le consensus médical sur les lieux clos et mal aérés : les discothèques sont « clairement un endroit à risque par rapport à l’émergence de ce variant ».

Retrouver « le goût de la vie »

Au Mistral, boîte historique d’Aix-en-Provence, l’entrée – sur réservation – est fluide, tout le monde a son pass et « on retrouve le goût de la vie », sourit Lucie, une cliente. « On est bien. Les filles sont belles, on danse, on est libres, enfin libres », savoure Gérard.

A Bordeaux, le public des boîtes de nuit est arrivé par petits groupes, et ce n’était pas l’affluence des grands soirs.

Devant Le Monseigneur, où des policiers sont passés voir le déroulement des contrôles à l’entrée, les cinq vigiles envoient des files de fêtards sans QR code à la pharmacie de garde pour réclamer des tests antigéniques.

« Ce n’est pas évident à gérer », reconnaît le patron, Sébastien Labeyrie, « intraitable » sur le pass sanitaire.

« Il y a des gens qui nous ont dit ‘je n’ai qu’une injection est-ce que je peux rentrer ?’ Et bien non, il faut les deux injections et les 15 jours d’intervalle ». « Ca ne va pas être simple ce soir, mais il faut bien se mettre en route et on est super content d’être ouverts quand même ! »

Des rumeurs se répandent déjà sur les discothèques plus ou moins souples à l’entrée.

A Toulouse, le Purple se classe parmi les plus strictes. « On va se fâcher, mais ils ne rentreront pas » sans pass, dit le directeur, Jean-Bernard Oggero. Il s’inquiète aussi d’un éventuel nouveau tour de vis d’Emmanuel Macron lundi. « Toute cette attente, l’achat de stocks de boissons… Si on doit refermer, ça va mal passer », souffle-t-il.

L’inévitable arrive quelques minutes plus tard : Lou Busby, assistante dentaire de 24 ans, est refoulée du Purple. Elle et ses amies ont faux sur toute la ligne: sa seconde dose date de moins de 14 jours, et ses trois amies ont fait leur test mercredi, donc hors fenêtre des 48 heures. « J’ai envie de pleurer, je suis dégoûtée », dit la jeune femme. « On ira dans un bar, tant pis ».

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